Wall Street rend une partie de ses gains hebdomadaires vendredi, les intervenants réduisant nettement leur exposition au risque à l'approche du weekend. Les flux de fonds indiquent un exode massif vers le cash, les fonds du marché monétaire enregistrant notamment des entrées de 259 milliards de dollars la semaine passée, c'est énorme. L'indice S&P500 (SPX) ne parvient pas à se maintenir au-dessus des 2600 points, son vieux compère le Dow Jones repasse pour sa part en-dessous de la barre des 22'000 points. Les volumes d'échanges reculent de près de 30% avec 13,6 milliards de titres échangés sur le NYSE (New York Stock Exchange). Sur la semaine, les indices d'actions réalisent une performance historique avec une avancée de 12,8% pour le Dow Jones et de 10,2% pour le SPX. En Europe on est plus mesuré comme de coutume, l'Eurostoxx50 grimpant de 7% et le SMI de 4,3%. Et dans ce contexte de rebond des bourses, on aurait pu s'attendre à un repli de la volatilité. Et bien il n'en est quasiment rien, l'indice VIX (volatilité du SPX) recule de seulement 0,76%, ce qui indique bien combien ce marché reste nerveux et fragile.

Pour en revenir à Wall Street, les secteurs des utilitaires et de la Pharma surperforment l'énergie et les valeurs de l'informatique. Les actions liées aux voyages sont sous pression et l'indice NYFANG recule de 3,2% mais parvient à se maintenir au-dessus de sa moyenne mobile à 200 jours. En parlant d'analyse technique, la pression sur Wall Street de vendredi est probablement à attribuer également à Leonardo Fibonacci, vendredi matin le retracement de 38,2% de la baisse du SPX du 19 février au 23 mars crevait les yeux. A suivre de près.

Le dollar reste faible, le dollar index DXY traite ce matin à 98,62, le Cable à 1,2408 et la paire eur/usd à 1,1091. Les investisseurs reviennent par ailleurs dans les bons du trésor US, le rendement du 10 ans baissant significativement à 0,67%. Le pétrole n'est plus que l'ombre de lui-même, le baril de WTI Light Crude flirte désormais avec les 20 dollars, en ce moment à 20,81 dollars. En résumé, les principaux acteurs de l'offre d'or noir sont totalement incapables de s'entendre sur une réduction de la production. L'Arabie Séoudite et la Russie ne s'écoutent plus et l'OPEP ne doit pas se réunir avant le mois de juin. Les réservoirs débordent et ce n'est pas sur la demande qu'il faudra compter pour digérer cette offre gargantuesque, Goldman Sachs estime que la demande a diminué de 26 millions de barils par jour la semaine passée. L'or reste relativement faible et traite à 1621 dollars par once. Dans la zone des 1500 dollars il sera probablement judicieux de revisiter ce thème.

Donald Trump prolonge sa recommandation de «distanciation sociale» jusqu'au 30 avril, la Chine injecte 7 milliards de dollars supplémentaires dans son secteur bancaire et coupe ses taux d'intérêts, la Banque Centrale Européenne (BCE) demande aux banques de suspendre leurs dividendes jusqu'en octobre, la France fait de même à l'intention des firmes qui on demandé l'aide de l'Etat. De son côté, la présidente de la Commission Européenne Ursula von der Leyen déclare n'exclure aucune option dans un éventuel plan de relance. En Angleterre, les règles de faillite vont être assouplies pour permettre aux entreprises en difficultés de continuer à commercer.

On s'y attendait, ça commence. La note de crédit du Royaume-Uni est abaissée chez Fitch à AA- avec une perspective négative, Fitch qui mentionne le volume de liquidités que le Trésor public anglais injecte actuellement dans l'économie. De son côté Moody's dégrade la note de l'Afrique du Sud à junk avec une perspective négative.  

Les Etats-Unis sont devenus le pays du monde affichant le plus grand nombre de cas de Covid-19. Le nombre de malades est ainsi passé d'environ 60'000 mercredi à plus de 100'000 vendredi soir, dépassant le nombre de cas détectés en Chine (près de 82'000), et l'épidémie n'est encore qu'à ses débuts outre-Atlantique, selon les experts médicaux. Pour mémoire, la Chambre des représentants a adopté vendredi le plan de soutien à l'économie de 2000 milliards de dollars, déjà voté par le Sénat mercredi.

La presse officielle chinoise rapporte que Xi Jinping a déclaré à son homologue américain que les deux pays, malgré leur rivalité, devaient «s'unir contre l'épidémie» de Covid-19. De son côté Donald Trump (qui a agacé Pékin en qualifiant le coronavirus de «virus chinois») parle d'une «très bonne» conversation téléphonique, et assure que les deux plus grandes économies mondiales «coopèrent étroitement». C'est très important, sans coopération internationale, le risque d'une longue récession augmente rapidement.

Aux Etats-Unis, le ralentissement brutal de l'économie, suite aux nombreuses mesures anti-Covid-19, commence à se mesurer dans les statistiques. Publié vendredi, le sentiment des consommateurs américains, mesuré par l’Université du Michigan est tombé en mars à son plus bas niveau depuis trois ans, à 89,1, contre un consensus de 90 et un niveau de 100,1 au mois précédent. Il s'agit de sa plus forte baisse mensuelle depuis octobre 2008, lors de la crise des «subprimes».

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent majoritairement dans le rouge, dans le sillage de Wall Street. Tokyo recule de 1,57% à la cloche, Hong Kong abandonne 0,66%, Shanghai rend 0,9% et Séoul traite à l'équilibre. Le future SPX traite en très légère hausse, notez qu'il a ouvert en recul de plus de 2%, échaudé par l'intention de Donald Trump de prolonger la distanciation sociale. Les indices européens sont indiqués en hausse d'un peu moins de 1%.

L'inflation préliminaire allemande en mars sera annoncée à 14h00, juste avant à 15h00 les chiffres de l'immobilier ancien aux Etats-Unis.

Novartis teste plusieurs produits contre le coronavirus, dont un antimalaria contenant de l'hydroxychloroquine. Ce matin Easyjet annonce avoir bloqué toute sa flotte à terre (grounding).

Et n'oubliez pas que, l'Europe étant passée à l'heure d'été, Wall Street ouvre à 15h30 à nouveau.