Gonet: l'actualité des marchés au 23 mars

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Nasdaq -3,8%, SPX -4,3%, Dow -4,5%, Russell -4,2%, SOX -3,2%, Eurostoxx +3,85%, SMI -1,8%.

Wall Street débute bien sa séance de vendredi et se prend une fois de plus les pieds dans le tapis. La séance des quatre sorcières se termine mal. Le rebond des places financières européennes ne parvient pas à contrebalancer les nombreux «lockdowns» (confinement à domicile de la population) parmi les états de l’union, dont les très emblématiques Californie et état de New York. Les Etats-Unis se retrouvent presque complètement à l’arrêt, tout comme l’Europe. Les volumes d’échanges augmentent encore avec 18,6 milliards d’actions échangées sur le NYSE (New York Stock Exchange), c’est énorme. L’indice S&P500 (SPX) clôture au plus bas de sa séance, il a abandonné 15% la semaine passée. Depuis le début du mois, le SPX recule de 23%, c’est plus que les 21,8% abandonnés en octobre 1987. Le vénérable Dow Jones a reculé de 35% depuis les hauts de février et l’indice des Transports (TRAN) en est à 40%. Etonnamment, la volatilité recule avec l’indice VIX (volatilité du SPX) qui revient à 66. Le pétrole abandonne 29% sur la semaine (WTI Light Crude), c’est sa quatrième baisse hebdomadaire d’affilée, on n’avait jamais vu cela. Evidemment, lorsque James Bullard, le patron de la Réserve Fédérale de Saint-Louis, déclare que le chômage pourrait atteindre 30% aux Etats-Unis au second trimestre et la croissance du PIB chuter de 50%, cela a le don de rassurer tout le monde...Et techniquement cela ne s’améliore pas. Le SPX a cassé son plus bas de décembre 2018 en clôturant à 2304,92 points vendredi. Son prochain support se situe autour des 2180 points avec un scénario du pire à 1850. La fameuse «sell exhaustion» que la plupart des traders attendent n’est pas encore là mais elle se rapproche à grand pas.

Ce matin l’or noir semble se stabiliser à 22,60 dollars le baril de WTI Light Crude, une conférence téléphonique a eu lieu vendredi entre les Etats-Unis et l’OPEP qui visait à discuter de la gestion de l’offre de brut.

Le tsunami de nouvelles du weekend rend une synthèse compliquée, notons cela dit que le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte demande aux firmes de la péninsule de cesser leurs activités, sauf si ces dernières consistent à «des chaines d’approvisionnement essentielles». Faible lueur au bout de ce long tunnel? On enregistre encore beaucoup de nouveaux cas d’infections et de décès mais les deux courbes se sont infléchies hier, à suivre de très près. En Chine, près de 90% des infrastructures majeures ont repris leurs activités, hors région de Hubei. 39 nouveaux cas ont été annoncés hier, tous importés. En Corée du Sud, on annonce le plus faible nombre de nouveaux cas depuis la fin février. La Chancelière allemande Angela Merkel se place en isolement, elle a été en contact avec un médecin qui a ensuite été infecté par le virus. Madame Merkel a aussi annoncé interdir les rassemblements de plus de deux personnes dans les espaces publics. En France, Emmanuel Macron aurait menacé vendredi de fermer la frontière avec le Royaume-Uni, d’après Libération. Au Royaume-Uni justement, où le premier ministre Boris Johnson menace ses concitoyens de les boucler chez eux s’ils ne respectent pas les mesures de distanciations sociales. Au Japon, la question d’un report des jeux olympiques est de moins en moins tabou.

Ce matin tout est à nouveau rouge sur mes écrans.

L’info qui fait mal, c’est que les parlementaires américains échouent pour le moment à s’entendre sur un complément au plan actuel de soutien à l’économie des Etats-Unis. Les démocrates du Sénat ont bloqué la tentative de Mitch McConnell de lancer un plan de sauvetage économique après que les dirigeants des deux chambres se soient opposés sur la façon de dépenser près de 2’000 milliards de dollars. Les deux parties veulent un accord mais divergent sur des points essentiels, notamment sur une tranche de 500 milliards de dollars qui pourrait aider les entreprises ou les gouvernements locaux. Le projet de loi pourrait donner au Trésor américain au moins 425 milliards de dollars pour apporter un soutien potentiellement beaucoup plus important aux emprunteurs. Le Sénat se prononcera à nouveau aujourd’hui à ce sujet.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices chutent entre 3 et 10%. Tokyo fait exception, l’indice Nikkei récupère sa journée de congé de vendredi et gagne 2%. Le future SPX recule de 3,7%, ce qui n’est pas si mal car il était stoppé à la baisse un peu plus tôt dans la nuit. Le marché a peut-être exagéré sa réaction à la nouvelle en provenance du Sénat des Etats-Unis, sachant que l’on ne peut envisager que les parlementaires ne s’entendent pas à court terme, à ce sujet du moins. En Europe, l’indice Eurostoxx est indiqué en recul de 3,8%. L’or et le pétrole sont recherchés, les bons du Trésor US aussi, le rendement de l’emprunt à 10 ans revient à 79 points de base. Les monnaies bougent beaucoup mais reviennent bien souvent à leur point de départ, l’euro traite à 1,0727 contre le billet vert, le dollar/yen à 110,20 et l’euro/suisse à 1,0552.

Cette semaine, hormis les courbes d’évolution du virus, nous aurons notamment droit à la fin du mois et du trimestre, au sommet des ministres des finances du G7, à la réunion de la Banque d’Angleterre, au PIB des Etats-Unis au quatrième trimestre et à des résultats de sociétés dont notamment Nike, Porsche, Paychex, Lululemon et KB Home.

Airbus supprime ses prévisions 2020 et va retirer sa proposition de dividende, Kering indique que son chiffre d’affaires au premier trimestre devrait baisser de 15% et que le deuxième trimestre sera aussi fortement affecté par le virus. Gucci, Balenciaga et Saint-Laurent se lancent dans la fabrication de masques. Boeing suspend son dividende et cesse son programme de rachats de titres propres. Facebook fait comme Netflix et va réduire son débit en Europe pour éviter une congestion du réseau. Walt Disney renonce à lancer Disney+ au mois d’avril en France, Amazon va se concentrer sur les commandes prioritaires (hygiène ou produits de base) en France et en Italie. BMW, Daimler et VW suspendent leur production aux Etats-Unis.

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