Gonet: l'actualité des marchés au 3 août

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Nasdaq +1,49%, Dow +0,44%, SPX +0,77%, Russell -0,98%, SOX -0,52%, Eurostoxx -1,06%, SMI -0,89%.

Wall Street termine la semaine sur une note positive, alors qu'une bande de géants technologiques soutient l’indice S&P500 (SPX) et compense les bénéfices décevants de certains industriels ainsi que des statistiques économiques US en toute petite forme. Le SPX clôture le mois de juillet avec un gain de 5,5%. Cela fait désormais quatre mois consécutifs que l’indice phare américain progresse, on n’avait plus vu cela depuis décembre 1998. L’indice Nasdaq100 (NDX) progresse de 7,4% sur la période pour sa part. C’est bien évidemment ce dernier qui prend la tête du peloton, comme d’habitude. Apple, Facebook et Amazon sont parmi les grands gagnants du jour avec des hausses de 10,5%, 8,2% et 3,7%, grâce à de solides bénéfices. La forme insolente des valeurs technologiques permet à tout un chacun d’ignorer la faiblesse de Chevron (CVX -2,7%), qui accuse une importante perte au deuxième trimestre, le ralentissement des voyages mondiaux ayant réduit la demande de carburant dans le contexte de la pandémie. Caterpillar (CAT -2.,85%) chute également après avoir annoncé que son chiffre d'affaires aux États-Unis a plongé de plus de 40% au cours du deuxième trimestre. 

C’est une semaine agitée de laquelle les indices sortent. Les investisseurs ont eu fort à faire en digérant les propos du patron de la Fed, Jerome Powell, un tsunami de résultats de sociétés, plutôt bons il faut le dire (d’un point de vue relatif) et des statistiques économiques fort vilaines outre-Atlantique. Été oblige, les volumes d’échanges diminuent, ce qui rend les indices plus maléables. De nombreux intervenants sont en vacances mais les mouvements se font tout de même. De plus tout un chacun attend de voir ce que les négociations entre démocrates et républicains donneront, qui ont échouent pour le moment à permettre de poursuivre les mesures de relance économique, privant du même coup de nombreux américains d’une aide bienvenue en cette période de vaches très maigres. Ajoutez à cela un dollar toujours faible, une élection présidentielle américaine qui  approche et vous obtenez un cocktail plutôt intéressant, principalement constitué d’incertitudes et de brouillard, avec un zeste de doutes. On sait que le marché déteste le manque de clarté plus que tout, que dire alors de la résilience des indices d’actions dans un tel contexte? C’est probablement encore et toujours du côté des banques centrales, Fed en tête, qu’il faut se tourner, elles qui inondent la planète de liquidités et tiennent le marché à bout de bras.

Le marché justement, qui reste demandé à la cloche de fin de semaine vendredi soir. On y observe des intérêts acheteurs pour 4,2 milliards de dollars, ce qui est vraiment bon, surtout que la rumeur circulait que les fonds de pension US avaient 35 milliards de dollars d’actions à vendre. Les indices terminent la séance au plus haut du jour, portés par Apple qui ignore de plus en plus la théorie d’Isaac Newton. 

La progression des mastodontes de la technologie cette fin de semaine est littéralement choquante. Prenez Apple (AAPL +10,47%). Sa décision de splitter ses actions n’est pas passée inaperçue, bien au contraire. Rien que vendredi, la firme de Tim Cook a ajouté 172 milliards de dollars à sa capitalisation boursière soit plus que la valeur totale de Nike ou McDonald’s, en un jour donc. À 1,82 trillion de dollars de capitalisation boursière, Apple rivalise désormais avec Saudi Aramco, la plus grande firme au monde en la matière. Et si on la compare au PIB des Etats-Unis, elle atteint 9% de ce dernier, ça laisse songeur…si on y ajoute Amazon (AMZN 1,585 trillion de dollars de capitalisation boursière), on atteint les 17% du PIB, ça laisse encore plus songeur…Et pour ceux qui douteraient encore que c’est la tech qui domine le monde, notamment boursier, voici les meilleures performances sectorielles de la semaine passée aux Etats-Unis: HardWare +11,7%, SemiCap +6,9%, Semis +4,8%, Réseaux Sociaux +4,2%, Internets +4,2%, Cloud +4,1%...

Hormis la forme insolente de la tech, dans les autres secteurs c’est un tout autre scénario qui se dessine. On constate des améliorations progressives des vaccins, mais le marché semble avoir fixé le prix à moyen terme. Le risque existe toujours d’une deuxième vague ou d'une première vague prolongée du virus, qui pourrait aggraver les tensions entre la Chine et les États-Unis. Les inquiétudes concernant la santé de l'économie américaine sont exacerbées par les dirigeants du Congrès et les responsables de la Maison Blanche qui ne parviennent pas à conclure un accord sur l'aide aux victimes du coronavirus. En termes de statistiques économiques, les dépenses de consommation, un indicateur crucial pour la trajectoire de l'économie dans les mois à venir, ont augmenté de 5,6 % en juin mais semblent avoir faibli ces dernières semaines. Rappelons ici que la croissance d’un pays dépend à plus de deux tiers de son consommateur. 

Le dollar continue de dériver et a connu sa pire baisse mensuelle par rapport aux majors depuis 2010 (-4,2%). La paire eur/usd traite à 1,1763 ce matin. L’or reste fort et traite à 1976 dollars par once ce matin, le niveau de 2000$ est en vue, pour le moment on fait une petite pause, état suracheté oblige. Pour ceux d’entre vous qui ont raté la hausse récente mais souhaitent tout de même monter dans le train, l’hebdomadaire Barron’s publie un article intéressant sur les solutions potentielles pour s’exposer au métal jaune. Le rendement de l’emprunt US à 10 ans a clôturé à un plus bas historique la semaine passée, à 0,52%, il se situe à 0,54% ce matin. La volatilité s’est stabilisée autour des 24 (VIX). 

Les nouveaux cas de coronavirus aux États-Unis remontent au-dessus de 70’000, alors que les décès quotidiens signalés ont atteint leur plus haut niveau en plus d'un mois jeudi, selon les données compilées par l'Université Johns Hopkins.

Sacrée Banque Nationale Suisse (BNS) ! Y en a point comme elle…Notre banque centrale publie régulièrement ses positions en actions américaines (elle en a l’obligation, contrairement aux positions prises dans d’autres marchés). Chez l’oncle Sam, la BNS détient 2466 positions en actions pour une valeur de marché de 120 milliards de dollars ! Les principales positions sont Apple, Microsoft, Amazon, Facebook et Alphabet, well done guys !

La chasse aux rendements continue et il n’échappe à personne dans ce contexte que le spread entre le SPX et les marchés européens d’actions est proche de son plus important écart historique. Il faut dire que la vieille Europe souffre cruellement de la sous-pondération des valeurs technologiques dans ses indices. En revanche, ses actions sont moins chères et paient de meilleurs dividendes que celles du SPX (en moyenne), à suivre.

Cette semaine la saison des résultats de sociétés touche doucement à sa fin, déjà 72% de la capitalisation boursière du SPX a publié. Nous suivrons par ailleurs notamment l’indice ISM US, les chiffres de l’emploi américain vendredi et, ce matin, une bonne nouvelle nous vient de Chine, où l’indice Caixin PMI Manufacturier est sorti à 52,8 au mois de juillet, contre des attentes à 51,1 et un chiffre précédent à 51,2.

Les résultats du second trimestre de HSBC sont inférieurs aux attentes. James Murdoch, en désaccord avec la ligne éditoriale du groupe créé par son père, quitte le conseil d'administration de News Corp. Marathon Petroleum vend son réseau de stations-service aux Etats-Unis à 7-Eleven pour 21 Mds$. Heineken a annoncé une perte nette de 297 millions d’euros au terme du premier semestre 2020. Thomas Gottstein, le directeur général du Credit Suisse, veut réduire les coûts de la banque de 2% à 3% chaque année. Dufry accuse 903,2 millions de francs de perte nette au 1er semestre, un peu moins que prévu.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent globalement dans le vert avec Tokyo qui progresse de 2,24% à la cloche, Hong Kong qui recule de 0,73%, Shanghai qui avance de 1,37% et Séoul qui grappille 0,16%. Le future SPX recule de 3 points, son alter ego du Nasdaq gagne 34 points et l’Europe est indiquée autour de l’équilibre à l’ouverture.

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