Gonet: l'actualité des marchés au 31 juillet

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

4 minutes de lecture

Nasdaq +0,43%, Dow -0,85%, SPX -0,38%, Russell -0,37%, SOX +1.96%, Eurostoxx -2,79%, SMI -1,73%.

Wall Street renvoie les ours (bears) dans leurs grottes et démontre une fois de plus combien elle est résiliente. Les indices commencent fort mal la journée en prenant acte de statistiques économiques américaines en ligne avec les attentes, mais tout de même calamiteuses. Le PIB US chute de 32,9% au deuxième trimestre, la consommation des ménages dévisse de 34,6% et les demandes hebdomadaires d’allocations chômage restent élevées. Il faut environ une heure au marché pour digérer cela et les résultats de sociétés, publiés ou à venir, reprennent leurs droits. Et dans ce contexte, c’est la tech qui endosse le maillot jaune et entraine les indices dans une remontée dont elle a le secret. On se positionne notamment dans les semi-conducteurs, qui réalisent un nouveau record historique, bien aidés en cela par Qualcomm, en hausse de 15% après ses résultats. L’indice S&P500 (SPX) termine sa séance en légère baisse, porté par ses composantes technologiques, de la communication et, dans une moindre mesure, de la consommation. 

Le dollar n’est plus dans les cordes, il est à genoux. L’indice Dollar Index (DXY) traite en-dessous de 93, son graphique hebdomadaire montre la formation d’un double top, ce qui lui ouvre techniquement la voie vers 87, voire 83. La paire EUR/USD en profite et traite à 1,1906 et est sortie par le haut de son canal baissier entamé en 2008, alors qu’elle traitait à 1,60 dollar. Cela lui ouvre de belles perspectives techniques. Le rendement de l’emprunt US à 10 ans traite à 0,53%, ce qui déplait fortement aux valeurs financières, le pétrole traite pile à 40 dollars le baril de WTI Light Crude et l’or est en forme olympique, l’once traite à 1’977 dollars ce matin, le tapis rouge vers les 2’000 dollars semble déroulé. La volatilité remonte légèrement, l’indice VIX (volatilité du SPX) clôture à 24,76. 

Après la clôture, les Big4 publient leurs résultats trimestriels et montrent une fois de plus combien ils sont devenus incontournables.

Apple (AAPL +5,7% en après-bourse) bat les attentes de 51 cents par action avec une croissance à deux chiffres pour les iPads, Macs, et les portables ; iPhones et services en tête des attentes, la firme annonce un fractionnement d’actions (split) à 4:1 et ne donne pas de guidance pour le quatrième trimestre. Dans une interview accordée à Bloomberg Television, le CEO Tim Cook déclare que la pandémie a probablement stimulé les ventes d’iPad et de Mac en raison de la multiplication des activités de travail et d’apprentissage à distance. Toutefois, la pandémie a également pesé sur les ventes d’iPhone et d’appareils portables

Amazon (AMZN +5,1%) bat les attentes et guide le troisième trimestre au-dessus du consensus ; les ventes du segment AWS (Amazon Web Services, le cloud) ont augmenté de 29% par an pour atteindre 10,81 milliards de dollars (légèrement en-dessous des attentes). Amazon fait état d’une hausse des ventes et d’un bénéfice record de 5,2 milliards de dollars, bien au-dessus des attentes des analystes. La pandémie de COVID-19 a suscité une forte demande pour le commerce de détail d’Amazon, bien au-dessus des niveaux normaux pour le deuxième trimestre, qui est généralement la période de l’année où les volumes sont les plus faibles. Les consommateurs continuent de passer des commandes d’épicerie en ligne, indique le directeur financier Olsavsky. 

Facebook (FB +6,1%) fait mieux qu’attendu et s’attend à ce que le nombre d’utilisateurs quotidiens et mensuels reste stable ou baisse légèrement dans la plupart des régions au troisième trimestre. La société est confrontée à un boycott de sa plate-forme par les annonceurs au cours du trimestre en cours, mais indique que ses revenus ont augmenté d’environ 10 % au cours des trois premières semaines de juillet. 

Alphabet (GOOG +0,7%) – bat les attentes mais enregistre sa toute première baisse de revenus annuels, les annonceurs ayant retiré leurs dépenses de ses plateformes au cours du trimestre de COVID. YouTube, en pleine croissance, a enregistré un chiffre d’affaires de 3,8 milliards de dollars, soit un gain de 6% par rapport à l’année dernière. Un autre point positif : L’activité de Google dans le nuage. Les recettes de cette unité ont presque doublé par rapport au même trimestre de l’année dernière, pour atteindre 3 milliards de dollars. Google signale une légère amélioration de la publicité en juillet et un «retour progressif» des recherches commerciales par les consommateurs.

Wow ! a-t-on envie de dire après la lecture de tels résultats. Et dire que plus tôt dans la semaine, les CEO de ces quatre firmes s’offusquaient devant une commission du Congrès que l’on puisse les considérer comme des ogres affamés de croissance, on a presque envie de leur présenter des excuses…

Pour mettre en perspective ce qui s’est passé hier soir après la clôture, les hausses combinées de ces quatre actions ont ajouté 200 milliards de dollars de capitalisation boursière au NYSE, ou environ une Novartis…Wall Street n’évolue pas sur la même planète que le reste du monde.

Selon le Washington Post, la Maison-Blanche et les démocrates sont loin d’un accord sur un cinquième paquet de mesures de lutte contre les coronavirus - le président Trump note que les deux parties sont «si éloignées» qu’elles devraient plutôt poursuivre un accord intérimaire axé sur les allocations de chômage et le moratoire sur les expulsions. Cependant, les démocrates ont à plusieurs reprises repoussé ce plan, le leader de la minorité Schumer bloquant justement un tel effort aujourd’hui, sous la direction du sénateur Johnson du GOP. Les inquiétudes concernant le budget continuent de s’intensifier. 

NBC News note qu’un certain nombre de sénateurs du parti républicain ont rejeté la suggestion du président Trump de retarder l’élection au-delà du 3-Nov (tweet). Le président Trump n’a pas l’autorité légale de retarder l’élection et le 20 janvier reste une date limite pour la fin du mandat actuel. Le sénateur Mitch McConnell lui-même déclare que les élections n’ont jamais été retardées malgré les guerres et les dépressions. Ces commentaires surviennent alors que Donald Trump est à la traîne du vice-président Joe Biden, avec un retard à deux chiffres dans un certain nombre de sondages nationaux. Selon www.realclearpolitics.com, Joe Biden mène dans les paris en ligne avec dans un rapport de 61 contre 37…

La pandémie de coronavirus ne faiblit pas. L’Italie rapporte 386 nouveaux cas hier, on n’avait pas vu cela depuis le 5 juin. Selon l’OMS, les jeunes semblent provoquer une augmentation des cas de coronavirus dans certains pays. Convaincre les jeunes du monde entier que le virus pourrait constituer un risque grave pour leur santé reste un défi pour l’OMS. Selon le Dr Maria Van Kerkhove, la majorité des jeunes ont tendance à présenter des formes plus légères de COVID-19, mais ce n’est pas toujours le cas. Les responsables de l’OMS avertissent que si le risque de décès d’une jeune personne est généralement faible, elle peut souffrir de symptômes à long terme même après sa guérison.

Aujourd’hui nous allons continuer de suivre les résultats de sociétés. Nous aurons aussi droit à la publication du PIB en zone euro. Aux Etats-Unis les revenus et dépenses des ménages au mois de juin seront publiés à 14h30. A 16h ce sera le tour de l’indice du sentiment de l’université du Michigan. Ce matin en Chine, de bonnes nouvelles nous sont parvenues de l’indice PMI manufacturier, qui est ressorti légèrement mieux que prévu et reste en territoire d’expansion.

Les pertes de Ford au second trimestre sont plus faibles que prévu, malgré un chiffre d’affaires divisées de moitié. Le titre progresse de plus de 3% post-séance. Gilead perd du terrain après la clôture, malgré des objectifs annuels relevés, grâce au Remdesivir. Les résultats de Mastercard résistent mais n’enthousiasme pas les investisseurs. Nokia a dégagé 423 millions d’euros de bénéfice opérationnel au second trimestre, pour un consensus voisin de 290 millions d’euros. Procter&Gamble: le titre est stable en dépit de la publication de sa croissance la plus dynamique depuis près de 15 ans. Swiss Re accuse une perte de 1,1 milliard au premier semestre, conséquence de la pandémie. Ce n’est pas une surprise.

En ce dernier jour du mois de juillet, on peut s’attendre à un retour des volumes d’échanges. Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé avec Tokyo qui recule de 2.82% à la cloche, Hong Kong qui avance de 0,1%, Shanghai qui gagne 0,53% et Séoul qui rend 0,78%. Le future SPX progresse de 7 points et l’Europe est indiquée en hausse de 0,5% à l’ouverture.

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