Gonet: l'actualité des marchés au 28 août

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Nasdaq -0,34%, Dow +0,57%, SPX +0,17%, Russell +0,28%, SOX -1,34%, Eurostoxx -0,77%, SMI -0,67%.

Wall Street écoute sagement son maître de classe, qui lui murmure aux oreilles ce qu’elle voulait entendre. Je vous le détaille plus bas mais, en bref, Jerome Powell et ses collègues s’enlèvent la pression. La Fed va devenir plus tolérante avec la montée de l’inflation (l’inflation moyenne fixée à 2%), donc celle-ci pourra dépasser 2% de temps en temps. Cette nouvelle politique, plus souple permettra de ne pas monter les taux si l’inflation remonte un peu trop vite. C’est du grand art rhétorique, l’imagination des banquiers centraux épaterait certainement Neil Hannon. 

Dans la foulée de l’annonce, ça part dans tous les sens, le dollar commence par décoller, l’or se met en mode Space-X (bravo aux vendeurs réactifs sur la force, ce fut une fenêtre fort étroite), les actions font ce qu’elles savent le mieux faire, elles montent et les rendements obligataires repartent vers le nord. La première phase de « faisons vite quelque chose avant qu’il ne soit trop tard » étant passée, les intervenants se mettent à cogiter quelque peu et corrigent le tir. Commençons par le billet vert, qui repart vers le sud, le Dollar Index (DXY) revient à 92,60 et la paire EUR/USD traite à 1,1875 ce matin. De son côté, l’or revient à 1943 dollars par once, après avoir brièvement reniflé le niveau de 1976 dollars puis être revenu à 1920 dollars. Techniquement, le métal jaune pourrait bien avoir besoin de venir se reposer quelque peu dans la zone 1850 – 1870 dollars, avant de reprendre sa marche vers le nord. A ce propos, détenir de l’or dans un portefeuille prend toujours son sens. Au-delà de son rôle de valeur refuge, l’or continue de profiter des taux réels négatifs. Ce matin, le rendement de l’emprunt US à 10 ans est remonté à 0,77%, contre 0,64% hier après-midi. Mais le US Breakeven Rate à 10 ans, qui nous montre les attentes d’inflation dans le marché, est lui aussi reparti vers le nord, de 1,69% à 1,75% ce matin. Les taux réels sont donc de -0,98% à l’heure qu’il est, c’est à suivre de très près, le métal jaune y est fort sensible et, sans faire de jeu de mots scabreux, pas forcément si liquide que cela lorsque les mouvements accélèrent, stay tuned. 

Quant au marché des actions, il peine dans un premier temps à décider s’il aime ou pas ce que le patron de la Fed lui a dit. Mais au final de la journée, l’indice S&P500 (SPX) poste tout de même un (timide) record historique, emportant avec lui le vénérable Dow Jones, qui clôture au plus haut depuis sa chute du mois de mars. Le Dow parvient même à traiter brièvement en territoire positif sur l’année, durant la session, avant de finalement lâcher prise. C’est jour de congé hier pour les acheteurs en valeurs technologiques, l’indice Nasdaq100 (NDX) subit quelques prises de bénéfices, malgré Microsoft (MSFT +2,5%) et Tesla (TSLA +3,9%), qui atteignent toutes deux de nouveaux records historiques à la cloche. Microsoft, qui hier a un point commun avec Oracle et … Walmart ! Ces trois firmes sont citées par tout un chacun comme potentiellement acheteuses de Tik Tok, CNBC indique que Walmart s’associerait à Microsoft dans ce contexte. Tik Tok, c’est un peu le Lionel Messi de la cote, tout le monde veut l’acheter. Sauf que Messi cela fait 20 ans qu’on le connait, pas sûr que les prédateurs désignés du réseau social chinois connaissaient son existence il y a un an. Les valeurs financières reprennent des couleurs, accompagnées par les titres de l’immobilier et de la santé. 

Au registre des volumes d’échanges, ces derniers reprennent quelques couleurs mais restent relativement faibles. En revanche il y en a une qui fait son retour et dont on ne parle pas beaucoup, pas encore du moins, c’est la volatilité. L’indice VIX (volatilité du SPX), gagne encore 5% et clôture à 24,47, à suivre de près. 

Les statistiques économiques du jour passent totalement à la trappe, le monde de la finance étant scotché aux lèvres de Jerome Powell. Pourtant les demandes hebdomadaires d’allocations chômage sortent à 1’006’000 personnes contre des attentes à 1 million pile. Ça reste énorme, plus d’un million de gens qui perdent leur emploi en une semaine non? 

La Réserve fédérale américaine dévoile donc une nouvelle stratégie visant à ramener les Etats-Unis au plein emploi et à favoriser la remontée de l’inflation, des objectifs ambitieux dans une période marquée par une croissance et une inflation faibles, qui semblent appelées à persister. Concrètement, le nouveau scénario prévoit que la Fed visera une inflation de 2% en moyenne sur la durée, si besoin en laissant filer pendant «un certain temps» les prix à la hausse pour compenser des périodes d’inflation inférieures à l’objectif. La nouvelle déclaration s’engage aussi à faire en sorte que les Etats-Unis ne s’éloignent pas d’un «objectif large et inclusif» d’emploi maximal, une expression qui fait référence à l’égalité raciale et à son rôle dans la croissance économique. La Fed reconnaît toutefois que «les risques à la baisse sur l’emploi et l’inflation ont augmenté» et promet d’utiliser «tous les moyens» à sa disposition pour atteindre ses objectifs. Ce changement de cap intervient au moment où l’économie américaine est en récession, où plusieurs dizaines de millions d’Américains sont sans emploi en raison de la crise du coronavirus et où la campagne pour l’élection présidentielle du 3 novembre, qui bat son plein, est marquée entre autres par des tensions liées aux inégalités sociales et raciales. La nouvelle stratégie de la Fed pourrait la conduire à maintenir des taux quasi nuls plus longtemps encore qu’anticipé jusqu’à présent, même si elle ne s’engage pas explicitement sur ce point. Jerome Powell précise que la nouvelle approche en matière d’inflation ne serait pas dictée par une formule mathématique explicite.

Aujourd’hui les indices de confiance européens (11h00) précèderont aux Etats-Unis la consommation et les revenus des ménages et les stocks des grossistes (14h30), l’indice PMI de Chicago (15h45) et l’indice du sentiment des consommateurs de l’Université du Michigan (16h00).

Breakfast confirmé? Les résultats de Tiffany, qui ont mieux résisté que prévu au second trimestre, constituent un argument pour le maintien de l’offre de rachat de LVMH dans les conditions initiales, selon les analystes. Volkswagen a prévu d’émettre une obligation verte d’1 milliard d’euros en septembre. Bayer concède l’existence d’obstacles dans la mise en place de l’accord à 11 milliards d’euros conclu avec une majorité de plaignants dans le dossier Roundup aux Etats-Unis. Roche ferme son unité de production Diabete Care à Puerto Rico. Tencent propose 1,5 milliard de dollars en numéraire pour racheter Leyou Technologies. Les États-Unis achètent pour 750 millions de dollars de tests rapides COVID à Abbott (ABT +7,8%). SGS acquiert le français Groupe Moreau.

Revenons un instant à la Fed. Sur les 120 derniers mois, l’inflation dite cœur n’a touché les 2% que 11 fois. Dans ce contexte, de nombreux économistes ironisent en indiquant que la Réserve Fédérale ne va «vraiment vraiment vraiment pas augmenter les taux de sitôt» (ING), voire «jamais» (Robert Carnell) ou encore « quand les poules auront des dents» (l’excellent Anthony Bondain). Dormez tranquilles, braves détenteurs d’actions, la Fed est là, qui veille sur votre sommeil et vos stocks…

L’économie chinoise a accéléré sa croissance en août, devenant la première économie mondiale à sortir du marasme de COVID-19. Les premiers indicateurs montrent un secteur industriel et un marché boursier forts, ainsi qu’une meilleure confiance des entreprises et des ventes de maisons et de voitures. Le résultat final en juillet a également été plus robuste que ce qui avait été initialement prévu, grâce à de meilleurs indices de confiance des consommateurs dans la dernière partie du mois.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent dans le vert, à l’exception de Tokyo qui recule de 1,4% à la cloche, le premier ministre ABE démissionne pour raisons de santé. Hong Kong progresse de 1,63%, Shanghai de 1,44% et Séoul de 0,40%. Le future SPX progresse de 18 points et l’Europe est indiquée en légère hausse.

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