Gonet: l'actualité des marchés au 27 juin

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +0,04%, S&P 500 +0,16%, Nasdaq +0,49%, Russell -0,21%, SOX -0,28%, Eurostoxx -0,41%, SMI -0,58%.

Depuis 338 jours l’indice S&P500 (SPX) n’a plus enregistré de baisse de plus de 2% sur une séance. On n’avait plus vu un tel état catatonique du principal indice d’actions au monde depuis 2018, les plus jeunes traders d’entre nous naviguent sur un long fleuve tranquille, heureusement qu’il y a la draft NBA pour nous maintenir éveillés, ce matin le BBC Monthey rosit de fierté (well done Kyshawn George!).

Les indices boursiers européens ont le blues, l’ombre du premier tour de l’élection législative française grossit au-dessus du vieux continent, personne n’a idée de quelle sera la composition de l’Assemblée Nationale au matin du 8 juillet, en revanche tout le monde sait que rien ou presque ne sera comme avant. Le CAC40 perd 0,69% hier, il sous-performe l’Eurostoxx 50, le spread entre le 10 ans OAT et son alter ego le Bund s’écarte à nouveau un peu, à 77 points de base, tout cela ne respire pas vraiment la sérénité estivale. La bourse de Paris se replie hier pour la troisième fois en quatre séances.

La séance de trading de ce mercredi est calme, on en retient la force de la tech, portée par Amazon, dont l’action décolle de 4% et permet à la firme de Jeff Bezos de devenir la 5e firme de l’histoire à dépasser les 2'000 milliards de dollars de capitalisation boursière. Amazon est au cœur du développement de l’IA, via sa division AWS (Amazon Web Services, le cloud). Apple et Meta gagnent 2%, respectivement 0,5%, tandis que Nvidia s’offre un rebond de dernière minute et permet ainsi au SPX et au NDX de garder la tête hors de l’eau à la cloche.

La bonne tenue de la tech masque une fatigue émergente au sein de la communauté des taureaux. L’optimisme des petits porteurs (dumb money) semble caler alors que les indices traitent proches ou à des niveaux records. Historiquement cela n’est pas vraiment encourageant pour la suite des événements. Prenez l’indice S&P500 équipondéré (SPW) qui abandonne 0,36% hier, alors que le SPX gagne 0,16%. Ce phénomène se répète régulièrement depuis quelques temps et nous dit que les généraux sont de plus en plus isolés sur leur colline, l’armée rechignant à les y rejoindre, c’est un peu gênant vous en conviendrez. Ajoutez à cela une volatilité au tapis (le VIX à 12,55), un ratio put call qui recule encore à 0,54 et l’été qui s’installe (c’est une image je sais) avec le ralentissement de l’activité de trading que cela implique, ce qui rend les cours plus manipulables que d’habitude et vous obtenez un marché quelque peu fragilisé, du moins en théorie car dans les faits le marché semble n’avoir peur de personne.

Sur le front obligataire, le rendement de l’emprunt US à 10 ans remonte à 4,34%, il fait désormais face à ses résistances de 4,35% (moyenne mobile à 200 jours) et 4,36% (100 jours). Le dollar est bien entouré, le Dollar Index (DXY) remonte à 105,89, sa 50 jours évolue à 105,17, sa résistance à 106,51 (le plus haut de la séance du 16 avril). Côté Fed Funds, on persiste à prédire deux baisses de 25 points de base chacune par la Fed cette année encore. L’or se bat avec le niveau de 2300 dollars l’once, si ça casse on regardera ensuite 2252 dollars, c’est là que se situe actuellement la 100 jours. Le pétrole se stabilise à 80,86 dollars le baril de WTI Light Crude, il y a embouteillage de moyennes mobiles entre 79,93 dollars et 79,44 dollars, des niveaux qui seront compliqués à casser d’un point de vue technique.

Après la cloche de fin de journée, Micron se prend les pieds dans le tapis et chute de 8%, la firme publie des chiffres plutôt solides mais il manque ce petit quelque chose qui fait que tout un chacun écarquille les yeux et salive, par l’odeur de l’intelligence artificielle alléché.

Au chapitre macro-économique, les ventes de logements neufs aux Etats-Unis manquent les attentes au mois de mai, bien que les trois mois précédents aient fait l'objet d'une importante révision à la hausse et que le nombre de mois d'approvisionnement ait continué d'augmenter. Le débat présidentiel de ce soir et la publication demain de l'inflation américaine de base PCE seront les points forts de la semaine sur le plan macroéconomique.

Les plus grandes banques de Wall Street passent avec succès le test de résistance annuel de la Fed, ouvrant la voie à une augmentation de la rémunération des actionnaires. L'ensemble des 31 prêteurs évalués restent au-dessus de leurs exigences minimales en matière de fonds propres, indique la banque centrale. JPMorgan annonce que les résultats du test est plus positif que ses propres prévisions.

L'ancien président français François Hollande indique qu'il est prêt à former une nouvelle coalition si les élections débouchent sur un parlement sans majorité. Il déclare qu'il revient sur la scène politique pour empêcher Marine Le Pen de prendre le pouvoir.

Au menu macro-économique du jour, la masse monétaire M3 (10h00) et la confiance économique en zone euro (11h00) précéderont aux Etats-Unis les commandes de biens durables, le PIB annualisé, les nouvelles demandes d'allocations-chômage et les stocks de grossistes (14h30), puis les reventes de logements (16h00).

Novo Nordisk rate aussi des choses: dépréciation de 764 millions d’euros après un échec dans l'hypertension. La division pharmaceutique de Bayer prévoit de supprimer d'autres postes de direction. BlackBerry bondit de 8% hors séance après ses trimestriels. Carlyle et KKR remportent les enchères pour 10 milliards de dollars de prêts étudiants auprès de Discover Financial, selon le FT. Tesla ne devrait plus vendre davantage de véhicules électriques que tous ses concurrents cumulés aux Etats-Unis, une première en six ans. McDonald's tire un trait sur son expérience de burgers «végétaux» aux Etats-Unis. Un lanceur d'alerte avertit sur d'autres problèmes possibles sur des B787 de Boeing. SoftBank investit dans la startup de recherche Perplexity AI pour une valeur de 3 milliards de dollars, selon Bloomberg. La production mondiale de Toyota pour le mois de mai est en baisse, avec un déclin marqué en Chine.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse à l’exception du Nifty50 qui progresse de 0,64%. Tokyo abandonne 0,82% à la cloche, Hong Kong perd 2,09%, Shanghai rend 0,90% et Séoul égare 0,29%. Le future SPX recule de 8 points et l’Europe ouvre en légère hausse de 0,2%.

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