Gonet: l'actualité des marchés au 25 juin

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +0,67%, S&P 500 -0,31%, Nasdaq -1,09%, Russell +0,43%, SOX -3,02%, Eurostoxx +0,89%, SMI +1,20%.

On se demandait quand cela allait se produire, c’est désormais en cours, Nvidia corrige, le titre a perdu 16% depuis son top de 140,76 dollars atteint le 20 juin, c’est-à-dire jeudi passé. Pourquoi donc la correction intervient-elle maintenant? Peut-être parce que la firme de Santa Clara avait dépassé Microsoft et Apple en capitalisation boursière un peu plus tôt dans la semaine. Ce crime de lèse-majesté n’est pas passé inaperçu, tout un chacun dans les chaumières faisant un parallèle avec Cisco Systèmes, qui avait elle aussi eu l’outrecuidance de dépasser la Reine Microsoft en 1999, avant de s’effondrer dès mars 2000, passant de 80 dollars à près de 10$ en un peu plus d’un an. La comparaison entre les deux sociétés s’arrête ici. Cisco s’était cassé la figure pour de bonnes raisons, son multiple cours / bénéfices estimés avait alors atteint le niveau stratosphérique de 131 en mars 2000, Nvidia en est à 45, c’est certes 11% au-dessus de sa moyenne des cinq dernières années mais bien loin de Cisco à l’époque, dont le chiffre d’affaires et la marge opérationnelle décéléraient à vitesse grand V en 2000, les principaux clients de la firme faisant face à de grandes difficultés de trésorerie. Résultat des courses, Cisco passe d’un profit de 3,2 milliards de dollars en 2000 à une perte en 2001! Chez Nvidia c’est une toute autre histoire, à la fin du trimestre d’avril, son chiffre d’affaires sur 12 mois était plus de trois fois supérieur à celui de la même période de l’année dernière, tandis que sa marge opérationnelle a plus que doublé au cours de la période pour atteindre 60%. On ajoutera un petit détail qui fait toute la différence, 40% des ventes de centres de données de l’entreprise proviennent de clients tels que Microsoft, Amazon ou encore Google, dont les poches sont si profondes qu’un problème de cash est simplement impensable à leur niveau. La bulle internet avait été financée par des dettes risquées, la croissance actuelle de l’IA ne l’est probablement pas et on ne peut certainement pas parler de bulle financière autour de Nvidia, une bulle de la demande en puces peut-être mais ça, c’est comme toujours l’avenir qui nous le dira.

On referme la parenthèse Nvidia pour constater avec un certain soulagement que le reste du marché se porte ma foi fort bien, les semi-conducteurs mis à part. On pourrait même écouter «trois vieux papis» de Richard Gotainer en lisant cette chronique, qui est sur le point de prendre une tournure archaïque saupoudrée de sépia. Le Nasdaq100 (NDX) se prend les pieds dans le tapis, le SOX (semi-conducteurs) se prend un râteau en pleine figure et pendant ce temps-là ce bon vieux Dow Jones gagne près de 0,7%, porté par l’absence de Nvidia et par les financières comme Goldman Sachs, JP Morgan Chase, la santé (United Health, Amgen), le pétrole (Chevron), la consommation (Walmart, Coca-Cola) et les télécoms (Verizon). Tout cela fleure bon «Retour vers le futur» à plein nez, il suffisait en fait hier de ne pas acheter de titres terminant par «com» (Broadcom, Qualcom, Swisscom, attention il y a un piège). Le marché arbitre donc la faiblesse de Nvidia et ses pairs et ça, c’est une sacrée bonne nouvelle, on ne jette pas les puces avec l’eau du bain, ce qui indique une sérénité certaine, d’ailleurs la volatilité ne sourcille guère, le ratio put calls recule un chouia et le dollar se replie, permettant à la paire EUR/USD de remonter à 1,0727. L’appétit au risque reste présent, comme l’illustre la clôture en hausse de 0,50% du SPW, l’équivalent du SPX mais à capitalisations boursières équipondérées. Le breadth (l’écart entre les titres en hausse et ceux en baisse à la clôture du NYSE) parvient même à rester légèrement positif sur le Nasdaq, tandis qu’il l’est clairement sur le SPX.

Ce qui se passe à Wall Street hier semble de bonne augure pour le marché en général, on redistribue les cartes pendant que les champions du moment redescendent sur terre, ou presque.

En Europe, le marché reste inquiet au sujet de l’évolution politique de la France. Le spread entre le 10 ans OAT et son alter ego le Bund évolue ce matin à 76 points de base, il se détend quelque peu. Hier le CAC surperforme légèrement l’Eurostoxx50, vivement le premier tour qui se tiendra ce dimanche, les sondages sont inutilisables selon un spécialiste qui intervient ce matin sur France Inter indiquant que la marge d’erreur en termes de sièges à l’Assemblée Nationale est de 150. Pendant ce temps-là, Emmanuel Macron déclare que les programmes des partis d'extrême gauche et d'extrême droite en France sont source de division et pourraient déclencher une «guerre civile». Le peuple n’en a cure, la seule question qu’il se pose ce matin est de savoir si le vengeur masqué Super Kylian sera sur le terrain ce soir, pour la guerre civile on verra plus tard.

Le marché obligataire américain est calme, un signe de plus que la peur n’a actuellement pas voix au chapitre sur les parquets de trading. Le rendement du 10 ans se stabilise à 4,24%, son support se situe à 4,19%, sa résistance à 4,35% (passage des moyennes mobiles à 100 et 200 jours). L’or aussi est calme, l’once évolue ce matin à 2327 dollars, elle semble capée par le niveau de 2341 dollars (50 jours).

Au chapitre de la macro-économie, des données récentes ont mis en évidence un certain ralentissement du marché du travail et des dépenses de consommation plus faibles que prévu. Toutefois, la plupart des économistes continuent de penser que l'économie croît à un rythme soutenu. La dernière série de données sur l'inflation était également encourageante, ce qui incite les opérateurs à parier que la Réserve fédérale pourrait réduire les taux d'intérêt au moins deux fois cette année (en septembre et en décembre). Goolsbee de la Fed de Chicago déclare que le ralentissement des données sur l'inflation ouvre la porte à une politique plus souple, mais espère toujours que la Fed gagnera en confiance sur l'inflation. Rien de nouveau de la part du gouverneur Christopher Waller, tandis que Mary Daly de San Francisco note que les données d'inflation en dents de scie cette année n’inspire pas confiance. Elle indique par ailleurs que le marché du travail atteint un point d'inflexion. Par ailleurs, un rapport de Bloomberg indique que la Fed propose une version plus faible de la réforme du capital des banques. Cette semaine sera plutôt calme du point de vue des données. Le point fort de la semaine devrait être l'inflation PCE ce vendredi. Le débat Biden-Trump de jeudi soir devrait également faire l'objet d'une attention particulière, tandis que l'offre du Trésor est également au centre des préoccupations avec les adjudications de bons à 2 ans, 5 ans et 7 ans.

Julian Assange envisage de plaider coupable dans le cadre d'un accord avec le ministère de la justice qui lui permettra de recouvrer la liberté après avoir passé cinq ans dans une prison britannique. Il retournera en Australie, mettant fin à son combat de dix ans avec les États-Unis au sujet de la publication de documents confidentiels par WikiLeaks.

Au menu macro-économique du jour, aux Etats-Unis, l'indice d'activité de la Fed de Chicago (14h30) sera suivi de l'indice des prix immobiliers de la FHFA (15h00) et des indices de la Fed de Richmond et du Conference Board (16h00).

Airbus réduit ses objectifs de livraison et retarde la production, notamment à cause de Spirit Aero. L'objectif d'Ebit 2024 passe de «6,5 à 7 milliards d’euros» à 5,5 milliards d’euros. Exxon Mobil et Air Liquide conviennent de soutenir la production d'hydrogène à faible teneur en carbone. UBS va vendre la majorité de sa participation dans la filiale chinoise de Credit Suisse à un fonds soutenu par Pékin. L'audition du PDG de Novo Nordisk devant le Sénat américain est prévue pour le 24 septembre. Novo Nordisk qui va dépenser 4,1 milliards de dollars pour renforcer sa production aux États-Unis. Enfin, Teva lance une version générique du médicament contre le diabète Victoza de Novo. La Fed allège sa réforme des fonds propres bancaires. L'offre de Boeing pour Spirit Aero valorise le fournisseur à 35 USD par action, selon Bloomberg. Le WSJ annonce lui que l'offre sera en titres. Le fabricant de véhicules électriques Rivian simplifie sa production, réduit ses coûts et vise son premier bénéfice. Paramount Global augmente les prix de ses offres de streaming. Apple et Meta ne discutent plus d'un partenariat dans le domaine de l'IA, selon Bloomberg. La société chinoise BYD lance un troisième modèle de véhicule électrique au Japon.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse, hormis en Chine où Hong Kong égare 0,18% et Shanghai perd 0,43%. Tokyo progresse de 0,95% à la cloche, Séoul monte de 0,35% et le Nifty50 avance de 0,22%. Le future SPX traite à l’équilibre et l’Europe ouvre en repli de 0,6%.

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