La semaine boursière écoulée est plutôt terne, le marché semble prendre un coup de vieux dès que Donald Trump repart en croisade rhétorique, il s’était abstenu de ce faire depuis quelques temps mais la tentation est trop grande en fin de semaine passée, au point de taper sur sa propre famille (Apple) puis de s’attaquer à l’affreuse Europe, encore plus vilaine que la Chine (je cite), pour finalement rétropédaler cette nuit, la planète entière est surprise comme rarement. Rien de bien nouveau sous le soleil donc mais le marché doit tout de même digérer la dégradation de la dette des Etats-Unis par Moody’s le weekend précédent, accompagnée par l’avancée du projet de budget du grand blond, qui agace et inquiète un marché obligataire aux aguets, la faible adjudication d’une émission de 20 ans US en semaine l’illustre parfaitement, on se méfie de plus en plus de la dette des Etats-Unis, on s’éloigne aussi progressivement de sa monnaie, Wall Street en prend acte et recule quelque peu, le S&P500 (SPX) abandonne 2,6% sur 5 séances, le Nasdaq fait de même et le Russell2000 (RTY, les petites capitalisations) abandonne 3,5%.
Notons que le SPX termine sa séance de vendredi à 5802 points, soit légèrement au-dessus de ses moyennes mobiles à 100 et 200 jours, qui évoluent actuellement à 5766 pts et 5773 pts, un support plutôt solide se trouve donc juste en-dessous du niveau actuel de l’indice. Son podium du jour se compose vendredi des utilities, des biens de consommation de base et de l’énergie. Les pires performances de la séance se situent dans la tech, les services de communication et la consommation discrétionnaire, l’aversion au risque est palpable Downtown Manhattan vendredi, la volatilité retrouve d’ailleurs quelques couleurs, le VIX gagne 10% à 22,29, il vient tester sa 50 jours en séance, elle évolue à 25,25 contre le top en séance de l’indice de la peur du SPX à 25,53. Cette défiance croissante envers les Etats-Unis se matérialise progressivement dans le cours du dollar, le billet vert traite ce matin à 1,1400, la paire poursuit donc son chemin vers le haut (pour l’euro), elle regarde désormais 1,1573, c’est le top en séance du 25 avril. Le rendement du 10 ans US évolue à 4,51%, rappelons que 4,50% et au-dessus constituent la zone de danger, le 30 ans traite aussi au-dessus de 5%, il se trouve à 5,04%.
Ce lundi sera extrêmement calme sur les parquets de trading, Wall Street nous fait faux bond (Memorial Day) tout comme Londres (Spring Bank Holiday), ce d’autant que la semaine sera courte, jeudi ce sera l’Ascension, de nombreux pays seront en congé, beaucoup feront le pont. C’est ballot, nous aurons pas mal de choses à digérer cette semaine, à commencer par les résultats trimestriels de la mère de toutes les actions, Nvidia publie ses chiffres mercredi soir après la clôture du NYSE. Nous nous concentrerons aussi sur les chiffres de l’inflation américaine (PCE) vendredi, on gardera une ligne ouverte en permanence avec qui vous savez, qui peut dégainer une absurdité menace à tout moment.
À ce sujet, il revient déjà sur ses propos de vendredi, il menaçait alors de taxer les produits européens à raison de 50%. Mais hier il parle au téléphone avec Ursula von der Leyen, la présidente de la commission européenne parle de «bon appel», pour sa part le grand blond évoque une «agréable conversation». Dans les faits, la menace de 50% de droits de douane passe du 1er juin au 9 juillet, dans l’intervalle les parties doivent négocier un accord.
Toujours partant lorsqu’il s’agit de faire plaisir au président, Neel Kashkari (Président de la Fed de Minneapolis) déclare que des changements majeurs dans la politique américaine en matière de commerce et d'immigration créent une incertitude pour que la Fed agisse sur les taux d'intérêt avant le mois de septembre. Le marché des Fed Funds lui-même a déjà revu ses attentes à la baisse, il prévoit désormais une coupe de 25 points de base par la Réserve Fédérale le 10 décembre uniquement et pas à l’unanimité (63%).
Du côté des matières premières, le pétrole est balloté entre les tensions géopolitiques (craintes notamment d’un bombardement d’installation nucléaires iraniennes par Israël) et une surabondance potentielle de l’offre, voulue par l’OPEP. Le baril de WTI Light Crude perd 1,4% sur la semaine écoulée, il traite à 61,76 dollars, sa prochaine résistance se situe à 63,52 dollars, c’est par là que passe sa 50 jours.
De son côté, l’or gagne près de 4% sur la semaine, l’once est de retour à 3334 dollars, la faiblesse du dollar l’y a bien aidé, en revanche les rendements obligataires élevés auraient dû freiner le métal jaune, il n’en a rien été, cela illustre combien l’aversion au risque est actuellement de retour.
Allez! On se penche sur les tops et les flops de la semaine passée: Snowflake grimpe de 9,27% après avoir présenté des résultats trimestriels meilleurs que prévu et ajusté à la hausse ses prévisions de revenus pour l’exercice 2025. Ryanair avance de 6%, malgré un bénéfice annuel en recul de 16%, grâce à des perspectives encourageantes pour la saison estivale, ce qui rassure les investisseurs face aux inquiétudes sur la conjoncture du transport aérien. Orange gagne 4,75%, portée par des spéculations sur une possible recomposition dans les télécoms, alimentées par des informations selon lesquelles Altice France chercherait à vendre sa part majoritaire dans SFR. Les valeurs des énergies renouvelables comme Vestas, Enphase et First Solar chutent de 21%, pénalisées par la poursuite de la politique défavorable de l’administration Trump, notamment à travers une réforme fiscale supprimant des avantages cruciaux pour le secteur. Les grandes marques du luxe, telles qu’Hermès, LVMH et Kering, perdent 8%, affectées par des chiffres de consommation en Chine inférieurs aux attentes pour le mois d’avril, ce qui alimente les doutes sur un marché déjà fragilisé. Julius Baer recule de 7,54%, après avoir inscrit une charge de 130 millions de francs suisses liée à des défauts sur des prêts immobiliers et privés, relançant les inquiétudes sur la solidité de son portefeuille de crédits. Enfin, Target cède 4,35%, après la publication de résultats jugés décevants, en raison d’une baisse de moral des consommateurs dans un climat économique incertain; par ailleurs, le fait qu’un tiers de ses produits proviennent de Chine accentue sa vulnérabilité aux tensions commerciales.
Trump déclare qu’il envisage «absolument» de nouvelles sanctions contre la Russie après les frappes massives lancées par Moscou à travers l’Ukraine. Il exprime sa frustration envers Vladimir Poutine, qu’il qualifie de «fou».
Adidas prévient d'une fuite de données de clients lors d'un piratage. Pirelli dans une situation risquée sans accord avec Sinochem, déclare son CEO au Corriere della Serra. Nvidia s'apprête à lancer une puce Blackwell AI moins chère pour le marché chinois après les restrictions américaines à l'exportation, selon Reuters. Le CEO Jensen Huang a par ailleurs estimé que la politique de réindustrialisation est «visionnaire». Oracle va acheter pour 40 milliards de dollars de puces Nvidia pour le centre de données américain d'OpenAI, selon le Financial Times. Donald Trump valide le principe d'un «partenariat» entre Nippon Steel et United States Steel. Les fournisseurs d'Apple comme Luxshare, Goertek et Lens Tech chutent sur la bourse chinoise après les menaces de surtaxation des produits Apple.
Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse hormis en Chine, où Hong Kong perd 1,15% et Shanghai égare 0,05%. Tokyo progresse de 1% à la cloche, Séoul avance de 2,02% et le Nifty50 prend 0,59%. Le future SPX traite malgré le jours de congé de Wall Street, il progresse de 1,14% suite au revirement de bord de Donald Trump vis-à-vis de l’Union Européenne, dont le marché ouvre en rebond de 1,6% pour la même raison.
Bravo à Novak Djokovic, qui réalise samedi au Gonet Geneva Open l’exploit de devenir centenaire à seulement 38 ans.