Donald Trump confond manifestement le bureau ovale avec Ford Boyard. Hier c’est au tour du président Sud-Africain d’y être piégé mais passons, pendant ce temps le marché obligataire, probablement un des seuls acteurs du globe capable de remettre le locataire de la Maison-Blanche dans le droit chemin, envoie son troisième coup de semonce depuis janvier, on perd patience et on s’inquiète de plus en plus sur les parquets de trading, les Etats-Unis n’ont toujours pas de budget et la volonté farouche du grand blond de baisser les impôts tout en important de l’inflation avec ses tarifs n’augure de rien de très bon. La dégradation de la dette des Etats-Unis le weekend passé, même si elle semble bien tardive, ajoute un peu de noir à un tableau budgétaire déjà bien sombre.
Les dernières nouvelles suggèrent que le «grand et magnifique projet de loi» de Donald Trump pourrait finalement être adopté, malgré l'opposition de certains membres républicains. Hier soir, après 22 heures de discussions, la commission des règles de la Chambre des représentants approuve le texte par 8 voix contre 4. Les responsables républicains doivent encore organiser deux votes avant de transmettre le projet au Sénat, où les débats s’annoncent encore longs. Reste à voir si cette avancée dans le processus législatif rassure les marchés. D’un côté, un blocage budgétaire enverrait un signal négatif, révélant des tensions politiques. De l’autre, l’adoption de la loi signifierait une hausse de la dette, ce qui compliquerait la gestion de l’économie américaine. Bref, il semble qu’en l’état le marché obligataire dise à qui vous savez: «pile je gagne, face tu perds», c’est pas gagné et le désormais ombrageux royaume des actions cherche en vain des saints à qui se vouer ces jours.
La défiance autour de la dette des Etats-Unis se faisait de plus en plus sentir depuis le 12 mai, hier elle passe à l’étage supérieur après que le Trésor a émis 16 milliards de dollars de nouvelles obligations à 20 ans, soit une petite partie des 514 milliards qu’il devra lever au cours du trimestre se terminant en juin. La dette est vendue à un rendement de 5,047% contre 5,035% de rendement sur le 20 ans US juste avant l’adjudication, un signe d’une demande faible et le marché d’extrapoler, qui envoie le rendement du 10 ans US à 4,58%, il teste en ce moment son top atteint dans en séance le 11 avril, s’il le traverse ensuite pas grand-chose ne le retiendra (techniquement parlant) jusqu’à 4,80% (top du 14 janvier). Pour sa part, le 30 ans casse les 5%, traite ce matin à 5,09% et voit sa prochaine résistance à 5,18%. Le fardeau de la dette des Etats-Unis s’alourdit donc encore un peu plus, une situation intenable à terme, le marché réclame un budget qui tienne la route à corps et à cris et sans tarder s’il-vous-plait, good luck Donald…
Repli prononcé et logique des indices d’actions Downtown Manhattan hier soir, dans des volumes plutôt faibles ceci dit. Le breadth est sans appel, il n’y a pas beaucoup d’endroits où se cacher pour les taureaux, le podium du jour du SPX se compose de l’énergie, des financières et de la tech. La volatilité se réveille, le VIX gagne 15% à 20,87, il semble avoir pas mal de place pour aller plus haut. Le marché des actions semble livré à lui-même, la saison des résultats trimestriels de sociétés touche à sa fin, la Fed a fait un gros pas en arrière, les Fed Funds s’attendent désormais à ce qu’elle baisse ses taux de 25 points de base en décembre, il y a peu c’était encore septembre. L’indice S&P500 équipondéré (SPW) perd plus de 2%, l’or repasse au-dessus des 3300 dollars l’once, l’aversion au risque est de retour dans les esprits. On ne sera donc guère étonné de voir Nouriel Roubini réapparaitre sur les plateaux télé, tel Nosferatu. Dans un tel contexte il est probablement urgent d’attendre, les lignes sont en train de bouger, réagir à court terme est bien souvent ravageur, l’attention du marché va se porter désormais sur les négociations autour du budget américain.
Le dollar reste faible, la paire EUR/USD traite à 1,1312, elle se stabilise dans ces niveaux, c’est à suivre.
Hasard du calendrier? Hier, Jamie Dimon alerte à nouveau sur le risque de stagflation aux Etats-Unis, le patron de JP Morgan Chase avait déjà sonné l’alarme sur Fox News juste avant que Donald Trump ne rétropédale sur ses tarifs. Le problème c’est qu’aujourd’hui le président des Etats-Unis doit faire passer un budget et n’est pas seul à bord pour ce faire.
Le Royaume-Uni exhorte le G7 à abaisser le plafond des prix du pétrole russe. Trump dit aux dirigeants européens que Poutine n’est pas prêt à arrêter les combats parce qu’il pense que la Russie est en train de gagner, rapporte le Wall Street Journal.
Trump prend Cyril Ramaphosa par surprise dans le Bureau ovale avec une vidéo affirmant qu’il y a un génocide contre les fermiers blancs. Le président sud-africain déclare qu’ils ont des discussions constructives à huis clos.
Au menu macro-économique du jour, les indicateurs PMI des grandes économies, notamment la France, l'Allemagne, la zone euro, le Royaume-Uni et les Etats-Unis. Outre-Atlantique, il y aura aussi l'indice d'activité nationale de la Fed de Chicago, les nouvelles demandes d'allocations chômage et les ventes de logements existants.
Nike s'apprête à augmenter ses prix la semaine prochaine et prévoit de vendre à nouveau sur Amazon. UnitedHealth chute à nouveau hier (UNH -5,75%) après des rumeurs de versements d'argent à des maisons de retraite pour réduire les transferts vers les hôpitaux. AT&T va racheter la division fibre de Lumen pour 5,75 milliards de dollars. Boeing accélère la cadence de production du B737 grâce à l'amélioration de la qualité et de la culture de la sécurité. Google va intégrer de la publicité à son moteur de recherche renforcé à l'IA. Walmart prévoit des suppressions d'emplois dans le cadre d'une restructuration visant à simplifier ses opérations. OpenAI s'attaque aux appareils connectés, avec le designer historique d'Apple. Samsung BioLogics se scinde pour séparer la fabrication de médicaments sous contrat et créer de nouveaux moteurs de croissance. Lenovo annonce une baisse de 64% de ses bénéfices au quatrième trimestre fiscal.
Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent tous dans le rouge, la bise vendeuse en provenance de Wall Street a atteint le continent. Tokyo perd 0,84% à la cloche, Hong Kong rend 1,31%, Shanghai abandonne 0,22%, Séoul baisse de 1,22% et le Nifty50 recule de 1,19%. Le future SPX traite autour de l’équilibre et l’Europe ouvre en repli de 0,6%.