Gonet: l'actualité des marchés au 1er avril

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Nasdaq -0,95%, SPX -1,6%, Dow -1,84%, Russell -0,45%, SOX -2,3%, Eurostoxx +0,77%, SMI +1,50%.

Wall Street semble fatiguée, on assiste à des désengagements de fin de trimestre dans les fonds passifs (ETFs) et de nouveaux shorts (positions vendues à découvert) apparaissent, dans des volumes d'échanges limités. Sur le trimestre, l'indice S&P500 (SPX) recule de 20%, sa pire performance depuis le dernier trimestre de 2008. Le Dow Jones fait encore «mieux» en abandonnant 23,2% sur la période. Le Nasdaq100 (NDX) limite la casse en reculant de 10,5%. On constate l'absence d'opérations de rebalancement de fin de trimestre. Le dollar rend du terrain après l'annonce par la Fed qu'elle lance de nouvelles opérations Repo qui permettront aux banques centrales d'accéder plus facilement au dollar, la paire eur/usd à 1,1027 ce matin. Le secteur de l'énergie tient la cote, porté par quelque espoir d'entente entre les principaux acteurs du marché de l'or noir. Du côté des perdants du jour, on retrouve les utilitaires, l'immobilier et les financières. Les utilitaires constituent un gros point d'interrogation depuis quelques jours. Vous aurez probablement noté que de nombreuses voix s'élèvent un peu partout pour repousser des échéances financières de toutes sortes, les loyers et les primes d'assurances notamment. Quid des factures d'électricité et de gaz?

Le rendement de l'emprunt US à 10 ans recule à 0,62%, on revient s'y réfugier, alors que la volatilité recule, l'indice VIX (volatilité du SPX) en baisse de 6,2% à 53,54, phénomène intéressant dans un marché des actions en baisse. Une autre valeur dite refuge est délaissée, l'or, qui glisse sous la barre des 1'500 dollars l'once, ce matin à 1587 dollar. Techniquement, le métal jaune peut venir revisiter la zone 1500 - 1450 dollars. Le pétrole quant à lui a beaucoup de peine à se maintenir au-dessus des 20 dollars par baril de WTI Light Crude. Et pourtant Donald Trump se démène pour que Russes et Saoudiens se parlent, ce qui laisse le marché de marbre.

La lecture de ce marché est de moins en moins aisée. Le second trimestre de l'année débute aujourd'hui, qui nourrit l'espoir de fin de virus tout en alimentant les craintes les plus vives qu'une récession brutale ne nous prenne à la gorge. Et la principale incertitude réside dans la durée et l'intensité de cette récession. Les marchés semblent avoir intégré l'hypothèse d'une telle récession, mais espèrent que les mesures choc prises par les banques centrales, Fed en tête, et les gouvernements parviendront à amortir la crise et à créer les conditions d'une reprise économique rapide. En parallèle, il va bien falloir tenir compte du nombre croissant de firmes qui renoncent à distribuer un dividende et des entreprises qui commencent à sérieusement taper dans le marché pour se refinancer, Carnival Corp par exemple qui lance une émission obligataire de 3 milliards de dollars à un coupon de 12%, ça laisse songeur. Carnival chercherait à trouver jusqu'à 6 milliards, répartis en dollars et en euros. Pensez aussi aux nombreuses compagnies qui vont devoir reconstruire leur bilan au moyen d'une augmentation de capital.

L'évolution des Bourses dans les prochaines semaines dépendra de cette capacité de rebond de l'activité, qui est elle-même liée à la durée et à la gravité de l'épidémie de Covid-19, qui paralyse désormais l'économie américaine et mondiale, à l'exception de la Chine, qui a montré des signes de rebond de l'activité en mars.

Goldman Sachs s'attend désormais à ce que l'économie américaine se contracte de 34% en rythme annuel au Q2, contre une estimation antérieure de -24%. L’indice des indicateurs avancés du Conference Board pour le mois de mars est ressorti hier à 120 contre 132,6 en février, mais il est supérieur aux attentes du consensus (110). Il est calculé à partir de dix statistiques, comprenant notamment les commandes dans l'industrie, les demandes hebdomadaires d'allocation chômage, l'indice S&P 500, la confiance des ménages, ou encore l'écart de taux entre celui à dix ans et celui au jour le jour.

Aujourd’hui seront publiés les indices PMI et ISM manufacturiers pour mars aux Etats-Unis. Ces statistiques sont importantes, elles montrent quel est l'état d'esprit des directeurs d'achats des entreprises. Vendredi, ce sont les chiffres de l'emploi au mois de mars qui seront publiés, dévoilant l'ampleur de la crise du Covid-19, notamment sur le secteur de la distribution non alimentaire (grands magasins, chaine de prêt-à-porter etc…) dont les points de vente ont dû fermer pour cause de confinement.

Donald Trump exhorte le Congrès à approuver un nouveau plan d’investissement de 2000 milliards de dollars dans les infrastructures du pays (routes, ponts, aéroports...). Dans le même registre, la saison 4 de Casa de Papel débute ce vendredi sur Netflix...

Le temps est probablement venu où nous allons savoir si le rebond des indices observé depuis la semaine passée était un «Bear Market rallye», une hausse passagère dans un marché baissier, ou le début du rebond. Ce qui est déjà connu, c'est que la majorité des analystes techniques s'accordent à dire que le SPX pourrait venir revisiter ses plus bas avec un potentiel à 2080 points.

Xerox ne veut plus acheter HP, Adidas cesse de racheter ses actions propres, HSBC et Standard Chartered sont sous pression en Asie après avoir annoncé la suspension de leurs dividendes, Société Générale et Santander font de même.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices sont moroses avec Tokyo qui recule de 4,5%, Hong Kong de 2,7%, Shanghai de 0,5% et Séoul de 4%. Le future SPX recule de 3,6% et l'Europe est indiquée en baisse de 4%.

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