Pendant que les actions mèmes GameStop, AMC, Tupperware (si si…) et Hertz se prennent pour des Minions ayant consommé quelque substance légèrement illégale, le marché tente de rester sérieux et de se concentrer sur ce qui fait que la bourse va et vient pour des raisons valables qu’on a toutes et tous appris dans des écoles sérieuses, avec des profs sérieux et une logique implacable, et on verra bien ce qu’on verra bien en fin de compte. Et pendant ce temps-là, GameStop gagne encore 62.4%...

On redescend sur terre avec un marché qui s’offre de nouveaux records historiques par endroits hier, bien aidé par l’indice américain des prix à la production, qui ressort pourtant au-dessus des attentes au mois d’avril mais le chiffre de mars est considérablement révisé à la baisse et, en grattant sous la surface de cette statistique, on réalise que certains des composants du PPI ayant de l’influence sur le CPI (l’indice des prix à la consommation qui sera publié cet après-midi), sont plus faibles que prévu. Ajoutez à cela un discours de Jerome Powell, le MC en chef de la Fed, qui déclare hier que la banque centrale des Etats-Unis maintient une position attentiste sur la question de savoir si et quand elle peut abaisser les taux d'intérêt. « Nous allons devoir voir où en sont les données sur l'inflation », indique M. Powell, ajoutant qu'il s'attend à ce que le niveau des prix continue à baisser. Rien de très faucon à signaler dans les mots du premier banquier du monde donc, le marché ronronne d’aise et se remet à acheter des obligations du Trésor américain, ce qui a pour effet de faire reculer le rendement du 10 ans de 4.50% hier après-midi à 4.42% ce matin. Dès lors le tapis rouge est déroulé pour une séance de détente générale, le dollar en prend acte et va au coin, la paire eur/usd remonte à 1.0831, elle est en train de casser sa moyenne mobile à 100 jours s’ouvre la voie vers 1.0885, puis potentiellement 1.0900. Le Dollar Index repasse en-dessous de 105.00, la configuration technique du billet vert se détériore, à suivre de près.

La pression acheteuse augmente à Wall Street, les indices clôturent proches de leur plus haut du jour et le Nasdaq100 (NDX) en profite pour s’offrir un nouveau record historique à la cloche, tandis que le S&P500 (SPX) n’est plus qu’à 0.5% du sien. Notons qu’en Europe le CAC40 Dividendes Réinvestis termine aussi sa journée à un niveau inexploré. La volatilité recule légèrement, le VIX égare 1.3% à 13.42, on rappelle son support à 11.81. Notons au passage que le sentiment des investisseurs est devenu très complaisant, comme l’illustre le PCR, le ratio Put Call des actions, qui recule à 0.53 et évolue très nettement en faveur des calls, les intervenants baissent donc significativement la garde. Dans la même veine, l'appétit pour le risque des gestionnaires de fonds atteint son niveau le plus élevé depuis la fin de 2021, selon l'indice S&P Global Investment Manager. L'enquête mondiale de Bank of America sur les gestionnaires de fonds, publiée hier, est la plus optimiste depuis 2½ ans. Côté marché obligataire en revanche, le sentiment évolue différemment, l’indice MOVE remonte encore, il indique un certain retour de nervosité chez les acteurs de ce marché.

Quoi qu’il en soit, le podium du jour du SPX se compose de la tech, de l’immobilier et des financières, les petites capitalisations tirent leur épingle du jeu, elles apprécient le repli des rendements obligataires, la tech chinoise souffre des résultats d’Alibaba (BABA -6.02%) dans des volumes d’échanges en forte hausse sur le Nasdaq et en repli ailleurs. Le breadth est sans appel avec 18 titres en hausse pour 10 en repli sur le Nasdaq, les ours ont beau aboyer, la caravane des taureaux passe, inéluctablement.

Un mot sur le marché suisse avec le SMI qui clôture à 11784 points hier alors que son récent top en séance du 13 mars se situe à 11799.91 pts. Ce matin l’indice évolue autour de 11822 pts, il tente de casser à la hausse, sa prochaine résistance se trouve à 12150 pts. Depuis le 1er mai, le SMI performe mieux que le SPX, le SXXP (Stoxx Europe 600), l’Eurostoxx50 et le CAC réunis. Seul le NDX fait légèrement mieux mais ce dernier est équipé de formules 1 alors que notre bon vieux SMI ne dispose que de gros tracteurs. Très belle performance que celle de mai donc et une question que l’on ose désormais se poser. Le temps des actions suisses serait-il revenu ? C’est en tous les cas ce que pense Julius Baer, à suivre de près.

La Chine envisage d'acheter des millions de logements invendus pour soutenir le marché de l'immobilier, selon l’agence Bloomberg. Les gouvernements locaux seraient invités à acheter des logements à des promoteurs en difficulté avec de fortes décotes, en utilisant des prêts accordés par les banques d'État. Le yuan offshore se renforce.

Au menu macro-économique du jour, après une seconde lecture de l'inflation française d'avril (sortie pile en ligne), place à la production industrielle en zone euro (11h00). Aux Etats-Unis, suivront l'indice des prix à la consommation d'avril, l'indice manufacturier Empire State et les ventes au détail (14h30), puis les stocks d'entreprises et l'indice du marché immobilier NAHB (16h00), avant les stocks de brut selon le Département de l'Energie (16h30).

RWE perd un quart de ses bénéfices au premier trimestre en raison de la chute des prix de gros. ThyssenKrupp réduit ses prévisions de chiffre d'affaires et de bénéfice net en raison de dépréciations d'actifs et d'une baisse de la demande. Vodafone annonce une hausse de 2% de son bénéfice annuel. Novo Nordisk teste ses médicaments amaigrissants (semaglutide et cagrilintide) pour déterminer s'ils permettent de réduire la consommation d'alcool et s'ils sont efficaces dans le traitement de la maladie alcoolique du foie, pour laquelle il existe peu d'options thérapeutiques. Roche déclare que la FDA approuve l'autotest HPV aux États-Unis. Google met de l'intelligence artificielle dans son moteur de recherche. xAI, la société d'Elon Musk, s'apprête à louer les serveurs d'IA d'Oracle pour un montant de 10 milliards de dollars, selon The Information. Petrobras perd un nouveau CEO : Jean Paul Prates aurait été "démissionné" par Lula, pour être remplacé par Magda Chambriard. Les actions de Paramount sous pression après que CNBC a rapporté que Sony repensait son offre. Les livraisons de Boeing au plus bas depuis le début de l'année en avril. Par ailleurs, les Etats-Unis estiment que le groupe n'a pas respecté l'accord sur les poursuites pénales concernant le 737 MAX en 2021. Sony flambe de près de 10% en séance après l'annonce d'un gros programme de rachat d'actions et d'une division de son titre. Xiaomi devient le 8e constructeur de véhicules électriques en Chine après le lancement réussi de la SU7. Honda réduit ses effectifs en Chine en procédant à 1700 licenciements, selon Nikkei.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en repli. Tokyo grappille 0.08% à la cloche, Hong Kong est fermée, Shanghai perd 0.82%, Séoul est aussi fermée et le Nifty50 égare 0.06%. Le future SPX traite autour de l’équilibre et l’Europe ouvre en hausse de 0.2%. L’or rebondit à 2362$ l’once et le pétrole reste englué en-dessous des 80 dollars le baril de WTI Light Crude.

La publication du CPI américain cet après-midi constituera probablement le passage macro le plus important de la semaine, le marché y a apparemment déjà placé beaucoup d’espoir, gare à toute déception…