Wall Street débute sa semaine timidement, on prend ses profits dans les salles de marché, le sentiment général se détériore légèrement, à moins que les robinhooders ne perdent quelque peu pieds dans ce contexte hargneux où la Chambre des représentants a entamé une procédure de destitution du président sortant Donald Trump, accusé d’avoir incité ses partisans à investir le Congrès la semaine dernière à Washington. Les marchés surveillent en parallèle la campagne de vaccination qui avance plus lentement que prévu et, dans les salles de marchés, on se prépare à la saison des résultats d’entreprises du quatrième trimestre, qui va démarrer en douceur cette fin de semaine.

Les banques centrales jouent le rôle principal de la hausse des indices d’actions depuis de nombreuses années. On compte sur elles dans le marché comme un nouveau-né compte sur ses parents. Dans ce contexte, les déclaration du patron de la Fed d’Atlanta, Raphael Bostic, qui indique penser à un «tapering» cette fin d’année si l’économie redémarre rapidement, ne passent pas du tout inaperçues. Certes, avec des «si», on mettrait Tesla dans une bouteille, mais la simple évocation du mot «tapering» peut faire trembler plus d’un taureau. Pour mémoire, le tapering désigne la réduction progressive de la politique d’assouplissement monétaire (quantitative easing) menée par la Fed depuis fin 2010. Il est probablement un peu tôt pour s’en inquiéter, en revanche rester attentif sur ce sujet ne coûte absolument rien.

Le marché semble fatigué, on hésite à acheter sur la faiblesse et on prend ses bénéfices dans les titres dits de valeur. L’indice NYFANG se prend les pieds dans le tapis et chute de 3,90%, entrainant une bonne partie de la cote avec lui. Les réseaux sociaux sont particulièrement visés, Twitter dévissant de plus de 6% et Facebook abandonnant 4%, après avoir banni Donald Trump. Au-delà du personnage concerné, l’inquiétude monte un peu partout que ces géants du numérique tentent de nous imposer de plus en plus leurs propres lois et donc incitent un peu plus encore le pouvoir législatif à les mettre au pas. Le sentiment se détériore quelque peu, mais l’aversion au risque ne revient pas en force, le rendement de l’emprunt US à 10 ans monte même encore un peu plus et traite à 1,15% ce matin. Le dollar reste tendanciellement faible, mais résiste, le Dollar Index (DXY) se maintient au-dessus des 90, son principal support se situe à 89,16. La paire eur/usd évolue à 1,2161. Le pétrole reste bien entouré et traite à 52,58 dollars le baril de WTI Light Crude. L’or se reprend quelque peu et revient à 1860 dollars par once. La volatilité repart vers le nord, l’indice VIX grimpe de 11,7% à 24,08.

Revenons à Washington DC. Donald Trump, qui avait appelé ses partisans à manifester au Capitole, a fini par accepter à demi-mot sa défaite à la présidentielle, tout en affirmant qu’il n’assisterait pas à la cérémonie de prestation de serment de Joe Biden, le 20 janvier. Selon Reuters, le FBI s’inquiète du risque de manifestations armées avant le 20 janvier. Face au risque de troubles liés aux actions de partisans de Donald Trump, la Garde nationale des Etats-Unis a été autorisée à déployer jusqu’à 15’000 membres à Washington pour contribuer au maintien de l’ordre lors de la cérémonie d’investiture du président élu démocrate et le Washington Monument sera interdit aux touristes. Du côté de la contre-attaque, c’est Nancy Pelosi qui s’y colle… comme d’hab! A noter qu’une éventuelle destitution de Donald Trump aurait pour intérêt de l’empêcher juridiquement de se présenter à un nouveau mandat présidentiel dans 4 ans.

Les investisseurs sont aussi focalisés sur l’évolution de la crise sanitaire et sur le nouveau plan de soutien très attendu de l’administration Biden. Le président élu a annoncé vendredi qu’il présenterait ce jeudi son programme économique, et a promis «des milliers de milliards» d’aide. La presse évoque un nouveau paquet de 3’000 milliards de dollars, qui ferait doubler environ le montant déjà injecté par l’Etat fédéral, en plusieurs étapes, depuis mars 2020 pour soutenir l’économie. Joe Biden s’est notamment dit favorable au versement d’un nouveau chèque d’aide de 1’400 dollars par Américain pour surmonter la crise actuelle. Ce montant s’ajouterait aux 600 dollars versés dans le cadre du plan a minima adopté avant Noël par le Congrès.

Les vaccinations quotidiennes aux États-Unis ont augmenté de 1,25 million par jour, un record. L’efficacité générale du vaccin développé par le Chinois Sinovac se situait entre 50 et 60% lors des essais réalisés au Brésil, indique UOL. Le président portugais Marcelo Rebelo de Sousa, 72 ans, est testé positif. La Nouvelle-Zélande renforce encore un peu plus ses mesures frontalières, la Malaisie déclare l’état d’urgence et retarde les élections, tandis que Singapour se prépare à ouvrir des centres de vaccination de masse. Les cas ont diminué au Texas, et la Californie a vu les hospitalisations augmenter à un rythme plus lent.

Un partenaire de second rang de la coalition au pouvoir en Italie envisage d’abandonner l’alliance, menaçant de faire tomber le gouvernement du Premier ministre Giuseppe Conte, indiquent des responsables. Matteo Renzi, leader du parti Italy Alive, envisage de retirer deux ministres du gouvernement dès ce soir, après la réunion du cabinet. Conte a besoin du soutien de Renzi pour obtenir une majorité au Sénat, mais le retrait de Renzi ne forcerait pas nécessairement une élection rapide.

L’indice du sentiment des affaires de la Banque de France et l’enquête JOLTS sur les ouvertures de postes aux Etats-Unis (16h00) sont au programme aujourd’hui.

Novartis prend la licence de Tislelizumab et se renforce dans l’immuno-oncologie. 11% de gains hier pour Eli Lilly après les résultats positifs d’un traitement contre Alzheimer. Sika affiche une croissance organique de 4,1% en 2020, avec une marge d’Ebitda de l’ordre de 14%, qui devrait remonter entre 15 et 18% cette année. Lonza a démarré la fabrication des composants pharmaceutiques du vaccin de Moderna sur l’une de ses nouvelles lignes de production.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent majoritairement en hausse. Tokyo grappille 0,09%, Hong-Kong progresse de 1%, Shanghai décolle de 2,2% alors que Séoul recule de 0,71%. Le future SPX récupère 11 points et l’Europe est indiquée en légère hausse à l’ouverture de 9 heures. «Turnaround Tuesday» en vue?