Gonet: l'actualité des marchés au 11 janvier

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

4 minutes de lecture

Nasdaq +1,03, Dow +0,20%, SPX +0,55%, Russell -0,25%, SOX -0,02%, Eurostoxx +0,62%, SMI +0,18%.

Wall Street semble insubmersible, rien ne la perturbe bien longtemps, les taureaux sont en charge downtown Manhattan. Les statistiques mensuelles de l’emploi déçoivent? et alors? La Maison-Blanche annonce la découverte potentielle d’une nouvelle variante du covid, 50% plus contagieuse que la première version?  tout le monde s’en fiche. Les rendements obligataires US sont en hausse? on verra ça plus tard.  Les indices S&P500 (SPX), Dow Jones et Nasdaq100 (NDX) clôturent tous trois vendredi soir à de nouveaux records historiques. Sur la semaine, le SPX progresse de 1.8%, Le Dow de 1.6% et le NDX de 1.7%. Mais la performance hebdomadaire à signaler ne se trouve pas là, c’est du côté du Russell2000 (RTY) qu’il faut regarder. Chapeau bas aux petites capitalisations américaines, qui progressent de 5.9% sur 5 séances. Le RTY est désormais parvenu à monter 8 des 9 dernières semaines. Ce phénomène s’explique assez facilement, le secteur technologique est sous-représenté dans cet indice. À la cloche, on observe des intérêts acheteurs pour 3.6 milliards de dollars, ça aide aussi.

L’appétit au risque reste présent, même au sortir d’une semaine complètement folle, qui aura vu la plus grande démocratie du monde vaciller. Le pétrole gagne 9% sur la semaine, porté par la volonté de l’Arabie Saoudite de réduire sa production, le baril de WTI Light Crude traite à 51,74 dollars ce matin. Le dollar se promène tranquillement au bord d’un précipice mais semble vouloir tenter un rebond, bien que restant sur une tendance baissière. Il faut dire que le différentiel de taux est en train de se retourner en sa faveur, phénomène pas anodin du tout et à suivre. Le Dollar Index traite à 90,35 ce matin, la paire eur/usd à 1,2188. La volatilité recule de 6% sur la semaine, l’indice VIX venant se poser à 21,56. Les métaux précieux sont sous pression depuis la deuxième moitié de la semaine passée. L’esquisse de rebond du dollar, la hausse des rendements obligataires, des actions et l’espoir d’un plan de soutien économique massif que l’administration Biden pourrait annoncer ce jeudi déjà, tout cela fait un peu beaucoup pour le métal jaune notamment, et pourtant les attentes d’inflation repartent à la hausse, allez comprendre… L’once d’or traite à 1845 dollars ce matin, elle est en train de tester sa moyenne mobile à 200 jours (1839 dollars), niveau très important et à suivre.

Cela devient lassant certes, mais il me faut encore une fois mentionner Tesla, qui grimpe de 7.8% vendredi et termine sa semaine en hausse de 25%. Le titre est relevé par Evercore ISI, avec ceci dit un objectif de cours à 650 dollars alors que TSLA clôture à 880 dollars...il se murmure dans le marché que la firme d’Elon Musk va lancer un modèle Y bon marché. La capitalisation boursière de Tesla s’élève désormais à 834 milliards de dollars, pour mettre cela en perspective, disons simplement que c’est le double de Walmart…

L'économie américaine, qui avait regagné depuis 7 mois un peu plus de la moitié des 20 millions d'emplois détruits en mars-avril, a recommencé à détruire des emplois le mois dernier. 140’000 emplois ont ainsi été perdus en décembre, alors que le consensus tablait sur une modeste création de 50’000 postes. Les chiffres des créations d'emplois ont toutefois été revus en hausse de 135’000 pour novembre et octobre combinés, et le taux de chômage s'est stabilisé à 6,7%. Le salaire horaire a en outre progressé plus que prévu, de 0,8% sur un mois et de 5,1% sur un an, contre +0,3% et +4,4% en novembre.

En résumé, Wall Street se porte comme un charme, je ne me souviens pas avoir jamais vu une telle dichotomie entre elle et Mainstreet. Les sujets qui portent les indices sont connus: le vaccin, les liquidités illimitées fournies par les banques centrales et les plans de relance économique mis en place par les gouvernements. Cette semaine va débuter sur une note prudente, il faudra tout d’abord reprendre son souffle, observer si qui vous savez tente un dernier baroud de déshonneur et se remettre aux fondamentaux, les résultats de sociétés US au quatrième trimestre vont commencer à tomber. C’est une sorte de mise en jambes à laquelle nous aurons droit cette semaine, avec notamment Blackrock, Delta, Taiwan Semi, Citigroup, JP Morgan, PNC Financial Services et Wells Fargo. Les analystes de tous bords s’attendent à des bénéfices en recul d’environ 12% par rapport à ceux de la même période un an plus tôt. Et, si tout va bien, dès le prochain trimestre cela pourrait s’améliorer car la comparaison sera nettement plus aisée, tout s’étant effondré au premier trimestre de 2020.

Et comme cette semaine sera peu chargée en statistiques économiques, nous allons pouvoir nous passionner pour La série du moment: «Nancy contre Donald». Nancy est super furieuse, Donald a envoyé ses sbires salir son bureau, alors elle contre-attaque et demande à Mike de destituer Donald, dès demain. Comme Mike ne va probablement pas s’exécuter, Nancy menace alors de lancer une procédure de destitution. Ceci dit ne nous emballons pas, il faudra convaincre un nombre certain de républicains pour que cette procédure arrive à son terme et, de plus, il reste très peu de temps pour ce faire. Nancy a probablement simplement envie de s’assurer que Donald ne reviendra pas dans quatre ans…en clair: Cette semaine, la Chambre votera la mise en accusation de Donald Trump pour ses actions encourageant ceux qui ont pris d'assaut le Capitole - à moins que le vice-président Mike Pence et le cabinet ne le destituent en utilisant le 25e amendement, déclare la présidente du Parlement Nancy Pelosi. Le vice-président Mike Pence n'aurait pas pris de mesures et le président n'a pas indiqué qu'il pourrait démissionner.  les investisseurs semblent ne prêter qu’une attention distraite à ce mauvais feuilleton, ils se concentrent sur le discours des banques centrales et les plans de relance, tant que l’argent coule à flots, tout va…

Dans un discours, le président élu Joe Biden promet vendredi un plan de soutien massif. «Le montant sera très élevé (...) Il s'agira de milliers de milliards de dollars», affirme-t-il depuis son fief de Wilmington, dans le Delaware. Selon les médias américains, Joe Biden préparerait un programme comprenant une nouvelle aide directe aux Américains, d'un montant de 1’400 dollars par personne, qui s'ajouterait aux 600 dollars déjà prévus dans le plan a minima adopté juste avant Noël. En outre, l'administration Biden préparerait un vaste «package» de 3’000 milliards de dollars, comprenant des grands travaux d'infrastructures, notamment pour favoriser la transition écologique.

Les compagnies américaines prennent des mesures très sévères à l’encontre du président sortant. Twitter bannit définitivement le compte personnel de Trump. Facebook interdit ses messages «indéfiniment». Apple et Google suppriment l'application Parler, populaire auprès des groupes conservateurs extrémistes et Amazon cessera d'héberger cette société. Citi, JPMorgan et Goldman mettent en pause leurs dons politiques. Stripe ne traitera plus les paiements pour le site web de la campagne de Trump.

Sur le front de l'épidémie, la situation se dégrade aux Etats-Unis ainsi qu'au Royaume-Unis, tandis que l'Europe continentale continue de renforcer ses mesures de restrictions (confinements, couvre-feu, fermetures d'établissements recevant du public... ) pour tenter de juguler l'expansion du nouveau variant du coronavirus, venu du Royaume-Uni, qui s'avère bien plus contagieux. Aux Etats-Unis (où le nouveau variant a désormais été détecté), un triste record de plus de 4’000 morts en 24h a été franchi jeudi, portant le nombre total de décès à plus de 366’000, pour 21,6 millions de cas confirmés. En Chine, où l'épidémie semblait avoir presque disparu ces derniers mois, l'apparition de nouveaux cas de Covid a entraîné le confinement, depuis jeudi, de Shijiazhuang, la capitale de la province du Heibei (non loin de Pékin), qui compte 11 millions d'habitants.

La Chine fait état cette nuit d'une inflation annuelle de 0,2% en décembre, alors que le consensus tablait sur une stagnation. Il n'y aura pas d'autres indicateurs macro-économiques aujourd'hui.
Les actionnaires d’HSBC demandent à la banque de réduire son exposition aux énergies fossiles. Selon Bloomberg, Intel discuterait avec Taiwan Semiconductor Manufacturing et Samsung pour externaliser la production de certains processeurs. Apple, Google et com suspendent l'application Parler. WhatsApp va partager davantage de données avec sa maison-mère Facebook, ce qui entraîne une vive hausse des téléchargements de l'application concurrente Signal. Baidu s'associe à Geely pour la voiture du futur. S&P relève à BBB- la notation crédit de Fiat Chrysler. NIO Limited lance une première berline électrique. Sulzer acquiert le suédois Nordic Water pour 128 millions de francs.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en léger repli. Tokyo est fermée, Hong Kong est inchangée, Shanghai rend 1,08% et Séoul abandonne 0,12%. Le future SPX recule de 20 points et l’Europe est indiquée en léger retrait à l’ouverture de 9 heures.

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