Wall Street réalise sa quatrième séance consécutive de baisse, sans mettre le feu au lac Michigan pour autant. Cela fait 1,2% de recul depuis son plus haut de la semaine passée pour l’indice S&P500 (SPX), «j’ai déjà vu ça!» dirait le commandant Turbo. Ceci dit, on sent bien que les investisseurs cèdent à une forme de pessimisme, les marchés sont embourbés, on craint un ralentissement économique général alors que les banques centrales semblent chaque jour un peu plus déterminées à refermer le robinet des liquidités. Le fameux «buy the dip» est en pause, l’hebdomadaire Barron’s a osé utiliser le mot tabou «stagflation» le weekend passé et la fin de l’année est pour dans 3 mois et demi. De nombreux portefeuilles réalisent des performances positives, qui pourraient inciter leurs détenteurs à réduire la voilure, ou tout au moins à ne pas prendre trop de risques dans la dernière ligne droite de l’exercice 2021. Et puis septembre n’est pas le meilleur des mois en termes de performances boursières, l’automne frappe à nos portes, le moral de tout un chacun en est altéré, il va falloir traverser octobre bref, quelles sont donc les raisons valables qui pourraient propulser le marché plus haut en l’état? Le TINA? Well pourquoi pas? Ce d’autant plus que la correction attendue par de nombreux ours a en fait probablement déjà eu lieu, au sein de certains secteurs, mais masquée par la très bonne tenue des FAANGs, dont le poids dans les indices est devenu gargantuesque. Gardons ceci dit en tête que le phénomène «buy the dip» n’est jamais très loin.

Les indices clôturent proches du plus bas de la séance mais le calme prévaut. La volatilité gagne 4,68%, le VIX clôture à 18,80, un niveau qui reste historiquement bas. Le rendement de l’emprunt US à 10 ans recule à 1,31%, après une fort surprenante émission par le Trésor US, qui rencontre un bid to cover de 2,49, on n’avait pas vu une telle demande depuis juillet de l’an passé. Notez que le 10 ans semble avoir rencontré un support sur sa moyenne mobile à 50 jours, qui se situe à 1,2950%. Le marché ignore les demandes hebdomadaires d’allocations chômage, qui atteignent un plus bas niveau depuis le début de la pandémie. Le dollar est stable, la paire eur/usd traite à 1,1829, l’or revient à 1803 dollars l’once et le pétrole recule à 68,71 dollars le baril de WTI Light Crude, pénalisé par l’annonce que la Chine a décidé de puiser dans ses réserves de brut pour atténuer la flambée des coûts énergétiques.

En termes de secteurs, le podium du jour du SPX est constitué de l’énergie, des financières et des materials. Les valeurs défensives, dont la santé, reculent, dans une ambiance de légère aversion au risque donc… Le secteur de la santé est plombé par les secteurs pharmaceutique et biotechnologique après la publication par l'administration Biden d'un plan de lutte contre les prix élevés des médicaments. BIIB -6% Biogen déclare être confronté à des défis à court terme pour le lancement d'Aduhelm, et «réexamine» son objectif de ventes pour 2021. Moderna +7,8% annonce des avancées significatives dans son portefeuille de programmes d'ARNm.

Joe Biden a souffert cet été suite au retrait des Etats-Unis d’Afghanistan et aussi de l’avancée jugée trop lente de la vaccination dans son pays. Le président des Etats-Unis tente de reprendre le contrôle des opérations en s’adressant à ses compatriotes sans prendre de gants: «Nous avons été patients. Mais notre patience a des limites, votre refus nous a tous coûté». Monsieur Biden s’adresse aux personnes qui refusent de se faire vacciner et ordonne aux grands employeurs privés d'imposer des vaccins ou des tests de dépistage du coronavirus. Le président exige que tous les employés de l'exécutif, les contractants fédéraux ainsi que les travailleurs de la santé soient vaccinés. Les employés fédéraux qui ne s'y plient pas peuvent être licenciés. Les employeurs pourront se voir infliger une amende de près de 14’000 dollars par infraction, indique un responsable. Le plan de M. Biden prévoit également de doubler les amendes pour les passagers des compagnies aériennes qui enfreignent les règles relatives aux masques. On le sait, aux Etats-Unis les Etats disposent d’un important pouvoir, la volonté de Joe Biden ne sera pas forcément exaucée. De plus, on craint dans les salles de marchés que, si les syndicats s'opposent à l'obligation de vaccination, cela oblige  les enfants à retourner à la maison pour l'apprentissage en ligne, ce qui contrecarrerait le plan de retour au travail des parents, et pénaliserait du coup la croissance économique du pays.

Joe Biden s’entretient par ailleurs au téléphone avec le président chinois Xi Jinping hier soir pour lui faire part de sa frustration face à l'impression que Pékin n'est pas sérieux dans ses discussions avec les États-Unis. Les deux chefs d’Etats discutent des questions pour lesquelles les intérêts des deux pays divergent et de celles qui convergent, indique la Maison-Blanche. M. Xi déclare que les liens bilatéraux devraient être remis sur la bonne voie.

Hier, c’est jour de Banque Centrale Européenne. La BCE maintient ses taux directeurs inchangés et annonce un ralentissement «modéré» de ses rachats de dette, ce qui ne surprend quasiment personne, sachant que l’institut d’émission a déjà réduit de 80 à 65 milliards d’euros ses rachats d’actifs PEPP depuis début août. La BCE relève ses prévisions de croissance et d’inflation, le marché réagit calmement ce qui est bien souvent positif dans le contexte de la communication d’une banque centrale. Exercice réussi donc.

Contrairement à Londres, la France résiste aux pressions visant à assainir ses finances publiques par une hausse des impôts, en dévoilant un budget 2022 qui vise à relancer la croissance par une augmentation des investissements. Le plan tiendra les promesses de réduire l'impôt sur les sociétés à 25% pour toutes les entreprises et de poursuivre le processus de suppression progressive de la taxe de résidence. Séparément, Paris travaille sur les détails d'un plan d'investissement pluriannuel de plusieurs dizaines de milliards d'euros pour de nouvelles filières industrielles, indique Bruno Le Maire. Bien évidemment, on en reparlera après l’élection présidentielle d’avril…

Singapour enregistre des niveaux d'infection similaires à ceux du début de l'épidémie, tandis que la Nouvelle-Zélande signale un ralentissement des cas après un mois de confinement. La poussée du delta de la Nouvelle-Galles du Sud en Australie montre des signes de stabilisation. BlackRock repense son projet de faire revenir les employés américains au bureau le mois prochain, ajoutant qu'il n'a pas décidé quand le retour serait sûr.

Robert Kaplan, le patron de la Fed de Dallas, prévient que le déséquilibre entre l'offre et la demande de travail persistera pendant une période prolongée, de sorte que les pressions sur les prix vont probablement s'étendre. Entre-temps, Michelle Bowman, membre du conseil des gouverneurs de la Fed, ajoute sa voix à ceux – dont Kaplan – qui s'attendent à ce que le ralentissement des achats d’obligations par la Fed débute cette année, à condition que les données soient «conformes à mes attentes».

Une nouvelle estimation de l'inflation allemande d'août (sortie pile en ligne et inchangée) et la production industrielle française de juillet (légèrement en-dessous des attentes) précédent les prix à la production d'août (14h30) et les stocks des grossistes de juillet (16h00) aux Etats-Unis.

BNP Paribas: J.P. Morgan passe de surpondérer à neutre en visant 61 euros. LVMH: HSBC passe de conserver à acheter en visant 760 euros. Eurofins remplace Atos au sein du CAC40. Derichebourg fait son entrée dans le SBF120. Les changements seront effectifs le 17 décembre après la clôture. Royal Dutch Shell déclare la force majeure sur ces contrats après le passage de la tempête Ida. Holcim vend ses activités au Brésil. Chez Apple, promotion interne de Kevin Lynch (Apple Watch) comme patron du programme Apple Car. L'introduction en bourse de Nio à Hong Kong pourrait être reportée à la fin de 2022.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse. Tokyo progresse de 1,25% à la cloche, Hong Kong avance de 1,40%, Shanghai gagne 0,25% et Séoul monte de 0,36%. Le future SPX gagne 11 points et l’Europe ouvre en progression de 0,2%.