La Bourse de New York a conclu sur une chute brutale lundi, frôlant la panique dans le sillage de la déroute des marchés boursiers, face aux craintes de récession aux Etats-Unis et à l’appréciation du yen.
L’indice Dow Jones, au cours de sa pire séance depuis 2022, a cédé 2,60% à 38.703,27 points. Le Nasdaq, où se concentrent les valeurs technologiques, au plus bas depuis mai, est en zone de correction, lâchant 3,43% à 16.200,08 points.
L’indice élargi S&P 500, accusant aussi sa moins bonne séance depuis deux ans, a rendu 3,00% à 5.186,33 points.
L’indice VIX, dit «l’indice de la peur» parce qu’il mesure la volatilité du marché, a grimpé en séance à un plus haut depuis mars 2020 lors du déclenchement de l’épidémie de Covid-19 qui avait mis l’économie mondiale à genoux. Il s’établissait à 35,72 points en hausse de 52%.
La déroute des marchés, alors que le Nikkei à Tokyo s’est effondré de 12,45%, a été «le fait d’une combinaison de facteurs, entre la peur d’un ralentissement de l’économie américaine et le dénouement du carry trade» sur le yen, a souligné Peter Cardillo de Spartan Capital.
Les fonds spéculatifs se défont de leur «carry trade», qui consistait à emprunter des yens à taux faible pour investir dans des actifs risqués, comme les actions de croissance du Nasdaq.
Mais maintenant que le yen se renforce et que la BoJ a ouvert la porte à des hausses de taux, «l’argent sort du marché actions, en particulier au Japon», a noté M. Cardillo.
Les indices de Wall Street avaient commencé à sévèrement flancher dès vendredi après les chiffres de l’emploi pour juillet qui ont montré une augmentation du taux de chômage à 4,3% au lieu de 4,1%. Les créations d’emplois ont ralenti à 114.000 contre 179.000 en juin.
«Il faut quand même garder à l’esprit que les données de créations d’emplois sont restées positives», a relativisé Peter Cardillo.
Pour Sam Stovall de CFRA également, «les investisseurs ont adopté un état d’esprit du type +on tire d’abord, on pose des questions après+».
L’analyste notait aussi que la nouvelle selon laquelle le milliardaire Warren Buffett a cédé la moitié de ses participations dans Apple depuis le deuxième trimestre, gonflant ses réserves de cash plutôt que d’actions, a rendu le marché nerveux.
Lors de la présentation de ses résultats, le groupe Berkshire Hathaway (-3,41%) a révélé avoir cédé 49% de ses titres dans la firme à la pomme, après en avoir déjà vendu 13% au premier trimestre. Le titre Apple a perdu 4,82% à 209,27 dollars.
Ailleurs à la cote, les 30 valeurs du Dow Jones ont toutes terminé dans le rouge et la totalité des onze secteurs du SP 500 aussi, à commencer par le secteur des technologies de l’information (-3,78%).
Nvidia, le titre vedette de Wall Street depuis l’emballement des investisseurs autour du développement de l’intelligence artificielle générative, a chuté de 6,36% à 100,45 dollars.
Des informations de presse, relayées par le site spécialisé The Information, a évoqué un éventuel retard de plusieurs mois de la sortie de ses puces de nouvelle génération.
Alphabet a perdu 4,61% à 160,64 dollars alors que Google a été reconnu coupable de pratiques anticoncurrentielles concernant son moteur de recherche, notamment via des contrats l’imposant comme logiciel par défaut sur des appareils, selon une décision rendue mardi par un juge de Washington.
Selon les documents que l’AFP a pu consulté, le juge a estimé que, «après avoir étudié attentivement les témoignages et les preuves, la cour est arrivé à cette conclusion: Google est un monopole et il a agi de manière à maintenir ce monopole».
Les banques ont fini en mauvaise posture alors que les perspectives de baisse des taux par la Réserve fédérale (Fed) se renforçaient aux yeux des investisseurs.
Citigroup a lâché 3,42%, Bank of America -2,47% et JPMorgan -2,13%.
L’action du groupe Kellanova, fabricant de gaufres du petit déjeuner et de snacks, a été en revanche très recherchée (+16,23% à 73,20 dollars) alors que le géant des barres chocolatées, Mars (non coté) viserait un rachat qui pourrait se monter à 30 milliards de dollars, selon le Wall Street Journal.
Sur le marché obligataire, les taux d’emprunt des titres de dette des Etats se sont enfoncés au plus bas depuis plus d’un an pour les taux à dix ans (à 3,77% vers 20H20 GMT) reflétant une fuite des investissements vers la sécurité, alors que le prix des bons du Trésor monte quand leur rendement descend.