Meilleure visibilité sur les marchés

Salima Barragan

2 minutes de lecture

Pour Erik Fruytier de Gonet & Cie, la normalisation sera plus progressive que rapide.

Comme de coutume en début d’année, cinq personnalités du monde de la finance partagent avec les lecteurs d’Allnews leurs vues sur les thèmes qui marqueront ces douze prochains mois: les conséquences de la crise du coronavirus, le fardeau de la dette qui s’alourdit et la politique du président fraîchement élu Joe Biden. Ils dévoilent aussi quelle sera leur politique d’investissement. Autour de quatre questions clé, l’équipe d’Allnews vous souhaite une heureuse année 2021.

Dans ce cinquième et dernier volet de notre première semaine de perspectives 2021, Erik Fruytier, Chief Investment Officer de la banque Gonet & Cie SA, anticipe une normalisation plus progressive que rapide. Selon lui, la reprise devrait s’étendre sur une période de 12 à 18 mois, apportant ainsi une visibilité chère aux marchés. Pour finir, il clôt cette série sur une note positive en assurant que les perspectives de cette nouvelle année offrent de nombreuses raisons d'être optimiste pour l'avenir.

«Déjà tournés vers l’avenir, les marchés boursiers
apprécient les perspectives futures qu’ils entrevoient.»
Quel bilan tirez-vous des dommages créés par le coronavirus et quelles sont vos perspectives pour cette année?

De nombreuses entreprises ont été touchées par les fermetures et des millions de ménages ont été affaiblis par la chute de leurs revenus. Toutefois, sans l'énorme soutien apporté par les gouvernements et les banques centrales, la situation aurait été bien plus désastreuse. Déjà tournés vers l’avenir, les marchés boursiers apprécient les perspectives futures qu’ils entrevoient. La plupart des classes d'actifs sont revenues à leurs niveaux de janvier 2019 et certaines intègrent déjà un avenir meilleur: 2021 sera probablement l'année de l'espoir et de la croissance. Malgré une mise en route laborieuse dans certains pays, dont la Suisse, les vaccins seront largement disponibles et devraient contribuer à alléger le fardeau qui pèse sur l'infrastructure médicale. Toutefois, nous pensons que le déploiement du vaccin et «l'immunité collective» souhaitée prendront plus de temps que prévu. Nous devons nous attendre à continuer à observer une distanciation sociale et le port d'un masque restera probablement la norme en 2021.

Que penser des niveaux de dette des gouvernements amplifiés par la crise?

Les gouvernements et les banques centrales du monde entier devront continuer de soutenir leurs économies jusqu'à ce qu'elles se remettent sur pied et qu’elles puissent aller de l'avant sans leur appui. Parce que le risque d'inflation semble faible et que les gouvernements ont encore besoin du soutien des banques centrales pour financer leur déficit budgétaire massif creusé par la crise, les taux d'intérêt resteront nécessairement bas dans un avenir prévisible. Tant que les taux sont maintenus à ces niveaux, la dette reste supportable. Sur le plan budgétaire, nous ne décelons pas d'appétit pour l'austérité malgré des ratios d'endettement record, car beaucoup ont tiré la leçon de l’après 2009.

«Les Européens seront les grands
bénéficiaires de la politique de Joe Biden.»
Comment la politique menée par Joe Biden va-t-elle orienter les marchés?

L'élection de Joe Biden - confirmée le 6 janvier dans des circonstances hallucinantes - apaisera sans aucun doute les tensions géopolitiques et commerciales. Cependant, il maintiendra une ligne politique dure à l'égard de la Chine car les deux parties se battent pour la même domination économique. Je m’attends néanmoins à une approche plus diplomatique de la part du nouveau président pour régler leurs différends. Joe Biden a par ailleurs indiqué qu'il ne mènera par de guerre commerciale contre ses alliés. Les Européens seront donc les grands bénéficiaires de sa politique. Le plan de relance annoncé devient nécessaire pour soutenir les personnes aux revenus les plus modeste qui ont souffert de manière disproportionnée pendant la crise. Ce plan de relance semble désormais placé sous de bons augures: les Démocrates ayant la majorité dans les deux chambres, la marge de manœuvre du nouveau gouvernement s’avère appréciable.

Quelle est votre politique d’investissement?

Nous prévoyons une normalisation davantage progressive que rapide. La reprise devrait s’étaler sur 12 à 18 mois, apportant de la visibilité, un facteur particulièrement apprécié des investisseurs boursiers.

La base du redémarrage économique est assez solide. Grâce à de très vastes programmes de soutien, la majorité des ménages n'ont pas subi une perte de richesse et leur taux d'épargne a considérablement augmenté. Notre scénario part de l’hypothèse que le consommateur sera le moteur de la reprise car nous disposons de deux exemples récents pour la valider. L’économie chinoise s'est presque normalisée et lors de l’ouverture des magasins en mai, les consommateurs occidentaux se sont précipités pour dépenser l’épargne accumulée durant le confinement.

Comme mot de la fin, je dirais que les perspectives de cette nouvelle année offrent de nombreuses raisons d'être optimiste pour l'avenir. Comme toujours, la route ne sera pas sans heurts, mais l'espoir d'une normalisation de nos vies en fera un voyage qui en vaut la peine.

A lire aussi...