Les ETF font partie de la «boîte à outils» des investisseurs

Yves Hulmann

3 minutes de lecture

Pour Caroline Baron de Franklin Templeton, la volatilité accrue sur les marchés ne va pas stopper l’essor des produits indiciels.

Après la volatilité accrue observée sur les marchés des actions tout au long de 2018, faut-il privilégier une approche d’investissement active ou passive? Caroline Baron, responsable de la distribution des ETF pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique (Head of ETF Distribution EMEA) chez Franklin Templeton Investments, passe en revue les différentes approches d’investissement proposées par le gérant d’actifs américain qui inclut désormais aussi des ETF dans sa gamme de solutions de placement.

Compte tenu de la volatilité accrue observée sur les marchés en 2018 et du scepticisme ambiant à propos d’une poursuite du marché haussier, quelles sont les perspectives pour les fonds indiciels négociés en bourse ou ETF?

Quelle que soit l’évolution à venir des marchés, les ETF sont devenus un outil indispensable pour mettre en œuvre la gestion d’un portefeuille. On a assisté à une augmentation spectaculaire du volume du marché des ETF, dont la croissance annuelle pondérée a atteint 24% entre 2008 et 2017 et même 45% en ce qui concerne le segment plus spécifique des ETF de type Smart Beta.

Nous observons un fort intérêt pour les ETF de type Smart Beta:
même s’ils ne représentent encore que 8% des encours.
Justement, après une telle progression, ne faut-il pas s’attendre à un essoufflement de la croissance du marché des ETF?

Je pense que les ETF font désormais partie intégrante de la «boîte à outils» des investisseurs, au même titre que les actions, les fonds de placement ou les produits dérivés. Je ne vois ainsi pas de raison à ce que les investisseurs décident de se détourner des ETF uniquement par ce qu’il y a davantage de turbulences sur les marchés. Je ne cherche pas prédire quelles seront les tendances pour le marché des ETF; je considère toutefois les ETF comme des outils incontournables dans la stratégie de placement des investisseurs. En particulier, nous observons un fort intérêt pour les ETF de type Smart Beta: même s’ils ne représentent encore que 8% des encours par rapport à l’ensemble des ETF, ces instruments deviennent toujours plus largement utilisés.

Pourquoi les ETF Smart Beta devraient-ils continuer de croître?

Au départ, beaucoup d’indices – qui servent actuellement de sous-jacent à une multitude d’ETF – n’avaient pas été conçus pour servir de base à des produits d’investissement. Ensuite, ces indices le sont devenus grâce à l’émergence d’outils comme les ETF ou les fonds indiciels permettant aux investisseurs d’allouer pour un coût modéré en fonction de leurs vues de marché. Cependant, il est important de comprendre les risques potentiels de certains de ces indices qui utilisent la capitalisation comme référent. Si l’on considère, par exemple, les indices se rapportant aux marchés émergents, trois pays pèsent plus de 50% du poids total. Dans les obligations, certains indices ont parfois des caractéristiques qui peuvent interpeller étant donné que plus un Etat ou une entreprise est fortement endettée, plus son poids va augmenter dans l’indice. En Suisse, on peut aussi citer bien sûr le cas du SMI, dont trois valeurs pèsent plus que le reste des dix-sept autres titres de l’indice. A l’inverse, l’approche Smart Beta peut permettre de corriger certains aspects inadéquats de certains indices servant de sous-jacents, et il est alors possible de mettre en place des stratégies plus affinées et plus actives avec des ETF.

Les professionnels préfèrent généralement utiliser
une combinaison de facteurs plutôt que de miser sur un seul.
Certains ETF misent sur l’investissement factoriel. Quel avantage présente cette approche par rapport à une gestion indicielle purement passive?

Au fil des années, la recherche a identifié plusieurs facteurs de style de gestion, en particulier ceux orientés d’après la valeur («value»), la qualité («quality»), la volatilité minimale («minimum volatility»), le momentum («momentum») ou par exemple la taille de la capitalisation boursière. La difficulté est qu’il est très difficile de savoir à quel moment il est opportun de passer d’un style de gestion à un autre selon l’évolution des marchés. Jouer le timing est très difficile. Dès lors, le fait d’utiliser une approche multifactorielle permet de mieux adapter sa stratégie en fonction de l’évolution des marchés. Les professionnels préfèrent généralement utiliser une combinaison de facteurs plutôt que de miser sur un seul.

Franklin Templeton a longtemps été connu en tant que gérant de fonds actifs. Pourquoi proposer maintenant aussi une gamme d’ETF - cela ne brouille-t-il pas le message adressé aux investisseurs?

En tant que société qui propose des services globaux aux investisseurs, vous n’êtes plus un acteur crédible aujourd’hui si vous n’avez pas aussi des ETF à proposer dans votre offre de produits. La question n’est aujourd’hui pas de jouer gestion active contre gestion passive mais plutôt de savoir comment il est possible de combiner ces deux approches afin de construire des portefeuilles plus robustes.

On a vu apparaître ces derniers mois des fonds gratuits – craignez-vous une course vers des tarifs toujours plus bas?

Qu’il s’agisse de fonds de placement ou d’autres produits ou services, il faut toujours se poser certaines questions lorsque quelqu’un vous propose quelque chose de gratuit. Pourquoi est-ce gratuit? Y a-t-il des frais indirects cachés en plus des frais de gestion? Il faut aussi vérifier si les montants sont placés dans des actifs réels ou synthétiques par exemple. En matière d’investissement, il faut toujours réfléchir d’abord à ce que l’on cherche à atteindre avec tel ou tel produit ou stratégie de placement plutôt que de considérer uniquement les frais.