Le premier marché cible est la Suisse romande

Yves Hulmann

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Selon Marie-Ange Causse et Alain Krueger de Goldman Sachs PWM, la banque est en bonne voie pour atteindre les objectifs présentés en juin 2019.

En juin 2019, Goldman Sachs annonçait son retour à Genève avec des objectifs ambitieux. Le site de Genève va compter 25 collaborateurs d’ici deux ans, annonçait alors la banque. Qu’en est-il aujourd’hui? Le point avec Marie-Ange Causse (MAC) et Alain Krueger (AK) qui codirigent les activités de Goldman Sachs Private Wealth Management (PWM), l’unité de gestion de fortune de la grande banque américaine, à Genève.

«Au début de février prochain, notre effectif comptera déjà 17 personnes,
nous sommes donc en bon chemin pour y parvenir.»
Au printemps 2019, les projets d’expansion de Goldman Sachs à Genève n’étaient pas passé inaperçus. Quel est le potentiel de développement des activités de Goldman Sachs Private Wealth Management en Suisse romande? 

Marie-Ange Causse: Nous sommes en bonne voie pour atteindre les objectifs que nous nous étions fixés en juin 2019, à savoir de disposer d’une équipe constituée de 20 à 25 collaboratrices et collaborateurs dans un délai de deux ans. Au début de février prochain, notre effectif comptera déjà 17 personnes, donc nous sommes en bon chemin pour y parvenir.

Sur quels segments de clientèle allez-vous concentrer vos efforts? 

MAC: Le premier aspect sur lequel nous nous concentrons est d’abord la satisfaction de nos clients, et de leur proposer des services sur mesure. Nous n’avons pas pour objectif d’atteindre tel ou tel nombre de clients dans un délai donné. Maintenant, si nous parvenons à grandir, cela avantagera aussi nos clients existants, car nous aurons davantage de ressources sur place à disposition.

Alain Krueger: Nous voulons gagner des parts de marché auprès de la clientèle qui souhaite bénéficier de services à haute valeur ajoutée.

Combien d’argent faut-il avoir pour bénéficier de tels services? 

MAC: Cela fait du sens à partir d’environ 10 millions de dollars d’actifs pouvant être investis. Ce montant minimal peut paraître élevé mais il faut le comparer avec la fortune moyenne des clients de gestion de Goldman Sachs aux Etats-Unis, en Europe ou en Asie qui se situe autour des 55 millions de dollars. En revanche, nous ne cherchons pas pour l’instant à être présents dans le segment «mass affluent».

L’approche de gestion est-elle différente si un client dispose de 10 millions ou de 50 millions de dollars à investir?

AK: Nous proposons des services sur mesure, et comme chaque client est différent, notre rôle est toujours de contribuer à créer des portefeuilles qui réalisent de bonnes performances en adéquation avec les attentes de nos clients. Certes, il y a davantage de possibilités de créer des portefeuilles plus spécifiques pour les personnes qui ont une très grande fortune. Si un client nous confie 10 millions de francs ou dollars, notre marge de manœuvre sera plus restreinte pour placer de l’argent dans certaines catégories d’actifs – par exemple dans des segments comme le private equity. Mais, dans tous les cas, que l’on gère 10 millions ou 50 millions, tout est conçu sur mesure pour les clients. Il n’y a jamais deux clients qui disposent de portefeuilles similaires. De plus, un banquier ne s’occupe jamais de plus de 20 ou 30 clients à la fois.

«La Suisse est le seul pays d’Europe où Goldman Sachs
compte des bureaux dans deux villes différentes.»
Quels sont les marchés visés par les équipes de Goldman Sachs dans la gestion de fortune à Genève?

MAC: Le premier marché cible est la Suisse romande. Ensuite, nous comptons aussi beaucoup de clients en provenance du Moyen-Orient. Traditionnellement, nous avons plutôt une clientèle internationale avec des family offices en Romandie. Toutefois, avec les nouvelles équipes que nous avons recrutées et grâce au background d’Alain Krueger, nous allons recentrer nos efforts sur les clients domestiques, résidents en Suisse romande.

L’offre proposée par le bureau de Genève est-elle complémentaire à celle de Zurich - ou y a-t-il une forme de concurrence entre les deux sites?

MAC: Il n’y a pas de concurrence entre les deux bureaux. Goldman Sachs emploie plus d’une centaine de personnes à Zurich, il y a donc une différence de départ en termes d’effectifs. Goldman Sachs accorde de l’importance au fait d’être présent sur ces deux sites, ce qui permet a nos collaborateurs de choisir leur lieu de résidence et nous donne dune plus grand flexibilité en termes de recrutement. Par ailleurs, les divisions Asset Management et Global Markets sont également représentées dans les bureaux de Zurich et Genève. Au demeurant, la Suisse est le seul pays d’Europe où Goldman Sachs compte des bureaux dans deux villes différentes. 

Quel est le degré de collaboration entre l’unité PWM et celles d’Asset Management et d’Investment Banking – y a-t-il de véritables synergies ou chaque structure fonctionne-t-elle plutôt «en silo»?

MAC: Nous essayons de faire bénéficier à nos clients de toutes les ressources qui sont disponibles au sein de Goldman Sachs. Et c’est aussi un aspect qui est apprécié par nos clients: nous sommes en quelque sorte une porte d’entrée qui leur permet d’accéder à l’ensemble de Goldman Sachs, que ce soit dans les domaines de la banque d’investissement ou de la gestion d’actifs. Un certain nombre de nos clients les plus fortunés, par exemple s’ils ont une entreprise, ont parfois besoin ultérieurement d’autres services de banque d’investissement. La diversité de nos ressources est quelque chose que nous mettons en avant, tout comme notre présence globale.

«En termes de résultats, les portefeuilles qui intègrent
les critères ESG ont très bien performé cette année.»

AK: La gestion de fortune est une activité qui repose d’abord sur une relation de confiance. Notre offre globale de services, ou «One GS» comme on l’appelle, est clairement un plus pour les clients qui auraient ensuite besoin de recourir à d’autres services. Avoir une relation avec une banque capable d’accompagner un client tout au long d’un cycle permet également de simplifier certaines démarches administratives. Un client fortuné préfère ainsi généralement concentrer ses relations bancaires. C’est l’avantage de pouvoir offrir des prestations différentes issues d’une même banque.

Quelles sont les attentes de vos clients en matière de durabilité? 

AK: La sensibilité concernant durabilité n’a cessé d’augmenter ces dernières années. Et quand ce thème n’est pas abordé nos clients eux-mêmes, il l’est par leurs enfants! En termes de résultats, on peut aussi constater que les portefeuilles qui intègrent les critères ESG ont très bien performé cette année, notamment parce qu’ils avaient su éviter certains secteurs, comme les énergies fossiles par exemple. La prise en compte des aspects ESG est très importante pour protéger les placements contre les risques liés à certaines activités et maintenant constitue une véritable tendance de fond dans notre secteur d’activité.

MAC: L’intégration des aspects ESG n’est plus seulement une question d’équité, c’est aussi devenu une question de rentabilité des investissements. Cela ne concerne pas seulement les activités de gestion de fortune ou d’actifs mais aussi celles de banque d’investissement. Au Danemark, par exemple, Goldman Sachs a aidé la société Orsted, active auparavant dans les énergies fossiles (ndlr: précédemment, Dong Energy), à complètement se repositionner et à devenir un leader dans les énergies renouvelables. Outre l’environnement, il ne faut toutefois pas oublier la partie «S», soit les aspects sociaux, au sein des critères ESG. La diversité et l’inclusion sont aussi des facteurs très importants pour Goldman Sachs, à la fois dans ses relations avec les clients ainsi qu’en tant qu’employeur. En 2020, plus de la moitié des analystes recruté(e)s par la banque étaient des femmes et nous avons l’ambition de compter 40% de femmes parmi notre «middle management» d’ici 2025. Dans la banque d’investissement, nous exigeons qu’il y ait au moins un membre issu de la diversité dans le conseil d’administration des sociétés que nous accompagnons lors de leur entrée en bourse - et si ce n’est pas le cas nous travaillons à leur côté pour recruter ce dernier.

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