Le maitre-mot est diversification

Nicolette de Joncaire

3 minutes de lecture

«Un produit structuré doit offrir à un portefeuille une ouverture sur un univers plus large», explique Thomas Gérard de Kepler Cheuvreux Solutions.

Objectif d’investissement, horizon de placement, niveaux de risque, complexité et compréhension de l’instrument, telles sont les points que tout investisseur – ou son conseiller – doit couvrir avant d’investir dans un produit structuré. Quelques questions à Thomas Gérard chargé du développement de Kepler Cheuvreux Solutions en Suisse romande, en marge de la conférence Structured Products Insights organisée par Allnews.  

Quels sont les principaux éléments à prendre en considération lors de l’investissement dans un produit structuré?

La grande force du produit structuré – et on ne le redit jamais assez – est sa capacité de personnalisation. Le produit s’adapte au cahier des charges de l’investisseur. L’objectif d’investissement est l’élément de départ. L’investisseur cherche-t-il à protéger son capital, à recevoir un rendement, à diversifier son portefeuille, à générer une participation? 

Le second élément à déterminer est la durée sur laquelle il entend investir, l’horizon de placement est tout aussi important. Enfin, sont à prendre en compte les niveaux de risques qu’il est prêt à encourir: qualité de crédit des émetteurs, risque de liquidité inhérente, risque de taux. 

L’investisseur doit se poser les questions suivantes: quel est le niveau de complexité du produit structuré envisagé, quelle en est ma compréhension, quel rôle va-t-il jouer dans mon portefeuille? En sera-t-il un complément ou au contraire servira-t-il à renforcer mes convictions? La stratégie mise en place peut être défensive (cas d’un capital garanti à l’échéance) ou au contraire plus agressive.

De quelle manière les produits structurés répondent-ils à la structuration d’un portefeuille?

Le maitre-mot est diversification. Quels que soient l’objectif et le cadre fixés - protection en capital, rendement ou participation – le produit doit offrir une ouverture sur un univers plus large. Il existe aujourd’hui une multitude de choix. Si vous êtes certain qu’Apple fera 100% sur l’année, achetez des actions Apple. Mais si votre vision est moins claire et que vous entrevoyez une plage de fluctuations, examinez le potentiel d’un reverse convertible sur le titre, qui peut vous mettre plus à l’aise sur le plan de la conservation du capital.

A partir du moment où les besoins de l’investisseur sont bien compris, la tâche devient relativement plus facile. 

Optimisation du rendement, levier, protection du capital, participation, quels sont les produits qui rencontrent le plus de succès?

Dans l’environnement actuel, le mot clé est baisse des taux. L’investisseur doit chercher à travailler son portefeuille de fixed income au mieux et donc chercher du rendement sur la poche obligataire. Nous avons cherché à augmenter la duration des portefeuilles de nos clients afin de bénéficier de la baisse des taux.

Il est également important de diversifier avec des produits non corrélés au marché et dont le bêta vis-à-vis des indices est relativement faible: par exemple des stratégies de hedge funds, des matières premières, de l’immobilier. Actuellement comme les marchés sont au plus haut et les actions déjà en portefeuille, pour protéger d’une baisse, les produits non corrélés ont un vrai rôle à jouer. Plus généralement et sur les longues périodes, les investisseurs recherchent surtout des produits de rendement et des produits de protection du capital. Les périodes de fluctuation des taux assurent en général le succès des produits à capital garanti mais attention, pour que ces produits soient attractifs, il faut des niveaux de taux assez haut.

Est-il facile ou difficile d’introduire des produits structurés dans un portefeuille privé? Quels sont les arguments les plus convaincants?

A partir du moment où les besoins de l’investisseur sont bien compris, la tâche devient relativement plus facile. Quand les clients sont des clients privés ou des family offices gérés de manière discrétionnaire et que la compréhension du produit est maitrisée, les idées sont plus simples à mettre en place. Dans le cas de mandats advisory, elles peuvent être plus compliquées. Les produits à capital garanti à l’échéance sont assez faciles à présenter. Pour d’autres produits où la perte n’est pas quantifiable, la pédagogie est importante. Dans tous les cas, il faut démontrer que les produits apportent de la diversification au portefeuille.

Votre équipe offre la possibilité d’investir dans les produits cross-asset. De quoi s’agit-il?

Les produits cross asset permettent de toucher différentes classes d’actifs, à savoir: actions, obligations, matières premières, taux, forex ou fonds de placement. La plupart d’entre eux sont construits sur une seule classe bien définie mais, à la marge, il peut arriver de regrouper plusieurs classes au sein d’un structuré. Nous créons par exemple des repacks obligataires qui grâce aux cash-flows des obligations nous permettent d’avoir une exposition sur une classe d’actif définie.

Kepler Cheuvreux est surtout connu pour sa recherche. Comment s’y intègre l’offre de produits structurés?

Nous sommes effectivement une société de recherche couvrant à la fois la macroéconomie, les actions européennes, l’analyse quantitative ainsi que de l’ESG, nous combinons une approche top-down avec une approche bottom-up.

De la recherche macro nous dérivons des thèmes séculaires (transition énergétique, intelligence artificielle) et des thèmes tactiques (en ce moment la défense, en particulier en Europe). Puis nous analysons les titres qui correspondent aux croisements des thèmes. Nous l’utilisons donc notre vue macro et micro afin de sélectionner les sous-jacents.

Quelle taille font vos équipes de recherche?

L’équipe macro compte environ 6 personnes. Les analystes actions sont plus d’une centaine, positionnés dans 13 centres financiers à travers l’Europe pour être proches des entreprises couvertes. L’approche multi local est l’ADN de Kepler Cheuvreux. Nous complétons la recherche action avec deux analystes obligataires, spécialisés sur des classes d’actifs de niche à savoir le High Yield, les hybrids corporates ains que la dette subordonnée bancaire.

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