Le marché hypothécaire échappe de plus en plus aux grandes banques

AWP

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Fin 2019, les banques cantonales s’appropriaient près de 37% d’un marché hypothécaire helvétique évalué à 1102 milliards de francs.

Les grandes banques UBS et Credit Suisse continuent de perdre du terrain sur le marché hypothécaire suisse face à leurs concurrents, principalement les établissements cantonaux et la coopérative Raiffeisen. Genève fait figure de grande exception à l’échelle du pays, puisque les deux géants zurichois y conservent conjointement la moitié du marché cantonal.

Fin 2019, les banques cantonales s’appropriaient près de 37% d’un marché hypothécaire helvétique évalué à 1102 milliards de francs, selon l’étude IFZ Retail Banking 2020 publiée jeudi par la Haute école de Lucerne. Les volumes cumulés de ces 24 établissements s’élevaient à 386 milliards en hausse de 4,1% en cinq ans ou +4,3% depuis la première édition du sondage en 2003.

UBS et Credit Suisse, sans sa filiale Neue Aargauer Bank, totalisaient 271 milliards d’hypothèques (respectivement +0,9% et +2,2%), pour une part de marché de 26%. Raiffeisen arrivait en troisième position avec 18% des volumes totaux à 185 milliards de francs. La coopérative saint-galloise a enregistré la croissance la plus vigoureuse ces cinq dernières années avec un bond de 4% (+5,9% depuis 2003). Les banques régionales et les autres établissements sont au coude à coude avec 100 milliards chacun.

Alors que les banques cantonales ont réussi à défendre leurs positions - voire même à se renforcer par rapport à la part de 35% affichée en 2003 - UBS et Credit Suisse ont clairement cédé du terrain, passant à 26% de 34% il y a 17 ans. Raiffeisen (+5 points de pourcentage) a consolidé sa troisième place au fil de ans.

Dans un marché archi-dominé par les banques, les caisses de pension et les assureurs privés restent des acteurs extrêmement modestes du crédit hypothécaire, présentant des volumes respectifs de 21,16 milliards et 38,55 milliards au 31 décembre dernier. Au cours des dix dernières années, ces sociétés financières ont néanmoins vu leurs affaires bondir de plus d’un tiers.

La ventilation par canton montrait des situations diamétralement opposées à fin 2019. Les banques cantonales s’octroyaient une part de marché record de 73% dans le demi-canton d’Appenzell-Rhodes Intérieures. A Soleure, seul canton ne disposant plus de banque cantonale «locale», cette proportion atteignait 17%.

Côté romand, la palme revenait à Neuchâtel et sa part de 46% pour les banques cantonales contre 27% pour UBS-Credit Suisse, 13% pour Raiffeisen et 12% pour les autres établissements. Fribourg suivait avec 41% (26% pour Raiffeisen et 21% pour les grandes banques). Dans les cantons du Jura et du Valais, la coopérative saint-galloise était le principal acteur avec des tranches de gâteau respectives de 36% et 34%, contre 30% et 27% pour les banques cantonales.

Les deux géants zurichois demeuraient en tête dans le bassin lémanique, UBS et Credit Suisse se partageant 37% du marché vaudois et même 50% de celui genevois. Dans ce dernier canton, Raiffeisen (8%) et les banques cantonales (22%) présentaient des parts de marché parmi les plus faibles de Suisse.

Au Tessin, les grandes banques (29%) dépassaient d’une courte tête Raiffeisen (26%), talonnée par les banques cantonales et les autres établissements (22% chacun).

Dans son étude, la Haute école de Lucerne souligne par ailleurs l’attachement des banques de détail du pays pour les succursales. Malgré la numérisation des activités et la possibilité de recourir au courriel, à des interfaces robot («chatbot») ou à la visioconférence - une tendance renforcée par la pandémie de coronavirus - les points de contact physique restent primordiaux pour servir la clientèle.

En tout, 63 banques ont participé à l’édition 2020 de ce sondage, dont un grand nombre d’établissements régionaux et de caisses d’épargne (37%).

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