La deuxième banque italienne UniCredit continue à enchaîner des bénéfices record, supérieurs aux attentes, et à choyer ses actionnaires en dépit de la baisse des taux d’intérêt amorcée par la Banque centrale européenne (BCE) en juin.
UniCredit a vu ainsi son bénéfice net grimper de 16% à 2,7 milliards d’euros au deuxième trimestre, sous l’effet d’une hausse de 10% des commissions et grâce à des revenus solides engendrés par les taux d’intérêt.
Ce résultat, publié mercredi, est supérieur au consensus des analystes fourni par la banque qui tablait en moyenne sur 2,34 milliards d’euros. Sur le semestre, le bénéfice net a bondi de 20% à 5,2 milliards.
Le chiffre d’affaires a augmenté de 6,1% à 6,3 milliards d’euros, là aussi supérieur aux attentes des analystes.
«UniCredit enregistre une nouvelle fois des résultats financiers record», a commenté son PDG Andrea Orcel, 61 ans, qui avait été reconduit dans ses fonctions en avril, en remportant haut la main le vote de l’assemblée générale des actionnaires.
«Les commissions ont fortement augmenté dans tous les domaines», complétant «un revenu net d’intérêts résilient», a-t-il relevé.
Depuis l’arrivée de M. Orcel aux commandes d’UniCredit en avril 2021, la banque n’a cessé d’afficher des bénéfices record, amplifiés ces deux dernières années par la manne des taux d’intérêt.
Le cours de Bourse a bondi de plus de 360% en parallèle, avec une capitalisation dépassant 63 milliards d’euros.
La banque italienne prévoit de reverser cette année à ses actionnaires environ 10 milliards d’euros, sous forme de dividendes et de rachats d’actions.
«Pulvériser l’objectif annuel»
Pour l’ensemble de l’année, UniCredit a relevé sa prévision de chiffre d’affaires à plus de 23 milliards d’euros, contre 22,5 milliards auparavant.
Quant au bénéfice net, UniCredit reste circonspecte et continue officiellement à tabler sur un montant supérieur à 8,5 milliards d’euros en 2024, alors que les analystes s’attendent en moyenne à 9 milliards.
Une prudence qui a sans doute contribué à freiner les ardeurs des investisseurs de la Bourse de Milan, où le titre a clôturé en hausse de 0,21% à 39,10 euros, après avoir longtemps évolué dans le rouge.
«Nous avons choisi de ne pas relever la prévision de bénéfice net pour garder de la flexibilité», mais la performance d’UniCredit devrait lui permettre de «pulvériser» son objectif annuel, a clarifié M. Orcel lors d’une conférence avec des analystes.
En attendant une acquisition majeure, UniCredit s’est contentée d’annoncer mercredi un accord sur le rachat de l’intégralité du capital de son homologue belge Aion Bank et du fournisseur de services bancaires polonais Vodeno pour environ 370 millions d’euros.
Le poids de la Russie
Seule ombre au tableau, le différend avec la BCE qui a exhorté UniCredit à réduire davantage sa présence en Russie, où la banque italienne a toujours une filiale qui continue à apporter des bénéfices à sa maison mère.
Afin d’obtenir «des certitudes et de la clarté sur les obligations et les actions à entreprendre», la banque italienne a saisi début juillet la Cour de justice de l’Union européenne.
«Nous avons demandé une clarification juridique pour protéger UniCredit de risques inutiles, y compris celui de fournir à la Russie un motif justifié d’intervenir et de prendre le contrôle de notre actif local», a fait valoir mercredi M. Orcel.
«Quelle que soit l’issue de la procédure judiciaire, UniCredit en sortira gagnante, car elle bénéficiera d’une sécurité juridique quant aux conséquences de ses actions», a-t-il assuré.
Depuis l’invasion de l’Ukraine par Moscou en février 2022, UniCredit a nettement réduit ses activités en Russie, diminuant de 93% à 300 millions d’euros son exposition transfrontalière et de 68% à 2,3 milliards son exposition locale.
Pour 2025, M. Orcel s’est fixé comme objectif de réduire l’exposition transfrontalière à la Russie à «pratiquement zéro» et les crédits locaux à «moins d’un milliard d’euros».
UniCredit avait entamé en mai 2022 des discussions «préliminaires» en vue d’une possible vente de sa filiale russe, mais le projet semble au point mort depuis.