La hausse des taux d’intérêt donne des ailes à UniCredit

AWP

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L’établissement italien enregistre un bénéfice net en hausse de 14,9% à 2,3 milliards d’euros au deuxième trimestre et relève nettement ses attentes pour 2023.

La deuxième banque italienne, UniCredit, continue d’aligner des bénéfices record, dopés par la hausse des taux d’intérêt, et a relevé mercredi nettement ses prévisions pour l’année 2023, sans oublier de choyer ses actionnaires.

Après avoir enregistré un bénéfice net de 2,3 milliards d’euros au deuxième trimestre, la banque prévoit désormais un profit d’«au moins» 7,25 milliards d’euros pour 2023, contre 6,5 milliards d’euros auparavant.

Ce bénéfice trimestriel, en hausse de 14,9%, est supérieur au consensus des analystes fourni par la banque, qui tablait sur 1,85 milliard d’euros.

UniCredit a également affiché un bénéfice semestriel de 4,4 milliards d’euros, «le meilleur premier semestre de tous les temps».

«UniCredit a obtenu une fois de plus d’excellents résultats» et a «dépassé ses objectifs», malgré «l’incertitude de l’environnement politique et économique mondial», a déclaré son PDG Andrea Orcel devant des journalistes.

Du coup, les actionnaires devraient également en profiter: la banque compte redistribuer au moins 6,5 milliards d’euros cette année, par le biais de dividendes et rachats d’actions, contre un objectif de 5,75 milliards fixé auparavant.

Sur la période 2021-2024, UniCredit prévoit de leur reverser finalement 22 milliards d’euros au lieu des 16 milliards annoncés dans le dernier plan stratégique, a précisé M. Orcel lors d’une conférence avec des analystes. Le dividende au titre de 2023 sera «au moins de 2,4 milliards d’euros», a-t-il promis.

Parallèlement, le groupe a revu à la hausse sa prévision de chiffre d’affaires pour l’année, à plus de 21,5 milliards d’euros, contre 20,3 milliards d’euros estimés en mai.

Cet optimisme a été nourri par «l’amélioration de l’environnement macroéconomique» et «des taux d’intérêt plus élevés pour une période plus longue que prévu», a expliqué M. Orcel.

Le chiffre d’affaires du groupe a grimpé de plus de 24% à 5,96 milliards d’euros au deuxième trimestre, dépassant là aussi les attentes des analystes.

Forte solvabilité

Le revenu net d’intérêts a bondi de 41,3% à 3,49 milliards d’euros, porté par la hausse des taux sur les marchés. A l’inverse, les commissions ont subi un léger recul de 0,7% à 1,9 milliard d’euros.

«C’est une excellente série de résultats, supérieurs aux attentes», ont commenté les analystes d’Equita, s’attendant pour 2024 à des prévisions de bénéfices et de redistribution similaires à celles de 2023.

Le ratio de fonds propres (CET1) de la banque, indice très suivi par les analystes car il mesure sa capacité à faire face à des crises, est passé à 16,64%, contre 15,73% un an auparavant.

Quant aux fusions-acquisitions, elles peuvent être «un accélérateur» et «nous les évaluerons», mais aujourd’hui «les bonnes conditions ne sont pas réunies», a assuré M. Orcel.

«Notre valorisation boursière est bien inférieure à nos résultats et nous continuerons donc à racheter des actions de manière agressive, car il s’agit d’un bien meilleur investissement que les options de fusions-acquisitions sur le marché», a-t-il expliqué.

«Pas de cadeau à la Russie»

Concernant la Russie, un sujet épineux pour la banque, «notre stratégie reste inchangée, nous continuons à réduire notre exposition au pays et à limiter nos activités», a assuré M. Orcel.

UniCredit, qui figurait parmi les banques européennes les plus exposées à la Russie, avait entamé en mai 2022 des discussions «préliminaires» en vue d’une possible vente de sa filiale russe, mais le projet semble au point mort depuis.

Pour le moment, «il n’y a pas d’options» de vente de la filiale russe «reconnaissant sa valeur», a fait valoir M. Orcel, refusant de la «donner en cadeau à la Russie».

Andrea Enria, président du superviseur unique des grandes banques de la zone euro logé au sein de la BCE, s’était déclaré fin juin «préoccupé» par «la lenteur décevante des progrès réalisés par les banques dans la réduction des risques liés aux opérations en cours sur le marché russe».

La banque italienne a graduellement diminué son exposition à la Russie en attendant de s’en désengager.

Dans le pire des scénarios, celui de la nationalisation de sa filiale, Andrea Orcel évalue l’impact sur le capital de la banque à «moins de 1,2 ou 1,3 milliard d’euros».

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