Des responsables d’Unicredit et Commerzbank vont se rencontrer vendredi pour la première fois depuis que la banque italienne a lancé une offensive sur sa rivale allemande, qui a relevé dans ce contexte jeudi ses prévisions de rentabilité.
Cette rencontre est «normale» avec un nouvel investisseur important au capital et que l’on veut mieux connaître, a déclaré jeudi la directrice financière de Commerzbank, Bettina Orlopp.
«Nous évaluerons tout ce qui sera mis sur la table» et «resterons très ouverts d’esprit», a-t-elle ajouté lors d’une conférence.
Face à la prise de contrôle rampante dont elle fait l’objet de la part de la banque italienne, Commerzbank est sous pression pour offrir à ses investisseurs une perspective attrayante.
«Nous ne ferons pas de bêtises», a néanmoins ajouté Mme Orlopp à propos de l’éventualité de mesures pour contrer un possible rachat par UniCredit.
«Des idées telles que faire des acquisitions folles ou des ventes rapides» en vue de réduire la valeur de l’entreprise, «cela ne se fera pas avec nous», a-t-elle martelé.
«Notre principal objectif est de protéger la valeur, le modèle économique et la franchise de Commerzbank».
En attendant, la banque au logo jaune a présenté jeudi de nouveaux objectifs de rentabilité au cours des prochaines années, dans l’objectif transparent de tenter d’enrayer une prise de contrôle par sa concurrente.
«La banque possède un potentiel de croissance et de valorisation considérable en tant que ‘banque pour l’Allemagne’», s’est dit convaincu le président du conseil de surveillance, Jens Weidmann, ancien responsable de la Bundesbank, dans un communiqué.
Plus Commerzbank se rend attrayante auprès de ses actionnaires, moins ces derniers sont en principe susceptibles de céder aux sirènes d’un concurrent dans le cadre d’une OPA.
Le bénéfice net du groupe devrait ainsi dépasser «largement» les 3 milliards d’euros d’ici 2027, a indiqué Commerzbank. Il était de 2,2 milliards en 2023.
En terme de rendement sur les capitaux propres, cela représente une prévision supérieure à 12 % d’ici 2027, contre 11,5% prévus auparavant, selon la banque.
La banque au logo jaune a aussi annoncé jeudi qu’elle compte verser plus de 90% des bénéfices aux actionnaires entre 2025 et 2027.
Unicredit est devenu le 12 septembre actionnaire à plus de 9% de Commerzbank et s’est assuré depuis la possibilité de faire grimper sa participation à 21% via des instruments financiers.
Une prise de contrôle rampante qui suscite l’opposition des représentants des salariés de Commerzbank et des milieux politiques allemands.
Le chancelier allemand Olaf Scholz a jugé que «les attaques hostiles, les prises de contrôle forcées n’étaient pas bonnes pour les banques». L’Etat allemand détient encore 12% de Commerzbank.
Les spécialistes du secteur appellent néanmoins Berlin à se tenir à l’écart de ces grandes manoeuvres bancaires.
Exiger une intervention politique dans ce type d’opération révèle «un manque de compréhension de ce qu’est une union des marchés de capitaux et un marché unique» européen, a dit jeudi le directeur de l’institut IfW à Kiel, Stefan Kooths.