Changement à la tête du groupe Rothschild and Co

AWP

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La banque a annoncé mardi le départ prochain de son actuel président David de Rothschild (photo). Il sera remplacé par son fils Alexandre.

Héritier d’une longue dynastie de banquiers, Alexandre de Rothschild va prendre à 37 ans les rênes du groupe Rothschild and Co, banque d’affaires aussi discrète qu’influente qui s’est imposée ces dernières années comme un acteur clé de la finance mondiale.

La banque a annoncé mardi le départ prochain de son actuel président David de Rothschild, âgé de 75 ans. Il sera remplacé par son fils Alexandre à l’issue de la prochaine assemblée générale en mai.

«Ce passage de témoin a été longuement préparé. Alexandre, après 15 ans d’expérience, a démontré ses capacités tant dans les relations humaines que dans la compréhension de tous nos métiers», a souligné David de Rothschild dans un communiqué.

Diplômé de l’Ecole supérieure du commerce extérieur (ESCE), père de deux enfants, Alexandre de Rothschild fait ses premières armes dans le secteur du capital-investissement et de la banque d’investissement pour le compte de grands noms de la finance anglo-saxonne: d’abord chez Bank of America à Londres, puis Bear Stearns à New York.

En 2008, il rejoint le groupe familial Rothschild and Co pour y créer notamment le métier de capital-investissement et dette privée, avant d’intégrer en 2014 le conseil de gérance de Rothschild and Co Gestion, l’organe de direction opérationnel du groupe, dont il était jusqu’à présent le numéro deux.

Affaires florissantes

Peu connue du grand public, Rothschild and Co cultive également une relative discrétion vis-à-vis des médias, ce qui ne l’empêche pas de compter parmi les principaux acteurs du conseil financier aux entreprises et aux gouvernement à l’échelle mondiale.

Installée dans le très chic huitième arrondissement parisien, la banque de l’avenue de Messine a publié pour 2017 des résultats qualifiés de «record», avec près de deux milliards d’euros de chiffre d’affaires et plus de 200 millions d’euros de bénéfices.

Son coeur de métier? La gestion de patrimoine, les investissements pour compte propre, mais surtout les fusions-acquisitions, domaine dans lequel la banque s’est aussi hissée l’an dernier à la première place du classement annuel des banques, avec un montant d’opérations de 80 milliards d’euros, devant Lazard avec ses 62 milliards et BNP Paribas avec 56 milliards.

Héritier d’une tradition bancaire familiale vieille de 200 ans, «Rothschild & Co est devenue une entreprise internationale qui exerce trois métiers solidement établis», a souligné Alexandre de Rothschild, cité dans un communiqué.

Sous son impulsion, le groupe a notamment renforcé ses activités dans le secteur des technologies, où il a accompagné une cinquantaine d’opérations de fusion-acquisition sur la seule année 2017. «C’est la patte d’Alexandre», confie à l’AFP un fin connaisseur du groupe.

Traumatisme de la nationalisation

Alexandre de Rothschild se prépare à prendre les rênes d’un groupe en bonne santé financière et qui semble avoir surmonté le traumatisme de la nationalisation de 1981.

À cette époque, François Mitterrand vient d’accéder à la présidence de la République française. Et le nouveau pouvoir ne tarde pas à faire voter une loi qui fait passer dans le giron de l’Etat la banque Rothschild.

«Juif sous Pétain, paria sous Mitterrand!», s’écrie alors Guy de Rothschild, le patriarche de l’époque.

Sous l’impulsion de son fils David, la famille ne tarde toutefois pas à remonter de toutes pièces une banque, baptisée P.O.Banque (pour Paris-Orléans) car les Rothschild ne pouvaient alors pas utiliser leur nom, «confisqué» par la nationalisation.

Au fil des années, la banque renaît peu à peu de ses cendres.

Une nouvelle étape est franchie en 2007, quand 200 ans après la dissémination des Rothschild en Europe, les branches française et anglaise de la célèbre famille de banquiers achèvent leur unification en réunissant leurs capitaux au sein d’une même société, de droit français, qui deviendra Rothschild and Co.

L’établissement s’est illustré ces dernières années en accueillant dans ses rangs des personnalités célèbres, au premier rang desquelles l’actuel président français Emmanuel Macron: il en fut le plus jeune associé-gérant de 2008 à 2012, avant de devenir secrétaire général adjoint de l’Elysée.

Y ont également travaillé François Pérol, l’actuel patron du groupe bancaire mutualiste BPCE, ou encore, dans un temps plus lointain, l’ancien président Georges Pompidou.