1MDB: Goldman Sachs paie près de 3 milliards de dollars aux USA

AWP

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C’est la première fois qu’une division liée à Goldman Sachs admet des malversations dans une quelconque enquête des autorités.

Goldman Sachs va payer près de 3 milliards de dollars en pénalités financières pour clore le volet américain du vaste scandale de corruption du fonds souverain 1MDB impliquant sa filiale malaisienne, qui a exceptionnellement plaidé coupable.

Outre sa réputation, l’ardoise est lourde pour la prestigieuse banque d’affaires américaine dans cette affaire politico-financière aux ramifications planétaires: elle verse ainsi, pour le moment, près de 6 milliards de dollars au total à différentes autorités à travers le monde pour solder les enquêtes.

Fait rare: la filiale malaisienne de l’établissement a admis sa culpabilité jeudi, devant une juge new-yorkaise, pour avoir enfreint la loi américaine sur les pratiques de corruption à l’étranger (FCPA).

C’est la première fois qu’une division liée à Goldman Sachs admet des malversations dans une quelconque enquête des autorités.

Des milliards de dollars avaient été détournés de 1MDB, un fonds souverain censé contribuer au développement économique de la Malaisie.

Goldman Sachs est accusée d’y avoir participé en organisant des émissions d’obligations d’un montant total de 6,5 milliards de dollars en 2012 et 2013. Elle avait perçu quelque 600 millions de dollars pour ce rôle d’intermédiaire.

Sa filiale a reconnu avoir, entre 2009 et 2014, participé à un stratagème ayant conduit au versement de plus de 1,6 milliard de dollars en pots-de-vin à des dirigeants en Malaisie et à Abou Dhabi pour être retenue comme banque conseil.

Si la pénalité infligée jeudi par les autorités américaines est lourde, elle permet à la banque, qui a admis avoir ignoré des signaux d’alerte, de tourner la page de cette affaire judiciaire et de se concentrer sur ses activités.

Période de surveillance

Le plaider coupable signifie que la filiale asiatique de Goldman Sachs verra son champ d’activités limité ou ne pourra plus en exercer certaines.

La maison mère ne sera, elle, pas poursuivie en justice par les autorités américaines mais s’engage à renforcer ses contrôles et procédures internes pendant trois ans et demi pour éviter une répétition des faits dénoncés.

Cela n’empêche pas pour autant des parties s’estimant lésées -- les investisseurs ou des particuliers -- de poursuivre la firme new-yorkaise.

Le montant versé par la banque aux Etats-Unis correspond à une amende de 2,3 milliards de dollars et au remboursement d’un peu plus de 600 millions de dollars de commissions récoltées par l’établissement financier.

Une partie de cet argent, 1,6 milliard de dollars, sera utilisée pour payer des amendes aux autorités d’autres pays, dont le Royaume-Uni et Singapour ainsi qu’à d’autres agences gouvernementales.

Le gendarme américain des marchés boursiers devrait par exemple récupérer 400 millions de dollars et le régulateur des services financiers de l’Etat de New York (DFS) 150 millions.

Goldman Sachs a déjà versé le mois dernier à la Malaisie 2,5 milliards de dollars dans le cadre d’un accord à l’amiable qui doit solder l’enquête dans le pays. Elle a aussi garanti qu’au moins 1,4 milliard de fonds détournés du fonds 1MDB seraient récupérés.

L’autorité de régulation financière de Hong Kong a de son côté annoncé jeudi avoir infligé une amende de 2,71 milliards de dollars hongkongais (350 millions de dollars) à la banque d’affaires.

Côté politique, l’ex-Premier ministre malaisien Najib Razak, dont la coalition a perdu les élections en 2018 en grande partie à cause de la colère des électeurs choqués par ce scandale, a été condamné à 12 ans de prison dans un premier procès tenu à l’été. Il est en liberté conditionnelle en attendant un procès en appel.

Un ancien banquier de Goldman Sachs, Tim Leissner, a plaidé coupable aux Etats-Unis pour son rôle dans cette affaire. Et un ancien manager malaisien de la banque, Ng Chong Hwa, est aussi poursuivi aux Etats-Unis.

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