Revue macroéconomique des marchés par Eurizon

Eurizon

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Les marchés anticipent déjà largement l’hypothèse d’un redémarrage cyclique.

Les taux des emprunts d’État américains et allemands sont restés globalement inchangés le mois dernier, tandis que les marchés actions ont atteint de nouveaux plus hauts annuels. La hausse des taux des emprunts d’État et la progression des marchés actions observées en octobre et en novembre témoignent d’un net recul des craintes de récession mondiale et donnent à penser que les marchés anticipent déjà largement l’hypothèse d’un redémarrage cyclique. Un redémarrage cyclique digne de ce nom nécessitera par ailleurs une avancée des négociations entre les États-Unis et la Chine.

Les taux des emprunts d’État américains et allemands sont restés globalement inchangés le mois dernier, tandis que les marchés actions ont atteint de nouveaux plus hauts annuels.
La courbe des taux américaine a maintenu une orientation légèrement positive (le bon du Trésor à 10 ans s’établissant à environ 1,8% et le 2 ans à environ 1,6%), confirmant le net recul des craintes de récession exprimées cet été. Le Bund à 10 ans s’est pour sa part stabilisé à -0,35%, soit le double du plus bas absolu atteint en septembre dernier (-0,7%). Le spread entre l’Italie et l’Allemagne a augmenté (passant de 130 à 160 pb sur le mois), témoignant des tensions politiques entourant la loi de finances 2020 et du risque d'instabilité politique à l’approche des élections régionales du début de l’année.

Le dollar s’est légèrement raffermi face à l’euro, à environ 1,10.

Les marchés actions ont rebondi avec à la clé de nouveaux plus hauts absolus pour l’indice S&P 500, mais aussi in fine pour l’indice MSCI All Country World, qui n’avait pas atteint de nouveaux plus hauts depuis début 2018. Les marchés actions se sont encore une fois inscrits en hausse grâce à la poursuite des négociations entre les États-Unis et la Chine, mais aussi aux dernières interventions des banques centrales. Dans le détail, la Fed a procédé à une nouvelle baisse de taux fin octobre, mais elle a surtout poursuivi les injections massives de liquidités (60 milliards de dollars par mois via des achats de titres à court terme). Dans la zone euro, le début du mois de novembre a été marqué par le lancement du programme d’assouplissement quantitatif «QE 2» annoncé par Mario Draghi en septembre (20 milliards d’euros par mois).

Les interventions des banques centrales, conjuguées à des chiffres macroéconomiques encore globalement faibles, expliquent que les taux des emprunts d’État aient pour l’instant interrompu leur remontée après les plus bas de septembre. Il convient également de noter que malgré des statistiques encore mitigées, les enquêtes de confiance menées auprès des entreprises industrielles semblent témoigner d'une stabilisation du moral de celles-ci et commencent à montrer des signes de reprise. Ces signes devront toutefois être confortés dans les prochains mois et ils devront surtout être confirmés par les chiffres de l’activité réelle, de la production industrielle et, avant tout, des échanges commerciaux.

Un redémarrage cyclique digne de ce nom nécessitera par ailleurs une avancée des négociations entre les États-Unis et la Chine. La trêve décidée en octobre semble pour l’instant tenir et les négociations se poursuivent. L’hypothèse d’un accord préliminaire d’ici la fin de l’année semble toutefois s’éloigner. Si cela se confirme, l’administration américaine pourrait décider de suspendre les nouveaux droits de douane qui devaient entrer en vigueur le 15 décembre, ce afin de ne pas faire obstacle à la poursuite des négociations début 2020. Quoi qu’il en soit, il conviendra de suivre ce dossier avec attention.

En Europe, le mois de novembre a été marqué par le lancement du programme d’achats d’actifs de la BCE, annoncé en septembre. D’après les premières statistiques publiées par la BCE, les achats d’obligations d’entreprises européennes semblent supérieurs aux estimations. Dans l’actualité européenne, il convient également de rappeler que le dossier du Brexit est toujours ouvert, de nouvelles élections devant se tenir au Royaume-Uni le 12 décembre. L’hypothèse d'un Brexit «dur» (sans accord) semble désormais écartée, quel que soit le résultat des élections, et dans ce cas, la prolongation du climat d’incertitude aura des conséquences uniquement pour le Royaume-Uni, et des effets systémiques limités sur le reste de l’Europe.

Points à surveiller pour le scénario

La hausse des taux des emprunts d’État et la progression des marchés d’actions observées en octobre et en novembre témoignent d’un net recul des craintes de récession mondiale et donnent à penser que les marchés anticipent déjà largement l’hypothèse d'un redémarrage cyclique. Les investisseurs vont maintenant chercher des confirmations dans ce sens, dans un contexte marqué par des valorisations, et des fluctuations de courte durée, qui semblent quelque peu excessives, surtout pour les actifs risqués. Les signes donnés par l’économie et l’évolution des négociations entre les États-Unis et la Chine seront donc à surveiller de près dans les prochains mois.

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