Revue macroéconomique des marchés par Eurizon

Eurizon

3 minutes de lecture

Les marchés d’actions ont légèrement progressé le mois dernier pour signer de nouveaux plus hauts depuis le début de l’anné.

Les marchés actions ont légèrement progressé le mois dernier, mais les indications les plus intéressantes sont venues des marchés obligataires. L’orientation à nouveau positive de la courbe des taux américaine et la hausse des taux des obligations d’État allemandes témoignent d’un recul du pessimisme des investisseurs obligataires par rapport à cet été. Pour autant, les marchés actions, qui, cet été, ne partageaient pas les craintes de récession exprimées par les marchés obligataires, auront probablement besoin de signes plus clairs de redémarrage cyclique pour maintenir une véritable tendance haussière.

Les marchés d’actions ont légèrement progressé le mois dernier pour signer de nouveaux plus hauts depuis le début de l’année, mais les indications les plus intéressantes sont venues des marchés obligataires.

Aux États-Unis, les taux d’intérêt à long terme sont restés inchangés tandis que les taux courts ont baissé. La courbe des taux américaine est ainsi redevenue légèrement positive, signe d’un recul partiel des craintes de récession exprimées cet été. Les obligations allemandes affichent une tendance similaire. Le taux du Bund à 10 ans a poursuivi la lente remontée entamée depuis les plus bas de septembre dernier. En Italie, les spreads sont en baisse, mais les taux s’inscrivent en légère hausse dans le sillage des taux allemands.

La réduction du différentiel entre les taux américains (stables) et les taux européens (en hausse) a entraîné un effritement du dollar.

L’orientation à nouveau positive de la courbe des taux américaine et la hausse des taux des obligations d’État allemandes témoignent d’un recul du pessimisme des investisseurs obligataires par rapport à cet été, dans un contexte par ailleurs marqué par la politique résolument plus accommodante de la Fed et par les progrès des négociations commerciales entre les États-Unis et la Chine. Pour autant, les marchés actions, qui, cet été, ne partageaient pas les craintes de récession exprimées par les marchés obligataires, auront probablement besoin de signes plus clairs de redémarrage cyclique pour maintenir une véritable tendance haussière.

Les chiffres macroéconomiques du mois dernier sont en effet encore en repli, avec les premiers signes de contagion du secteur industriel aux entreprises non manufacturières. Les indicateurs de l’activité industrielle témoignent d’une contraction désormais généralisée, qui concerne également les États-Unis et qui semble en grande partie liée au ralentissement du commerce mondial, lui-même dû à la guerre commerciale. La confiance des entreprises non manufacturières avait très bien résisté jusqu’à présent, mais les enquêtes de septembre font apparaître un ralentissement, tant en Europe qu’aux États-Unis. Les chiffres sont encore compatibles avec une activité en expansion, mais il est essentiel que dans les prochains mois, le recul de l’activité industrielle cesse afin que son impact sur le reste de l’économie ne s’amplifie pas.

Face à ces signes de ralentissement, la Réserve fédérale apparaît désormais plus résolue à poursuivre l’assouplissement de sa politique monétaire, après avoir déjà procédé à deux baisses de taux sans grande conviction.

Lors de sa réunion d’octobre, elle a en effet annoncé une troisième baisse de ses taux. Mais surtout, depuis la mi-octobre, la Banque centrale américaine a recommencé à augmenter les liquidités mises à la disposition du système (via une expansion de son bilan), après plus d'un an de réduction.

Il ne s’agit pas d’une reprise de l’assouplissement quantitatif (QE) à proprement parler dans la mesure où les achats concernent uniquement les titres à court terme et ont pour objectif d’apaiser les tensions sur le marché monétaire. Les injections de liquidités seront toutefois massives (60 milliards de dollars par mois au moins jusqu’à juin 2020) et plus importantes que celles opérées par la BCE dans le cadre de son nouveau QE (20 milliards d'euros par mois à partir de novembre).

Autre bonne nouvelle: l’évolution des négociations entre les États-Unis et la Chine. Les droits de douane que l’administration de Donald Trump avait annoncés pour le 15 octobre 2019 ont été gelés, dans le cadre d’une nouvelle trêve qui fait suite à celle décrétée entre décembre 2018 et mai 2019. Les deux parties négocient pour repousser également l’entrée en vigueur des droits prévus pour le 15 décembre, afin de poursuivre les négociations en vue d'un accord global.

Les négociations sont toujours en cours, mais elles vont permettre de gagner quelques mois et pourraient s’avérer utiles pour instaurer un réel climat de confiance et ainsi éviter un nouveau ralentissement du commerce mondial.

Parmi les autres thèmes d’actualité, après les annonces de septembre, la BCE a abattu toutes ses cartes. Mario Draghi laisse à sa successeur un plan qui couvre une grande partie de 2020. Le principal point à surveiller dans les prochains mois sera l’adaptation des investisseurs au style de communication de la nouvelle présidente, Christine Lagarde.

Il faudra également suivre, en Europe, l’examen des lois budgétaires 2020 par la Commission européenne. Après le changement de gouvernement en Italie, il ne devrait pas y avoir de motifs de friction particuliers entre les gouvernements nationaux et l’exécutif de l’UE, qui reste celui présidé par Jean-Claude Junker en attendant que la Commission Von der Leyen soit au complet.

Enfin, la dernière page du Brexit reste à écrire, mais il est désormais pratiquement acquis que le scénario d’un Brexit «dur» (sans accord) sera évité. À ce stade, la prolongation du climat d'incertitude aurait des conséquences uniquement pour le Royaume-Uni et des effets systémiques limités sur le reste de l’Europe.

Points à surveiller pour le scénario

Les marchés auront probablement besoin de signes plus clairs de redémarrage cyclique pour maintenir une véritable tendance haussière. Dans les prochains mois, il est donc essentiel que le recul de l’activité industrielle cesse afin que son impact sur le reste de l’économie ne s’amplifie pas Les autres points à surveiller seront les décisions de la Fed, l’adaptation des investisseurs au style de communication de la nouvelle présidente de la BCE, Christine Lagarde, et l’examen des lois budgétaires 2020 par la Commission européenne.

A lire aussi...