Le «grand bond en avant» digital

Boris Kovacevic, Western Union Business Solutions

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La Suisse dispose d’un environnement propice pour tirer parti de l'augmentation attendue du commerce des services.

La crise pandémique a entrainé une mutation profonde de nos systèmes économiques, accélérant à pas de géant une transformation digitale déjà amorcée il y a plusieurs décennies. Distanciation sociale oblige, la digitalisation est devenue une question de survie pour les entreprises, contraintes de repenser tous leurs modèles de fonctionnement et de mettre à jour des systèmes informatiques obsolètes.

La crise sanitaire, catalyseur de la digitalisation

Selon un rapport du Swiss Finance Institute1 paru en janvier 2021, les banques suisses ont concentré leurs efforts durant la crise vers une digitalisation accrue, même si en comparaison européenne, cette transition était déjà bien avancée avant la pandémie. La digitalisation offre un potentiel en termes de création de valeur ajoutée reconnu de longue date. En 2018 déjà, d’après Statista2, plus de la moitié des grandes banques suisses poursuivaient une double stratégie axée sur la digitalisation et la transformation des processus. Il n’y a que trois domaines dans lesquels la transformation digitale fait encore défaut aux institutions bancaires suisses: dans la coopération entre management et départements informatiques, dans la diversification des gammes de produits ainsi que dans l'activité des banques envers la clientèle d’entreprise. 

Les ventes en ligne ont atteint de nouveaux records, notamment dans le secteur B2C.

En dépit des restrictions sanitaires émises par les autorités, les plateformes numériques ont permis à de nombreuses entreprises de poursuivre leurs activités. Les ventes en ligne ont atteint de nouveaux records, notamment dans le secteur B2C. Les ventes mondiales de commerce de détail en ligne devraient encore augmenter de 90% entre 2019 et 2024, selon les prévisions de Statista. Cette croissance devrait continuer d’impacter en profondeur l'écosystème financier global.

Niveau stable des prestations de services transfrontalières

Soutenu à grands bras par les efforts politiques pour stabiliser les marchés financiers, le commerce transfrontalier des services financiers a connu une légère augmentation l'année dernière. Entre les premiers trimestres 2020 et 2021, diverses mesures de relance monétaire et des programmes d'achat d'actifs des banques centrales ont alimenté les marchés financiers mondiaux de plusieurs centaines de milliards de dollars US. Cet apport de liquidités sans précédent a permis aux marchés boursiers de se remettre rapidement des mauvais résultats enregistrés au début de la crise. De même, ces mesures ont fortement profité aux prêts et investissements. Les flux financiers transfrontaliers sont ainsi restés stables en 2020.

La Suisse reste un pionnier de la mondialisation, avec une contribution des services fournis par voie numérique à hauteur de 13% du PIB.

Dans les faits, la dette des banques a augmenté de 14% seulement entre le dernier trimestre 2020 et celui de l’année précédente. Il faut relever cette solide performance en pleine pandémie, qui contraste d’autant plus avec la conjoncture moribonde qui a suivi la crise financière de 2009. Le marché des prêts transfrontaliers aux entreprises non financières a également fait preuve de résilience, augmentant de 9% sur un an au dernier trimestre 2020. Ces performances sont de bon augure pour les perspectives économiques mondiales. 

La digitalisation, fer de lance des prestations de services financiers

Sans surprise, les services à fort coefficient de savoir sont exportés en très large majorité par des pays bénéficiant d’une infrastructure adaptée et d’un niveau d’éducation élevé. Les économies développées, parmi lesquelles l’Europe et encore davantage la Suisse, disposent à ce titre d’un avantage décisif. Même si les Etats-Unis demeurent le premier exportateur mondial de services, le continent européen maintient en effet une domination au niveau régional. La Suisse reste un pionnier de la mondialisation, avec une contribution des services fournis par voie numérique à hauteur de 13% du PIB, une part bien supérieure à celle des autres pays. Si l’on ajoute à cela les capacités technologiques des entreprises locales et leur fort potentiel d’innovation, la Suisse dispose d’un environnement propice pour tirer parti de l'augmentation attendue du commerce des services. Une croissance solide à l’échelle globale se profile également en ce qui concerne les prestations de services financiers. Selon les prévisions de notre partenaire de recherche Oxford Economics, la valeur du secteur pourrait croître de plus de 30% entre 2019 et 2025. Avec les secteurs du commerce B2B et des technologies de l'information et de la communication, ces trois composantes pourraient représenter plus des deux tiers de la croissance du commerce mondial des services d'ici 2025.

 

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