Il est peu probable que la Fed réduise ses taux

George Brown, Schroders

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La rigidité de l'inflation crée un doute sur une baisse des taux en juin, encore renforcé par les tensions au Moyen-Orient.

La Réserve fédérale réduira-t-elle ses taux cette année? C'est la question que tous les investisseurs se posent après que l'inflation de base a surpris à la hausse en mars pour le troisième mois consécutif. Les marchés à terme prévoient désormais moins de deux baisses de taux en 2024, alors qu'ils en prévoyaient jusqu'à six ou sept en janvier.

Le changement des attentes du marché n'a pas suscité de réaction de la part du président de la Fed, Jerome Powell. À la suite de la publication des chiffres de l'inflation en mars, il a admis qu'il faudrait probablement plus de temps que prévu pour que la banque centrale ait la confiance nécessaire pour commencer à assouplir sa politique.

La question de savoir si un assouplissement se matérialisera cette année est désormais très délicate. Toute réduction sera subordonnée à l'existence de preuves concluantes que l'inflation converge à nouveau vers l'objectif fixé. Cela nécessitera non seulement un ralentissement de l'inflation séquentielle, mais aussi un meilleur équilibre des conditions du marché du travail.

La Fed pourrait discuter de baisses de taux en août

Un autre facteur qui pourrait retarder toute baisse des taux est une escalade significative de la situation au Moyen-Orient. Nos dernières prévisions économiques incluaient un scénario de risque dans lequel un conflit éclatait dans la région, entraînant les pays occidentaux.

Ce cycle de trois baisses permettrait d'obtenir un assouplissement cumulé de 75 points de base (pb), soit le même que celui prévu en 2019.

Un tel scénario perturberait les principaux canaux de transport ainsi que l'approvisionnement en pétrole, entraînant une hausse des prix mondiaux de l'énergie et des biens. Étant donné les inquiétudes concernant les tensions sur les marchés du travail et les effets de second tour sur les salaires, cela inciterait les banques centrales à repousser le début de tout cycle d'assouplissement.

Ce risque mis à part, il est peu probable que les données relatives à l'inflation ou à l'emploi progressent suffisamment pour que le Federal Open Market Committee (FOMC) soit convaincu de réduire les taux d'ici à ses réunions de juin ou de juillet. Nous pensons que les progrès pourraient être suffisants d'ici la réunion du comité de fixation des taux de la Fed en septembre.

Powell pourrait jeter les bases d'un assouplissement de la politique monétaire lors de son discours principal au symposium économique de Jackson Hole en août. Une baisse des taux en septembre présenterait également l'avantage d'être accompagnée d'une mise à jour du «dot plot», que le FOMC pourrait utiliser pour communiquer ses attentes quant au calendrier et à l'ampleur d'un éventuel assouplissement.

Nous nous attendons à ce que cette décision soit suivie de deux autres baisses de taux lors des réunions de décembre et de mars.

Toutefois, nous pensons toujours que le comité aura ensuite du mal à justifier une nouvelle baisse des taux. L'inflation devrait alors atteindre son objectif, tandis que le chômage devrait rester faible, ce qui signifie que le FOMC devrait avoir rempli son double mandat de stabilité des prix et de plein emploi.

Ce cycle de trois baisses permettrait d'obtenir un assouplissement cumulé de 75 points de base (pb), soit le même que celui prévu en 2019, lui-même calqué sur l'ajustement de milieu de cycle effectué au milieu des années 1990.

Les élections américaines pourraient avoir une incidence sur le calendrier et l'ampleur de l'assouplissement

Mais la balance des risques penche clairement en faveur de réductions plus tardives et moins nombreuses. Bien que l'évolution des données soit le facteur déterminant, nous n'excluons pas la possibilité que les élections du 5 novembre aient un impact sur le calendrier et l'ampleur de l'assouplissement.

Par exemple, le FOMC pourrait attendre la réunion de décembre pour réduire les taux de 50 points de base ou les maintenir inchangés, selon que l'on s'attend ou non à ce que le résultat des élections ait un impact important sur les perspectives économiques.

Il est également très probable que le FOMC n'assouplisse pas du tout sa politique cette année. Nous plaçons désormais une probabilité de 40% sur un tel scénario, un risque qui, selon nous, est actuellement sous-évalué par le marché. Et si l'inflation commence à réaccélérer, la prochaine décision du comité pourrait ne pas être une réduction, mais plutôt une augmentation.

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