Grand chamboulement dans les directions des sociétés suisses cotées

Communiqué, Russell Reynolds Associates

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Selon l’étude de Russell Reynolds Associates, les entreprises présentent à la Bourse de Zurich misent à nouveau sur une planification à long terme, ainsi que sur la durabilité.
  • Parmi les plus grandes entreprises suisses cotées en bourse, une entreprise sur cinq a soit changé de directeur ou de directrice l'année dernière, soit annoncé une telle mesure. 
  • 95% des entreprises cotées au Swiss Market Index (SMI) associent désormais une partie de la rémunération de leurs cadres à la réalisation de critères environnementaux, sociaux et de durabilité. 
  • La durée moyenne de présence des femmes au sein des directions est de 3,4 ans, soit presque deux fois moins longue que celle des hommes (6,6 ans). 
  • Depuis le 1er janvier 2023, la part des femmes dans les directions des entreprises cotées au SMI est restée pratiquement inchangée (24,3%), alors qu'elle a augmenté de 5,8% pour atteindre 20,5% dans les entreprises du SMIM.

L’année dernière, les directions des plus grandes entreprises suisses cotées en bourse ont été exposées à des changements majeurs. Selon une étude publiée aujourd'hui par l’entreprise internationale de conseil en leadership et recrutement de dirigeants Russell Reynolds Associates, une entreprise sur cinq a changé de directeur ou directrice, ou annoncé un tel changement. Treize entreprises du SMI et du SMIM ont connu des changements dans trois postes de direction ou plus. 

La pandémie de Covid apporte certaines explications. «Pendant la crise, l'accent a été mis sur les affaires courantes. La continuité et la stabilité étaient de mise, et tout changement au sein des directions était néfaste en ces temps incertains. Aujourd'hui, les entreprises s'orientent à nouveau vers une planification à plus long terme, axée sur la croissance et anticipant les grands défis à venir», indique Cornelia Tänzler, partenaire chez Russell Reynolds Associates. En outre, les recrutements ont été fondamentalement plus difficiles pendant la pandémie, en particulier pour les postes de direction.

De plus en plus d'entreprises misent sur des critères de durabilité pour leur rémunération

Selon l'étude, on observe également une importance croissante des critères de durabilité. En 2023, 19 entreprises du SMI sur 20 (95%) ont conditionné une partie de la rémunération de leurs cadres à la réalisation d’objectifs environnementaux, sociaux et de durabilité. En 2022, elles n’étaient que 75%. En 2021, seulement 40%. UBS, par exemple, veut investir 400 milliards de francs dans des placements durables d'ici 2025 et réduire à zéro les émissions nettes de ses activités. Lonza poursuit sept objectifs de durabilité de l'ONU, chacun sous la responsabilité d'un membre de la direction. Ainsi, l’entreprise vise une représentation de 35% de femmes au sein de sa direction d’ici 2035, et veut réduire de 50% sa consommation d'eau industrielle d'ici 2030. Sur l'ensemble des entreprises du SMI, la part variable de la rémunération totale des dirigeant-e-s liée aux objectifs de durabilité se monte à 6%.

L'étude de Russell Reynolds Associates montre en outre que près d'un tiers des entreprises du SMI ont un Chief Sustainability Officer, ce qui correspond à une augmentation de quatre à six entreprises par rapport à 2022. Parmi les entreprises cotées au SMIM, on constate également une petite augmentation à cet égard: une entreprise de plus, soit 11% au total.

Les femmes restent deux fois moins longtemps que les hommes

Les études antérieures de Russell Reynolds Associates ont montré que la proportion de femmes dans les directions des entreprises cotées au SMI avait presque doublé entre 2021 et 2023, passant de 13% à 24%. L'étude actuelle montre désormais une stagnation de ce chiffre au niveau de l'année précédente (24,3% contre 24,0%). Parallèlement, les entreprises cotées au SMIM rattrapent leur retard: alors que, début 2023, la part des femmes était inférieure d’environ 10% à celle des entreprises du SMI, elle a augmenté de 5,8% cette année pour atteindre 20,5%. L'indice SMIM rejoint ainsi les Pays-Bas (AEX) et le Danemark (OMX 25). La Suisse avait longtemps été en retard par rapport à ses homologues européens, avant de rattraper son retard, en particulier à partir de 2021. Afin que chaque comité de direction atteigne le taux de 20% imposé à partir de 2031, un total de 25 femmes devraient entrer dans les directions d'entreprises du SMI et du SMIM, actuellement sous-dotées, et remplacer les hommes actuellement en poste.

Les derniers chiffres de Russell Reynolds Associates confirment en outre une tendance déjà observée ces dernières années : les femmes qui ont quitté des postes de direction ont occupé leur poste pendant 3,4 ans en moyenne – et restent donc actuellement deux fois moins longtemps que les hommes, qui demeurent en fonction durant 6,6 ans. Aucune des 14 femmes ayant quitté leur poste au cours de l'année de référence ne l'a occupé pendant plus de six ans. En comparaison, parmi les membres de direction qui ont exercé leur fonction pendant 6 ans ou moins, 14 femmes sur 61 (23%) ont quitté leur poste, contre 14 hommes sur 138 (10%) pendant la même période. «Dans de nombreuses entreprises, les femmes sont relativement nouvelles et doivent s'imposer face à des directions dominées par les hommes. On peut s'attendre à ce que le taux de fluctuation observé diminue dès que le nombre de femmes occupant des postes de direction augmentera», explique Corrado Menghini, partenaire et Country Head Switzerland chez Russell Reynolds Associates.

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