Taxe sur les profits des banques: le gouvernement italien corrige le tir

AWP

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Le décret prévoit «un plafond pour la contribution, qui ne peut excéder 0,1% du total des actifs» d’une banque, a annoncé le ministère de l’Economie, soucieux de calmer la tempête boursière.

Les titres des banques italiennes, fortement chahutées mardi, ont repris des couleurs mercredi à la Bourse de Milan, après la décision du gouvernement ultraconservateur de Giorgia Meloni de mettre un plafond à la taxe sur leurs «surprofits».

«Afin de préserver la stabilité des institutions bancaires», le décret prévoit «un plafond pour la contribution, qui ne peut excéder 0,1% du total des actifs» d’une banque, a annoncé mardi soir le ministère de l’Economie, soucieux de calmer la tempête boursière.

La décision surprise de la coalition gouvernementale de droite et d’extrême droite de prélever une taxe de 40% sur les «surprofits» des banques générés par la hausse des taux d’intérêt avait provoqué mardi la dégringolade des titres du secteur financier en Bourse.

Les deux premières banques Intesa Sanpaolo et Unicredit ont ainsi perdu respectivement 8,6% et 5,9% à la clôture. Monte dei Paschi di Siena a dévissé de 10,8%, Bper Banca de 10,9% et Banco Bpm de 9%.

Mercredi après-midi, le secteur bancaire était en hausse à la Bourse de Milan. Intesa Sanpaolo gagnait 2,7%, sa rivale UniCredit grimpait de 4% alors que Banco BPM progressait même de 5,1%.

«Marges injustes»

Les recettes provenant de la taxation des «marges injustes des banques» serviront à «financer des mesures de soutien aux ménages et aux entreprises» qui traversent «une période difficile en raison du coût élevé de l’argent», a fait valoir mercredi Giorgia Meloni.

«Nous avons décidé d’introduire une taxe de 40% sur la différence injuste du revenu net d’intérêts», à savoir la différence entre ce que «les banques vous facturent pour vous prêter de l’argent et ce qu’elles concèdent lorsque vous déposez de l’argent», a déclaré la Première ministre dans une vidéo postée sur Facebook.

Vu l’écart entre les taux d’intérêt des prêts et des comptes courants, «nous avons décidé d’intervenir avec le seul instrument dont dispose le gouvernement, à savoir la fiscalité», a-t-elle expliqué.

«Nous disons depuis des mois que la Banque centrale européenne a tort de relever les taux d’intérêt», et cette taxation en «est la conséquence inévitable», avait assuré mardi le vice-Premier ministre Antonio Tajani.

Les banques italiennes ont vu leurs revenus engendrés par les intérêts s’envoler dans la foulée de la hausse des taux, sans pour autant augmenter la rémunération des comptes courants de leurs clients dans les mêmes proportions.

Recettes limitées

Les banques qui ont «déjà ajusté leurs taux» en réduisant l’écart entre les taux d’emprunt et la rémunération des comptes courants, «ne seront pas affectées de manière significative» par la taxe, a promis le ministère de l’Economie mardi soir.

Après l’intervention du ministère, les économistes ont nettement revu à la baisse leurs estimations concernant les recettes de la taxe.

Plafonner la contribution à 0,1% des actifs «réduit considérablement l’impact de la taxe», ont commenté mercredi les analystes de Jefferies qui estiment désormais le coût total pour les banques à 2,5 milliards d’euros contre 4,9 milliards auparavant.

La taxe sur les «surprofits» des banques, qui devra être réglée d’ici juin 2024, concernera les exercices comptables de 2022 ou 2023.

Le prélèvement de 40% sera effectué soit sur la partie du revenu net d’intérêts de 2022 dépassant d’au moins 5% le montant de l’exercice 2021, soit sur les profits de 2023 pour lesquels le seuil est fixé à 10%.

Banca Generali, contrôlée à hauteur de 50,17% par le numéro un de l’assurance en Italie, a déjà sorti sa calculette. Le directeur financier Cristiano Borean a chiffré son impact à «un peu moins de 20 millions d’euros» pour la banque et «un peu moins de 10 millions d’euros» pour le groupe Generali, soit une somme assez limitée.
 

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