Le dernier accusé du procès Vincenz clame, lui aussi, son innocence

AWP

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Le prévenu âgé de 51 ans s’est défendu d’avoir aidé l’ex-patron de Raiffeisen (photo) à placer des participations occultes dans une entreprise destinée au rachat par la banque.

Le procès de l’ex-patron de Raiffeisen et de ses co-accusés s’est poursuivi mercredi à Zurich après deux semaines de pause. La défense a dénoncé des méthodes «tendancieuses» du Ministère public. Malade lors des premières audiences, un ultime prévenu s’est défendu d’avoir aidé Pierin Vincenz dans l’un de ses délits présumés.

Le co-accusé âgé de 51 ans a contesté avoir aidé l’ex-patron de Raiffeisen à placer des participations occultes dans la société Investnet, destinée au rachat par la banque. Ce rachat a permis à Pierin Vincenz et à son acolyte Beat Stocker de s’enrichir.

«Je ne sais pas comment j’aurais pu me comporter de manière plus correcte», a déclaré le co-accusé face au Tribunal de district de Zurich. Ce dernier conteste le caractère occulte de la participation de Beat Stocker, dont aurait aussi partiellement profité Pierin Vincenz. Son gain de 25% sur le rachat lui aurait été promis, car il voulait s’engager sur le plan opérationnel sans toucher de revenu fixe dans la start-up Investnet.

Beat Stocker «opportuniste»?

Le fait que cette promesse de gain ait finalement été transformée en part actionnariale fructueuse tient à «un changement dans le modèle d’indemnisation», a expliqué le co-accusé aux juges. En revanche, le prévenu a reproché mercredi à Beat Stocker d’avoir renoncé finalement à toute activité opérationnelle, attiré par les sirènes d’un concurrent.

Il lui a donc versé à contre-coeur les 12 millions de francs promis sur la base du contrat passé préalablement avec lui, a-t-il expliqué. Sur cette somme, Beat Stocker aurait fait suivre 2,9 millions à Pierin Vincenz.

Le co-accusé conteste, en outre, que les sommes versées à Beat Stocker et à Pierin Vincenz constituent une contrepartie de leur influence prépondérante en faveur du rachat d’Investnet par Raiffeisen. «Dans une grande banque, les décisions sont prises dans des comités», a-t-il argumenté, contestant par là-même un impact déterminant de l’argent versé aux deux principaux accusés.

Travail «aléatoire» du Ministère public

Jusqu’à présent, la défense a demandé l’acquittement de tous les prévenus. Les plaidoiries de leurs avocats se sont poursuivies mercredi.

L’avocat de Beat Stocker a saisi l’occasion pour reprocher au Ministère public d’avoir enquêté de manière trop grossière et d’utiliser des formulations vagues. Ainsi, le versement de 2,9 millions de francs de son client à Pierin Vincenz serait en réalité un prêt pour l’achat d’une maison, contrat à l’appui, estime l’avocat.

Par ailleurs, le défenseur d’un conseiller en communication de Raiffeisen a clamé l’innocence de son client. Ce dernier avait été invité à Dubaï par Pierin Vincenz en vue de son départ de la banque. L’ex-patron de Raiffeisen avait financé cette invitation d’une valeur de 20’000 francs à travers ses notes de frais.

Dernières audiences en mars

Pierin Vincenz, Beat Stocker et quatre co-accusés ont comparu lors des quatre premiers jours du procès, il y a deux semaines. Les dernières audiences doivent avoir lieu en mars. Elles pourraient s’étaler sur un à quatre jours.

Les deux principaux prévenus sont accusés d’escroquerie par métier, de gestion déloyale, de faux dans les titres et de corruption passive. Le Ministère public a requis six ans de prison contre eux et des peines pécuniaires avec sursis ou sursis partiel contre leurs co-accusés.

Le Ministère public reproche à Pierin Vincenz et à Beat Stocker, ancien patron d’Aduno, d’avoir eu des participations occultes dans des sociétés. Ils auraient ensuite fait racheter ces sociétés par Raiffeisen ou Aduno et auraient ainsi encaissé des bénéfices illégaux.

Pierin Vincenz et Beat Stocker sont aussi accusés d’avoir financé des dépenses privées de plusieurs centaines de milliers de francs à travers des notes de frais. Au total, la somme délictueuse reprochée à Pierin Vincenz est de 9 millions de francs et de 16 millions pour son camarade.

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