La pression continue de monter pour sanctionner les avoirs russes en Suisse

AWP

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«Il y a énormément d’argent provenant de l’élite russe dans les banques suisses. Pour nous, il est vital que la Suisse soutienne la pression mondiale sur la Russie», martèle Alexander Rodnyansky, conseiller du président ukrainien.

Credit Suisse, le numéro deux du secteur bancaire helvétique, réduit son exposition en Russie alors que la pression sur les banques monte en Suisse après un appel en ce sens du président Ukrainien Zelensky.

La banque va cesser de faire affaire avec de nouveaux clients et réduire son exposition dans le pays, a indiqué une porte-parole du groupe à l’AFP, confirmant une information de l’agence Bloomberg sur la base d’un document interne.

Elle va également déplacer des postes hors de Russie et aider ces employés à se relocaliser ailleurs. Elle aide aussi ses clients à détisser leurs liens avec la Russie, touchée par les sanctions, notamment depuis que des banques russes sont coupées du système international de paiement Swift.

Alors que les départs de grandes banques internationales accélèrent, les banques suisses sont sous pression, l’image du pays étant étroitement associée à ce secteur.

Selon le Wall Street Journal, le Comité de surveillance de l’action gouvernementale de la Chambre des représentants aux Etats-Unis a adressé une lettre au patron de Credit Suisse, lui demandant des informations sur la façon dont la banque s’est conformée aux sanctions depuis l’invasion de l’Ukraine.

La pression était déjà montée après une manifestation de soutien à l’Ukraine il y a une dizaine de jours, lorsque le président Ukrainien Volodymyr Zelensky s’était adressé directement à la foule rassemblée à Berne, devant le Parlement.

En vidéo-conférence depuis Kiev, il avait notamment fustigé les banques: «l’argent des gens qui ont lancé cette guerre est dans vos banques. Aidez-nous à lutter contre ça. Pour que ces fonds soient gelés», avait-il lancé sous les applaudissements de la foule.

Large soutien de l’opinion suisse

Dimanche, Alexander Rodnyansky, un de ses proches conseillers, a réitéré son appel, dans un entretien accordé au Blick.

«Il y a énormément d’argent provenant de l’élite russe dans les banques suisses. Pour nous, il est vital que la Suisse soutienne la pression mondiale sur la Russie», a-t-il plaidé.

Depuis que le gouvernement suisse s’est aligné sur les sanctions de l’Union européenne fin février, les banques ont l’obligation de déclarer au ministère de l’Économie les personnes ou entités visées par des sanctions parmi leurs clients.

Mais selon M. Rodnyansky, «cela ne suffit pas». «La Suisse doit, comme d’autres États, rechercher activement ces avoirs. Une grande partie des élites russes continue d’agir dans l’ombre. Elles cachent leurs fonds», a-t-il insisté, estimant que la Suisse doit «intervenir plus fermement».

Selon un sondage publié lundi par l’institut Link, 57% des personnes interrogées en Suisse sont favorables au gel des avoirs de hauts dignitaires russes proches du pouvoir, 26% estimant que les sanctions en la matière ne vont pas assez loin, d’après ce sondage réalisé auprès de 1200 personnes entre le 17 et 21 mars.

La Suisse a jusqu’à présent gelé l’équivalent de 5,75 milliards de francs suisses (5,62 milliards d’euros) d’avoirs russes depuis l’invasion de l’Ukraine, a indiqué la semaine passée un haut responsable du ministère de l’économie.

Mais ces montants sont encore susceptibles d’augmenter au fur et à mesure que les informations fournies par les banques vont lui parvenir, avait-il précisé.

Dans son rapport annuel, Credit Suisse avait estimé son exposition à la Russie à 848 millions de francs suisses à fin décembre 2021, tout en précisant que les montants avaient depuis diminué. Sa concurrente UBS avait elle évalué son exposition à 200 millions de dollars (182 millions d’euros).

Selon une estimation de l’association suisse des banquiers, les actifs transfrontaliers russes détenus par des banques suisses pourraient se chiffrer entre 150 et 200 milliards de francs suisses.

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