Face au ralentissement économique, la BCE prolonge le statu quo

AWP

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La BCE a répété que ses taux ne bougeront pas «jusqu’à l’été 2019 au moins», avant ce qui serait le premier tour de vis monétaire depuis juillet 2011.

Après avoir abandonné son programme de soutien à l’économie, la Banque centrale européenne a prolongé jeudi le statu quo monétaire, tant la conjoncture incertaine la dissuade de programmer dès maintenant une hausse de ses taux.

Lors de sa première réunion après la fin des achats d’actifs nets, l’institut de Francfort a maintenu ses taux directeurs au plus bas, soit à zéro pour le taux de refinancement des banques et à -0,40% sur les liquidités excédentaires déposées au guichet de l’institut.

Et comme attendu, l’institut a promis que ces taux ne bougeront pas «jusqu’à l’été 2019 au moins», avant ce qui serait le premier tour de vis monétaire depuis juillet 2011, une action risquée si l’économie patine.

La plupart des économistes ou acteurs de marché ont d’ailleurs calé leurs attentes de hausse des taux sur un horizon encore plus éloigné, allant de la toute fin 2019 à 2020, voire 2021 pour certains.

«Ni la faiblesse de l’inflation, ni l’incertitude sur le panorama économique européen, ni (l’attitude attentiste) de la Réserve fédérale américaine (Fed) n’invitent à précipiter le débat sur la première hausse des taux en zone euro», résume Bruno Cavalier, économiste d’Oddo BHF.

Plus de risques?

L’avertissement lancé lundi par le Fonds monétaire international (FMI) sur la croissance devrait conforter la BCE dans ce jeu d’équilibriste. Il contraint les observateurs à soupeser chaque mot pour voir si la tonalité s’assombrit.

L’institut de Washington a en particulier raboté la prévision de croissance de la zone euro à 1,6% pour cette année, se montrant légèrement plus pessimiste que la BCE lors de ses dernières prévisions de décembre (+1,7%).

Le président de la BCE Mario Draghi est attendu à partir de 13H30 GMT pour livrer son analyse de la situation économique, dans la foulée d’un nouvel indice inquiétant sur l’activité privée dans la zone euro.

Celle-ci s’est rapprochée en janvier de la stagnation, à son plus bas niveau depuis juillet 2013, selon la première estimation de l’indice PMI composite du cabinet Markit publiée jeudi.

«Nous nous attendons à voir Mario Draghi reconnaître (...) que les risques» pesant sur la conjoncture en zone euro «ont augmenté», prédit Andrew Kenningham, analyste de Capital Economics.

L’inflation en zone euro, seul objectif officiellement fixé à la BCE, a de son côté ralenti comme attendu à 1,6% en décembre, après 1,9% en novembre, en raison surtout d’un recul des prix de l’énergie.

Prêts géants

Sans cette donnée et en excluant les prix de l’alimentation, l’inflation dite «sous-jacente» est restée inchangée à 1,0%. Elle a déjoué les attentes de ceux qui, notamment à la BCE, espéraient voir la hausse des salaires entraîner les prix à sa suite.

Si les choses empiraient, l’institution pourrait même «devoir bientôt dépoussiérer son discours passé en lançant les signaux d’un assouplissement supplémentaire de la politique monétaire», estime M. Kenningham.

Dans l’immédiat et comme la BCE n’ajustera ses propres prévisions macroéconomiques qu’en mars, elle «ne voudra probablement pas paraître trop alarmiste, de peur de perturber davantage des marchés nerveux», juge Florian Hense, de la banque Berenberg.

La réunion jeudi du Conseil des gouverneurs devrait aussi se pencher sur les modalités d’une prochaine vague de prêts géants aux banques. Une échéance importante se profile en juin 2020 pour ces crédits très favorables et assortis de conditions, dont les banques italiennes ont en particulier usé en 2016 et 2017.

Des décisions fermes sur cette nouvelle vague de prêts devraient néanmoins attendre mars ou avril, d’après les analystes.

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