En difficulté, Idorsia sabre ses coûts et supprime des postes

AWP

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Jusqu’à 500 postes pourraient être supprimés dans le cadre de ces mesures, principalement dans la recherche, avertit l’entreprise dirigée par Jean-Paul Clozel.

Face à un chiffre d’affaires qui tarde à se concrétiser, le laboratoire Idorsia doit sabrer ses coûts afin de rediriger ses moyens vers les médicaments clés. Jusqu’à 500 postes, soit plus d’un tiers de l’effectif de la société bâloise, risquent de faire les frais de cette restructuration.

Ces mesures, qui visent à réduire de moitié la combustion de liquidités au siège de l’entreprise, doivent être effectives avant la fin de l’année et les réductions de coûts prendre pleinement effet dès l’année prochaine, a précisé l’entreprise vendredi dans un communiqué.

Idorsia, émanation d’Actelion, a justifié ces coupes par «une situation financière difficile» due à des ventes inférieures aux attentes et un contexte financier tendu. Dans ce cadre, la société va passer en revue son portefeuille de recherche et de produits, afin de retenir ceux pouvant avancer rapidement sans dépenses exagérées. Les autres projets, ne répondant pas aux priorités de la direction, doivent être arrêtés ou intégrés dans un partenariat, voire externalisés par voie d’accords de licences.

Le patron Jean-Paul Clozel a estimé que le somnifère Quviviq, récemment lancé, «va remporter le succès escompté, mais cela va prendre plus de temps que prévu». Le dirigeant s’est dit déçu «de ne pas pouvoir maintenir le niveau actuel des investissements».

Jusqu’à 500 postes, sur les quelque 1300 que compte l’entreprise, pourraient être supprimés dans le cadre de ces mesures, principalement dans la recherche, avertit l’entreprise. Les principales activités seront maintenues au siège d’Allschwil dans la banlieue bâloise. Une procédure de consultation a été lancée avec les syndicats.

En avril, la direction avait laissé entrevoir une perte de près de trois quarts de milliard de francs sur l’ensemble de l’exercice. Elle demeure préoccupée par les besoins de liquidités.

Encore beaucoup de temps

Entre janvier et fin mars, le somnifère Quviviq et le traitement de prévention vasculaire cérébrale Pivlaz avaient généré des recettes de respectivement 4,3 millions et 13,5 millions, auxquelles sont venus se greffer deux millions en provenance des collaborations avec Mochida Pharmaceuticals et Johnson and Johnson. Le chiffre d’affaires total avait été multiplié par plus de quatre à 21 millions.

Les dépenses avaient cependant enflé de 11% à 219 millions, résultant en une perte nette de 212 millions au premier trimestre, contre un déficit de 198 millions un an plus tôt. La trésorerie ne recelait fin mars plus que 212 millions.

Face à ces difficultés, Idorsia a lancé la vente d’actifs en Asie-Pacifique pour 400 millions de francs au japonais Sosei Heptares. L’opération comprend notamment le transfert de propriété du Pivlaz, premier produit commercialisé par le laboratoire à partir d’avril 2022. La transaction couvre également les droits de licence sur le second traitement du groupe à avoir passé le cap d’une homologation, le somnifère Quviviq, dans toute l’Asie-Pacifique à l’exception notable de la Chine.

Idorsia fera le point mardi prochain sur sa performance à mi-parcours.

Selon les analystes de Vontobel, ces mesures, associées à la vente en Asie, sont «la bonne décision». La consommation de trésorerie «est très élevée» et les recettes générées par Quviviq «sont beaucoup plus lentes à se concrétiser», ont-ils ajouté dans un commentaire. Le succès de ce médicament, indiqué chez l’adulte pour le traitement des troubles de l’insomnie, prendra encore beaucoup de temps à se concrétiser et absorbera encore d’importantes ressources financières.

A la Bourse suisse, ces nouvelles ne rassuraient pas les investisseurs. Vers 09h32, l’action Idorsia baissait fortement de 4,9% à 6,41 francs, à contre-courant de la tendance générale (SPI +0,12%).