Budget: la zone euro appelle l’Italie au respect des règles

AWP

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La décision de la coalition populiste au pouvoir en Italie inquiète les marchés.

Le ministre de l’Intérieur Matteo Salvini, le premier ministre Giuseppe Conte, le ministre de l’Economie Luigi Di Maio et le secrétaire du Conseil des ministres Giancarlo Giorgetti. ©Keystone

Les ministres des Finances de la zone euro ont mis en garde lundi l’Italie pour qu’elle respecte les règles de l’UE, quatre jours après sa décision de creuser son déficit au grand dam de Bruxelles.

Ironie du sort, c’est justement le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, dont le budget est aussi surveillé de près par la Commission européenne, qui est intervenu le premier pour rappeler les règles à la coalition populiste au pouvoir en Italie, dont les projets budgétaires inquiètent gravement les marchés.

«Je voudrais souligner qu’il y a des règles. Et ces règles sont les mêmes pour chaque Etat membre de la zone euro, car notre avenir est lié», a dit M. Le Maire, avant une réunion à Luxembourg des 19 ministres des Finances des pays ayant adopté la monnaie unique.

Tout en affirmant qu’«il ne voulait donner de leçons à personne», M. Le Maire a vanté le projet de budget français en dessous du seuil des 3% du Produit Intérieur Brut (PIB) pour 2019 (il devrait remonter à 2,8% l’an prochain, après 2,6% attendus cette année).

«Nous ne prenons pas ces décisions pour faire plaisir à la Commission européenne mais parce que c’est bon pour l’économie française (...) nous le faisons pour la France et aussi pour nos partenaires européens», a-t-il souligné.

Le ministre néerlandais des Finances, Wopke Hoekstra, dont le pays est avec l’Allemagne l’un des chantres de l’orthodoxie budgétaire face aux pays latins traditionnellement plus dépensiers, a estimé que «les signaux reçus (de la part des Italiens, ndlr) jusqu’ici n’étaient pas vraiment rassurants».

«Mais en même temps beaucoup de détails ne sont toujours pas clairs et si j’ai bien compris, les discussions continuent toujours», a-t-il ajouté.

Les grands argentiers de la zone euro et la Commission européenne se sont en effet gardés de toute conclusion hâtive sur le projet de budget décidé jeudi soir par Rome.

«Déviation»

«Nous allons attendre, patienter et adopter une attitude méthodique (...) Nous fournirons une analyse détaillée et réagirons comme les textes nous y autorisent», a déclaré Pierre Moscovici, Commissaire européen aux Affaires économiques. L’exécutif européen devra examiner ce projet à partir du 15 octobre.

M. Moscovici a toutefois noté «une déviation très très significative par rapport aux engagements qui ont été pris».

Le nouveau gouvernement italien a proposé d’établir à 2,4% du produit intérieur brut (PIB) le déficit public pour les trois prochaines années, contre les 0,8% que le précédent gouvernement, de centre gauche, s’était engagé à maintenir.

«Je ne vois pas bien comment ces chiffres sont compatibles avec nos règles», a dit M. Moscovici, précisant qu’«il verrait» le ministre italien des Finances Giovanni Tria «dans l’esprit du dialogue».

«Les règles sont là pour être observées dès lors qu’elles sont intelligentes», a ajouté M. Moscovici.

Le ministre luxembourgeois des Finances, Pierre Gramegna, a quant à lui appelé à «dédramatiser» la question du déficit italien.

Les chiffres annoncés par Rome sont certes «plus élevés que prévus», mais ils sont «en dessous des 3%» du PIB, a dit M. Gramegna.

Bruxelles demande surtout à Rome de maintenir son déficit au plus bas et de réduire sa dette publique qui représente 131% du PIB, le ratio le plus élevé en zone euro après la Grèce.

Questionné à son arrivée sur le message dont il était porteur pour l’Europe, le ministre italien des Finances a recommandé «de rester calme».

Et d’ajouter: «Maintenant je vais essayer d’expliquer ce qui se passe et comment est formulé» le projet de budget.

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