Brexit: court ou long, l’UE doit trancher sur un nouveau délai

AWP

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Les deux poids lourds de l’UE, la France et l’Allemagne, abordent le sommet extraordinaire de Bruxelles avec des approches différentes.

Les 27 de l’Union européenne devraient une nouvelle fois convenir d’un report du Brexit, assorti de conditions et dont la durée reste toutefois à déterminer, lors d’un sommet extraordinaire mercredi soir à Bruxelles, afin d’écarter le spectre d’un «no deal».

Comment éviter une sortie brutale tout en mettant les Britanniques devant leurs responsabilités? Les deux poids lourds de l’UE, la France et l’Allemagne, abordent le sommet avec des approches différentes.

La chancelière Angela Merkel a annoncé, devant son Parlement, une rencontre avec le président Emmanuel Macron avant l’ouverture du sommet «pour accorder encore nos positions».

«Je pense que nous arriverons à un résultat aujourd’hui qui ne sera pas mis en échec par un désaccord franco-allemand», a-t-elle affirmé.

Toujours sans majorité parlementaire en faveur de la ratification du traité de retrait négocié entre Londres et Bruxelles, la Première ministre britannique Theresa May est de retour mercredi pour plaider devant ses pairs l’obtention d’un nouveau report de la date du Brexit, déjà retardé du 29 mars au vendredi 12 avril.

Elle souhaite obtenir un report au 30 juin, et continue d’afficher sa préférence de ne pas participer aux élections européennes (du 23 au 26 mai), une exigence de l’UE si le Royaume-Uni est encore membre après le scrutin.

Avant de se décider, les 27 attendent des clarifications de la part de Mme May sur deux points: l’avancée des discussions avec l’opposition travailliste, dans l’espoir de trouver un compromis qui permette de trouver une majorité au Parlement, et une réponse franche à la question de savoir si elle participera aux élections.

Le président du Conseil européen Donald Tusk, qui rencontrera la Britannique en tête à tête juste avant l’ouverture du sommet, vers 17H30 (15H30 GMT), a rappelé la position de l’UE dans sa lettre d’invitation: s’il ne participe pas au scrutin, le Royaume-Uni ne peut pas se maintenir dans l’Union.

Un projet de conclusions du sommet, vu par l’AFP, laisse en blanc la date cruciale fixant le délai nécessaire pour «permettre la ratification de l’accord de retrait».

Mais il y est précisé que si les Britanniques étaient toujours membres de l’UE à la date des élections européennes, qu’ils n’avaient toujours pas ratifié l’accord de retrait à la veille du scrutin, et qu’ils ne respectaient pas l’obligation d’organiser ces élections, le Brexit aurait lieu le 1er juin.

M. Tusk, qui constate qu’il y a «peu de raisons de croire que le processus de ratification pourra être achevé d’ici à la fin juin», a avancé une solution alternative.

Redoutant un «Brexit sans accord accidentel» et soucieux d’éviter des «sommets Brexit à répétition», le Polonais propose de réfléchir à une «prolongation flexible, qui ne durerait que le temps nécessaire et pas plus d’un an». Elle pourrait être interrompue dès ratification de l’accord de retrait par les deux parties.

«Délai raisonnable»

Angela Merkel, que Theresa May est allée rencontrer mardi, s’est dite favorable mercredi à un report du Brexit au-delà du 30 juin, et veut laisser un «délai raisonnable» au gouvernement et au parti travailliste pour négocier une sortie de crise.

Selon elle la prolongation «doit être aussi courte que possible, mais aussi (...) doit permettre de calmer les choses, pour que nous n’ayons pas à nous occuper de la même question toutes les deux semaines».

La veille, selon une source au sein de son parti, elle avait jugé «possible» un report «jusqu’à début 2020».

Une extension a aussi les faveurs des Pays-Bas, notamment. A l’inverse, selon une source diplomatique, un pays comme l’Autriche estime qu’un report le plus court possible mettrait une plus grosse pression sur le Royaume-Uni pour ratifier le traité.

A la tête du camp des partisans d’une plus grande fermeté, la France estime qu’un délai d’un an serait «trop long».

«Plus la période (d’extension) sera longue, plus les garanties devront être sérieuses» afin de «ne pas mettre en danger le fonctionnement de l’UE», a souligné l’Elysée mardi, une position appuyée par le Premier ministre belge Charles Michel mercredi matin.

D’autant que les prochains mois seront délicats, avec l’installation d’une nouvelle Commission européenne dans la foulée des élections et des discussions sur des dossiers comme le futur budget à long terme de l’UE.

«Il y a des droits et des obligations fixés par les traités et qui sont garantis mais il peut aussi y avoir des engagements sur la façon dont le Royaume-Uni se comporte», a observé un diplomate européen. Il avançait notamment deux «précautions» qui seraient exigées de Londres dans le cas d’une extension plus longue: laisser les 27 se réunir sans le Royaume-Uni, et ne pas bloquer une décision prise à 27, et donc renoncer à faire usage d’un veto ou à participer à une minorité de blocage.

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