Wall-Street se met enfin à écouter les messages envoyés par le marché obligataire, dont les rendements baissent régulièrement depuis quelques temps. Et pourtant la journée commence bien, les indices traitant dans le vert. Cela dit le sentiment était déjà en mode prudence hier matin et l’indice S&P500 (SPX) clôture au plus bas du jour, dans de forts volumes et avec du monde qui se presse à la vente en clôture, lisez: les vendeurs n’ont pas terminé leur travail à la cloche. Le message du marché obligataire est clair: on craint un trop fort ralentissement de l’économie. La courbe des taux américains s’inverse à nouveau, le rendement du 3 mois US se situant ce matin 10 points de base au-dessus du 10 ans. Ceci indique que les intervenants sont plus à l’aise de prêter de l’argent au gouvernement des Etats-Unis à très court plutôt qu’à long terme car ils craignent une récession. Notons que, pour envoyer un signal valable, cette inversion doit durer un certain temps, un jour ne suffit pas. La volatilité remonte fortement, l’indice VIX en hausse de 11% à 17,50, le rendement de l’emprunt US se situe à 2,23%, l’or est stable à 1283 dollars l’once et le baril également, à 58,40 dollars (WTI Light Crude). Le dollar reste recherché, la paire eur/usd à 1,1154. Notons que le SPX se pose juste au-dessus des 2800 points et est proche de sa moyenne mobile à 100 jours (2789). Le Dow Jones casse sa 200 jours à la cloche et l’indice des transports (TRAN) termine sa session à 10'005 points, cela ne s’invente pas. Gardons aussi en tête que ce vendredi ce sera la fin du mois.

Quelques rares secteurs traitent dans le vert, notamment les automobiles et les titres de composants autos, les titres de Fintech et certaines TMT (Telecom, Media, Tech). Les semi-conducteurs reculent encore sauf AMD, qui décolle de 9,8% après une note d’analyste. Intel en fait les frais, qui abandonne 2,2%.

La Chine gardait une carte dans sa manche, elle l’a sorti hier. Selon la presse locale, Pékin est prête à utiliser sa position dominante en matière de terres rares, un matériau chimique dont les Etats-Unis ont grand besoin pour l’électronique et le matériel militaire. 80% des terres rares importées par les USA viennent de Chine. Cela dit, il faut prendre un peu de recul à ce sujet. Les terres rares portent mal leur nom et ne sont pas si rare que cela. Les Etats-Unis pourraient donc se tourner vers d’autres fournisseurs. A court terme certes, cela pourrait avoir un impact négatif, mais probablement seulement à court terme.

Dans le reste de l’actualité macroéconomique, les Etats-Unis continuent à suivre de près la politique de change de plusieurs pays, mais estiment qu’il n’y a pas, à ce stade, de manipulations. La liste comprend la Chine, l’Allemagne, l’Irlande, l’Italie, le Japon, la Corée du Sud, la Malaisie, Singapour et le Vietnam. La Suisse et l’Inde en sortent, a révélé le rapport semestriel du Trésor. En Europe, les tractations continuent pour choisir les nouveaux leaders politiques de l’UE. Elles sont naturellement compliquées.

A 9h55, les investisseurs prendront connaissance des chiffres de l’emploi en Allemagne. A 16h00, place à une décision de politique monétaire de la Banque centrale du Canada et à l’indice manufacturier de la Fed de Richmond aux États-Unis.

Cette nuit et ce matin en Asie, la plupart des indices sont en baisse, à l’exception notable de…Shanghai, qui progresse légèrement. Tokyo abandonne 1,21% à la cloche, pénalisée par ses exportateurs, le yen remplissant son rôle de valeur refuge et repartant à la hausse. Ambiance de douche froide en Europe avec l’Eurostoxx qui abandonne 1%, pénalisé principalement par les secteurs de la santé et de la consommation. Le future SPX fait également grise mine et abandonne 18 points. Sa moyenne mobile à 100 jours sera probablement testée cet après-midi.