Gonet: l'actualité des marchés au 8 février

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

5 minutes de lecture

Nasdaq +0,57%, Dow +0,30%, SPX +0,39%, Russell +1,4%, SOX -0,78%, Eurostoxx +0,37%, SMI -0,97%.

Wall Street tacle les ours une fois de plus, pour clôturer une semaine que ces derniers voudront vite oublier. Les indices S&P500 (SPX), Dow Jones et Russell2000 (RTY) ne vivent pas une seule journée de baisse la semaine passée. On atteint de nouveaux records historiques vendredi soir sur le SPX, le RTY et le Nasdaq100 (NDX). Le RTY est en forme olympique, qui s’adjuge 7,8% sur la semaine et grimpe de 13% depuis  le début de l’année, l’armée entraîne les généraux avec elle sur la colline. Rendez-vous compte, ce segment du marché a grimpé de 130% depuis ses bas du mois de mars... Les statistiques macro-économiques du jour sont troublantes, voire décevantes? Tout le monde, mais alors absolument tout le monde s’en fiche. Le marché regarde la fameuse lumière au bout du tunnel, dont on croyait il fut un temps proche qu’elle avait été éteinte faute de budget. Cette lumière brille un peu plus chaque jour, alimentée par le rythme des vaccinations qui s’intensifie autour du globe. Le plan de relance économique de Joe Biden est en vue, qui améliore lui aussi le sentiment général. Ajoutez à ceci une saison des résultats de sociétés au quatrième trimestre qui se déroute bien, saupoudrez de soutien monétaire indéfectible par les banques centrales et vous obtenez un énorme piège à ours.

C’est une semaine réellement historique que les marchés d’actions ont vécue. 437 des 500 firmes du SPX la clôturent en hausse. Aucune baisse hebdomadaire à deux chiffres à signaler. 66 firmes progressent de plus de 10%. Parmi les 82 sous-secteurs du SPX, seuls deux terminent la semaine dans le rouge (HMOs et Healthcare). C’est du lourd…Les principaux gagnants de la semaine sont les valeurs du cannabis (+27%), les cartes de crédit (+13,5%), les casinos (+13,3%), les actions de voyagistes (+13,2%), les titres chinois cotés au NYSE (+11,2%), les hôtels (+11,1%), la Fintech (+10,7%) et les réseaux sociaux +10,6%). Vendredi les volumes d’échanges continuent de ralentir progressivement avec 13,62 milliards de titres traités sur le NYSE. On continue d’observer des couvertures de positions shorts (vendues à découvert) et la volatilité s’écrase encore un peu, le VIX (volatilité du SPX) reculant de 4% à 2,87. Ca lui fait quand même une chute de 37% sur la semaine et même de 44% sur 7 jours. Le «GameStop Gate» est passé par là, cette chute sur 7 jours est la seconde plus importante de l’histoire du VIX. Gardez-le à l’œil, même si tout un chacun dans les salles de marchés considère l’affaire Gamestop comme un épiphénomène. À noter que la volatilité du Russell2000 termine sa séance en légère hausse, malgré la bonne tenue de l’indice.

Seulement 49’000 postes de travail ont été créés en janvier par l’économie américaine alors qu’elle en détruisait 227’000 détruits en décembre. Les investisseurs accueillent sans émoi ces chiffres de l’emploi décevants en estimant qu’ils sont de nature à inciter le Congrès américain à adopter le plus vite possible le nouveau plan de soutien à l’économie. Les créations de postes non-agricoles sont ainsi ressorties à seulement 49’000 en janvier, alors que le consensus était remonté à près de 100’000 selon FactSet, suite aux derniers ajustements d’économistes. Les créations de postes dans le privé sont ressorties à seulement 6’000, alors qu’elles étaient anticipées à 97’500. De plus, les chiffres de décembre ont été révisés à la baisse avec 227’000 destructions d’emplois contre 140’000 destructions initialement annoncées. En janvier, le salaire horaire moyen n’a progressé que de 0,2% sur un mois, contre un consensus de 0,3%. La hausse ressort à 5,4% sur un an. Le taux de chômage est néanmoins ressorti en forte baisse, à 6,3%. Le consensus s’attendait à une stabilité par rapport à décembre, soit 6,7%.

Joe Biden veut accélérer l’adoption de son plan de 1’900 milliards de dollars. Le Sénat a ainsi adopté vendredi par 51 voix contre 50 un texte de procédure budgétaire permettant de faire approuver en urgence («fast tracking») le plan avec une majorité simple de 51 voix. Alors que les Républicains proposent un plan réduit de 618 milliards de dollars, Joe Biden réaffirme sa volonté de maintenir son plan de 1’900 milliards. «Je ne vais pas diminuer le montant du chèque destiné aux Américains. Ce sera 1’400 dollars, point», lance notamment le président, au sujet du volet d’aide directe prévu par son plan. Le président des Etats-Unis estime qu’il est plus important d’investir massivement dans l’économie que de se préoccuper du déficit budgétaire. «Si l’on ne débloque pas une aide suffisante, sortir de la crise sera plus long», prévient-il, avant de critiquer l’orthodoxie budgétaire défendue par le parti républicain.»Dire aux Américains qu’on ne peut pas disposer de l’argent pour les aider est tout simplement faux», conclut Joe Biden.

Janet Yellen vante les mérites du plan de 1’900 milliards de dollars que Joe Biden souhaite lancer pour soutenir son économie. Madame Yellen indique que les États-Unis peuvent revenir au plein emploi en 2022 si leur plan d’aide est suffisamment solide. Elle affirme à CNN que, sans une aide adéquate, il pourrait falloir attendre jusqu’en 2025 pour que le marché du travail se rétablisse. Ce n’est pas la première fois que l’ancienne patronne de la Fed martèle que les Etats-Unis doivent frapper fort. Cette détermination plait au marché, qui apprécie l’envie du nouveau président d’investir massivement, notamment dans les infrastructures. Comme pour faire écho à Madame Yellen, le marché obligataire se met lentement mais surement en mode «retour annoncé de l’inflation». Le US Breakeven Rate à 10 ans grimpe à 2,20% et dépasse légèrement son top de 2018. La poussière du coronavirus retombe doucement, le plan de relance américain se profile à un horizon court terme et le pétrole illustre chaque jour un peu plus l’espoir croissant que l’économie va redémarrer rapidement, le baril de WTI Light Crude évolue à 57,37 dollars ce matin.

En Europe, Christine Lagarde prédit que la reprise du vieux contient s’accélérera cet été. Dans des interviews aux médias français, la patronne de la BCE (Banque Centrale Européenne) se dit confiante que la région peut sortir plus forte de la crise, mais indique que les décideurs politiques devront retirer progressivement leur soutien monétaire et fiscal dans une «sortie en douceur» le moment venu.

En Italie, Mario Draghi entame aujourd’hui un deuxième cycle de discussions avec les partis concernées. Il  devrait également rencontrer les syndicats et les lobbies des entreprises. Si tout se passe bien - comme c’est le cas depuis qu’il a été choisi pour former le prochain gouvernement italien - l’ancien chef de la BCE pourrait annoncer ses choix de cabinet cette semaine avant de faire face à des votes de confiance dans les deux chambres du Parlement. À ce stade, seul le parti d’extrême droite Frères d’Italie pourrait se retrouver en dehors de la coalition.

La situation sanitaire continue de s’améliorer aux Etats-Unis avec un recul continu du nombre de nouveaux cas de Covid et d’hospitalisations, malgré des inquiétudes concernant le rythme de propagation des nouveaux variants du virus. En un mois, le nombre de nouveaux cas quotidiens a chuté d’environ 60%, tandis que les hospitalisations ont reculé de plus de 40%, selon les autorités sanitaires. Les fabricants de vaccins travaillent sur un nouveau vaccin pour combattre la souche sud-africaine, après que le traitement d’AstraZeneca n’ait montré qu’une efficacité limitée. Il y a «une chance raisonnable» que les vaccins restent en avance sur les mutations, déclare Scott Gottlieb, ancien chef de la FDA. Le Royaume-Uni est en bonne voie pour vacciner tous les plus de 50 ans d’ici mai. L’Allemagne va probablement prolonger sa quarantaine et la plus grande ville de Norvège, Bergen, va se mettre en quarantaine pendant une semaine.

Peu d’indicateurs aujourd’hui, hormis la production industrielle allemande de décembre, qui manque les attentes mais est révisée à la hausse au mois de novembre.

Cette semaine, les investisseurs continueront de scruter les résultats de sociétés, qui s’avèrent solides jusqu’à maintenant (84 firmes du SPX sont attendues). Les sujets de la semaine ne changent pas avec les attentes de relance budgétaire et l’impact de la hausse des vaccinations, alors que l’attention sur la frénésie de la bourse GameStop s’estompe.
Renesas veut racheter Dialog Semiconductor à 67,50 euros l’action. AstraZeneca développe un nouveau vaccin contre le «variant sud-africain» du coronavirus. L’Afrique du Sud suspend l’utilisation du vaccin initial. Hyundai et Kia coupent court aux rumeurs: il n’y a plus de discussions avec Apple dans les véhicules électriques. GameStop a perdu 80% sur la semaine écoulée. Sika rachète un fabricant de mortier en Russie. Luckin Coffee, le «Starbucks chinois», se place en faillite aux Etats-Unis. Barron’s est positif sur Danone. Le programme de rachat de 4 milliards de francs d’actions propres d’UBS sur trois ans débute aujourd’hui. Berenberg relève ABB à Hold, target 25 francs. La justice ordonne à Veolia de ne pas lancer d’offre publique sur les titres de Suez qui ne soit pas auparavant approuvée par le conseil d’administration de Suez, indique ce matin un porte-parole de Suez. Veolia a annoncé dimanche vouloir déposer une offre publique d’acquisition sur l’intégralité des actions de Suez malgré l’hostilité de ce dernier, une opération qui valoriserait l’entreprise à 11,3 milliards d’euros.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent globalement en hausse. Tokyo progresse de 2,12% à la cloche, Hong Kong avance de 0,33% et Shanghai gagne 1,03%. Séoul recule de 0,93%. Le future SPX progresse de 15 points et l’Europe est indiquée en hausse de 0,7% à l’ouverture de 9 heures. C’est une semaine qui débute sous le sceau de l’appétit au risque. L’or reste cantonné à 1813 dollars par once, même si le thème de l’inflation refait lentement surface, le rendement de l’emprunt US à 10 ans poursuit sa hausse et atteint 1,18%. Le dollar est stable ce matin, à 1,2038 contre euro.

A lire aussi...