Gonet: l'actualité des marchés au 26 mars

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,41%, S&P 500 -0,31%, Nasdaq -0,27%, Russell +0,10%, SOX -0,34%, Eurostoxx +0,26%, SMI -0,13%.

Satané marché, il nous fait le coup chaque année. La semaine précédant Pâques est ennuyeuse au possible, on navigue aux instruments entre deux saisons de résultats trimestriels de sociétés. La macro n’a pas grand-chose à nous dire, les banques centrales, Fed en tête, l’ont plus ou moins fait à sa place la semaine passée, du coup on s’ennuie et on se met à discuter de Super Micro (SMCI qui gagne encore 7,2% hier), Reddit (RDDT +29,8%) ou encore de la fusion plus que douteuse entre Trump Media & Technology Group (TMTG) et le SPAC Digital World. À ce dernier sujet, Barron’s publie un article démontant patiemment en 5 points le cas d’investissement de cette farce boursière.

Wall Street est calme hier, les indices évoluent peu, on note toutefois une timide échappée du Russell2000 (RTY, les petites capitalisations), le podium du jour de l’indice S&P500 (SPX) se compose de l’énergie, des utilities et des materials. Les mastodontes de la tech sont en retrait, hormis peut-être Nvidia et Tesla, qui grappillent toutes deux quelques miettes supplémentaires. Les rendements obligataires remontent légèrement, le 10 ans US traite ce matin à 4,24%, le dollar faiblit un chouia, la paire EUR/USD à 1,0841 aujourd’hui, l’or revient à 2173 dollars l’once et le baril de WTI Light Crude se maintient au-dessus de 80 dollars.

Les Fed Funds sont un peu moins optimistes ce matin quant aux probabilités d’une première baisse de taux par la Fed le 12 juin (63%). La faute à Lisa Cook? La gouverneure de la Fed et membre votant au FOMC indique que: «Les risques liés à la réalisation de nos objectifs en matière d'emploi et d'inflation s'équilibrent, néanmoins le rétablissement complet de la stabilité des prix pourrait nécessiter une approche prudente de l'assouplissement de la politique monétaire au fil du temps».

On s’ennuie ferme sur les parquets de trading d’actions, en revanche il y a une bourse où ça balance pas mal ces jours et particulièrement hier: l’Intercontinental Exchange où ICE, qui héberge notamment le trading du cacao, dont les futures continuent de progresser à la hausse et accélèrent même hier en décollant de 7,9% pour atteindre 9649 dollars par tonne métrique à New York, leur gain le plus important jamais enregistré. Le 1er janvier 2024, le cacao traitait légèrement en-dessous de 4200 dollars. Cette hausse record semble susceptible de déclencher une véritable crise de l’approvisionnement en chocolat, le cacao vit sa pire pénurie d’approvisionnement en 40 ans, la production en Afrique de l’ouest diminue, les maladies et les pénuries d’engrais l’ont freinée, le marché fait face à une troisième année consécutive de pénurie. Résultat des courses, le cacao est désormais plus cher que le cuivre… Dans chaque rallye durable des prix des matières premières, il y a un moment où les fondamentaux (l'offre, la demande, les stocks) ne comptent plus. Le coût des sous-jacents, qu'il s'agisse d'énergie, de denrées alimentaires ou de métaux, cesse d'être un prix et devient un simple chiffre. Le marché devient désordonné. Il semble que ce moment soit arrivé pour le cacao hier.

Un phénomène peut expliquer l’accélération à la hausse observée ces derniers temps. Les négociants en cacao qui détiennent des positions longues sur le marché physique couvrent (protègent) ces positions en prenant des positions inverses (short) sur le marché des futures. Lorsque le marché se comporte normalement, les pertes en futures sont compensées par les gains des positions physiques et les entreprises utilisent leur trésorerie pour répondre aux appels de marge. Le problème aujourd’hui, c’est qu’avec cette hausse vertigineuse, la trésorerie ne suffit bien souvent pas, il faut donc racheter des futures pour fermer tout ou partie des positions shorts, phénomène qui alimente la hausse, on est probablement en plein dedans. Des firmes comme Mondelez ou Hershey en pâtissent quelque peu hier, reculant de 2 à 3%. Ce matin Lindt & Spruengli n’égare que 0,3%, il faut dire que la firme semble avoir très bien couvert son exposition au cacao, le marché fait le tri c’est un bon signe.

Cette digression par le cacao ne saurait être complète sans aborder La question qui vous taraude tous j’en suis convaincu: quid du prix du lapin de Pâques en Suisse cette année? Et bien figurez-vous que point de hausse cette année il n’y aura au niveau des artisans, Joyeuses Pâques un peu à l’avance donc.

Certains dirigeants américains présents à Pékin pour un sommet commercial réorganisent leur emploi du temps après avoir reçu une invitation à une réunion demain avec un dirigeant chinois de premier plan - dont on s'attend à ce qu'il s'agisse de Xi Jinping. Le yuan offshore progresse après que la PBOC a signalé son soutien à la monnaie pour le deuxième jour, déplaçant son fixing de 0,1% plus haut.

Marko Kolanovic de JPMorgan déclare que des réductions de taux et une croissance saine des bénéfices sont nécessaires pour justifier les valorisations actuelles. Merci à lui pour cette annonce visionnaire.

Vladimir Poutine accuse pour la première fois des militants islamistes d'être à l'origine de l'attentat de Moscou, tout en continuant à chercher à lier l'Ukraine et l'Occident à cette atrocité.

Au menu macro-économique du jour aux Etats-Unis les commandes de biens durables (13h30) précéderont l'indice FHFA des prix immobiliers (14h00) et les indices de la Fed de Richmond et du Conference Board (15h00). 

Boeing pourrait se tourner vers un CEO extérieur pour faire face à la spirale de la crise, après la démission de ses principaux dirigeants. Apple, Google et Meta visés par les premières enquêtes de l'UE dans le cadre de la loi sur les marchés numériques. CATL est en pourparlers avec Tesla et d'autres constructeurs automobiles pour l'obtention d'une licence aux États-Unis, selon le Wall Street Journal. Lufthansa confiant dans la réalisation de l'opération ITA en 2024 après avoir obtenu le feu vert de l'UE. Partners Group lance un nouveau fonds secondaire de capital-investissement de 12 milliards de dollars. La bataille des banques en Espagne : BBVA réduit l'écart avec Banco Santander. Le fondateur de WeWork, Adam Neumann, soumet une offre de 500 millions de dollars pour racheter la société, selon le Wall Street Journal. 

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé et sans grande conviction. Tokyo égare 0,04% à la cloche, Hong Kong progresse de 0,88%, Shanghai avance de 0,17%, Séoul monte de 0,71% et le Nifty50 rend 0,22%. Le future SPX gagne 12 points et l’Europe ouvre en léger repli.

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