M. Jair Bolsonaro a remporté le second tour de l'élection présidentielle brésilienne. L’ancien capitaine d’armée et membre du Congrès de longue date a recueilli 55,1% des suffrages, tandis que son adversaire, M. Fernando Haddad du Parti des travailleurs (PT), a terminé avec 44,9%. Ces résultats sont à peu près conformes aux derniers sondages et ne sont donc pas une surprise. 

Cependant, les élections au niveau fédéral ont contribué à accroître l’influence politique de M. Bolsonaro, comme cela s’était déjà passé lors du premier tour. Son parti (PSL) a remporté le poste de gouverneur dans trois États. En outre, les candidats qui l'ont soutenu ont été élus dans la plupart des États ayant connu des débordements hier, y compris dans les trois grands États du Sud-Est (São Paulo, Minas Gerais et Rio de Janeiro, qui représentent ensemble 41,5% de l'électorat). Par conséquent, mis à part la fin de l'incertitude concernant l'élection présidentielle, les marchés locaux seront probablement ravis du fait que les résultats obtenus au niveau local pourraient aider M. Bolsonaro à constituer une vaste coalition au Congrès et à progresser dans les réformes structurelles. 

Le marché va maintenant se concentrer sur les nominations au ministère et aux postes économiques clés. Nous nous attendons à ce que M. Paulo Guedes forme une équipe économique composée principalement de dirigeants respectés du secteur privé et des marchés financiers, qui sera susceptible d'être bien accueillie par les marchés. Il est également possible que certains membres du personnel gouvernemental actuel soient invités à rester. Nous pensons que cela serait positif, car permettant une transition plus en douceur et, plus important, cela apporterait plus d'expérience au secteur public. Parmi les noms qui pourraient être invités à rester à leur poste, deux seraient particulièrement importants pour améliorer la perception du marché sur le nouveau gouvernement : le président de la Banque centrale, M. Ilan Golfajn, et le secrétaire au Trésor, M. Mansueto de Almeida. 

Le marché surveillera également avec le plus grand soin les détails des réformes structurelles et des politiques qui seront proposées. M. Guedes a promis un programme audacieux comprenant la réforme de la sécurité sociale et de la fiscalité, les privatisations, la déréglementation, l'indépendance des banques centrales et la libéralisation du commerce extérieur. Cependant, jusqu’à présent, ces projets sont restés vagues et l’on peut se demander jusqu’à quel point M. Jair Bolsonaro et son entourage politique seront disposés à appuyer le libéralisme économique de M. Guedes. Néanmoins, nous pensons que le résultat le plus probable des négociations internes sur les politiques macro-économiques et les réformes structurelles sera également positif pour les marchés, donnant un nouvel élan à la reprise à court terme des actifs brésiliens. 

Les principaux défis viendront plus tard, avec l'assemblage du nouveau Congrès et le début du débat sur les réformes. Alors que la nouvelle coalition gouvernementale aura probablement le contrôle des deux chambres du Congrès, certains des changements les plus nécessaires, notamment la réforme cruciale de la sécurité sociale, nécessitent une majorité qualifiée. Dans ce cas, le gouvernement devra compter sur la coopération de partis susceptibles de devenir indépendants ou de faire partie de l'opposition. Le Congrès sera extrêmement fragmenté, avec 30 partis représentés. En outre, malgré sa dominante victoire, M. Bolsonaro reste une figure de division dans une société qui semble plus polarisée que jamais. Pour réussir, il devra faire preuve de beaucoup de talent politique, et passer de son rôle habituel de populiste brandon de discorde et provocateur au rôle de rassembleur et d’aqent de coalition. 

En résumé, malgré les risques et les incertitudes, les marchés locaux vont probablement continuer à s’améliorer à court terme, à mesure que la transition commence et que les détails concernant le nouveau gouvernement seront connus.