Une nouvelle ère

Nicolette de Joncaire

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Changement de génération mais hommage aux fondateurs pour Notz Stucki qui sera désormais NS Partners. Entretien avec Angel Sanz.

Pendant plus de cinquante ans, Notz Stucki a mené sa barque sous le nom de ses fondateurs, Beat Notz et Christian Stucki. La firme s’appelle désormais NS Partners, un changement qui marque une nouvelle ère, avec un clin d’œil au passé. Mais au-delà de la marque, bien d’autres éléments ont évolué. Après avoir été l’un des pionniers de la sélection de gérants externes et de la multigestion, NS Partners a développé une équipe de talents internes et une gamme de stratégies single managers sur plusieurs thématiques porteuses.  Entretien avec Angel Sanz, CIO, membre du comité exécutif et responsable de l’asset management.

Pourquoi avoir éprouvé le besoin de changer de nom?

Ce nom reflète deux aspects. Un changement générationnel avec l’arrivée de nouveaux partenaires mais aussi un hommage aux fondateurs dont nous avons conservé les initiales. Plusieurs évolutions significatives ont marqué les dernières années, dont l’arrivée au comité exécutif de Cédric Dingens, de Frédéric de Poix ainsi que la mienne. NS Partners entérine donc le renouvellement de l’équipe de direction et du conseil d’administration mais reflète aussi la diversification des activités qui s’est développée dans les dix ou douze dernières années.

Pouvez-vous nous en dire plus sur ce sujet?

Il y a une douzaine d’années, NS Partners était focalisé sur la gestion privée avec un biais très particulier en faveur des fonds alternatifs gérés par quelques légendes de la finance mondiale comme Michael Steinhardt ou George Soros. Ce biais presque exclusif sur les hedge funds n’est plus. Le deuxième moteur de la gestion d’actifs est désormais constitué par une série de fonds long only gérés par une nouvelle génération de talents internes. Aujourd’hui NS Partners est fondé sur trois piliers: la gestion privée, la gestion d’actifs long et sous forme de hedge funds et la ManCo, ou gestion des fonds d’investissement de droit luxembourgeois.  

Notre asset management est donc pour moitié en hedge funds et pour moitié en long only.
Quelles stratégies long only avez-vous ainsi développées à l’interne?

Sous la direction de Pierre Mouton, notre équipe gère 400 millions de dollars d’actions mondiales – dont notre fonds flagship doté de 5 étoiles Morningstar -, 350 millions dans 3 multi-stratégies et encore 350 millions au sein de portefeuilles thématiques qui s’intéressent au luxe, à la medtech, à l’énergie propre et à la digitalisation. Auxquels il convient d’ajouter encore une stratégie multithématique. Sans oublier bien évidemment les obligations, les actions suisses et les actions US pour arriver au chiffre magique de 1,5 milliards en stratégies long only. En résumé, notre asset management est donc pour moitié en hedge funds et pour moitié en long only, pour un ensemble sous gestion de l’ordre de 3 milliards de dollars.

Et quelles nouveautés sur les hedge funds?

Nous avons lancé l’an dernier un fonds à stratégie «absolute return» de 85 millions dont une moitié est investie en fonds asiatiques. Cette année, ce fut le tour d’un long/short chinois. Compte tenu des circonstances, mieux vaut être bien hedgé… Le long/short se prête bien à ce type de risque.

Ce qui amène à vous demander comment sont répartis les actifs entre vos différentes activités.

La gestion privée représente un montant de l’ordre de 5 milliards de dollars, la gestion d’actifs compte environ 3 milliards et notre ManCo contrôle 5 milliards de dollars dont 3 milliards de fonds pour compte de tiers et 2 milliards de nos propres fonds. Notez à ce propos que certains mandats, les certificats et les fonds de droit suisse n’entrent pas sous la responsabilité de la ManCo.

NS Partners se positionne résolument comme consolidateur de gérants indépendants.
A propos de certificats, quel usage en faites-vous?

Les certificats nous servent en quelque sorte de plateformes-pilote. Traditionnellement, nous émettions uniquement des fonds mais désormais nous diffusons aussi des certificats, ce qui est bien plus rapide, beaucoup moins couteux, et nous permet de tester nos idées. Prenons quelques exemples: le 15 mars 2020, nous avons pris la décision d’ouvrir un produit medtech. Le 30 mars le certificat était prêt. Même chose fin août 2020 pour l’énergie propre. Ces certificats sont ainsi rapidement disponibles pour les investisseurs intéressés sans que soit nécessaire la lourde mise au point préalable au lancement d’un fonds. Nos trois divisions vendent ainsi ces certificats, chacune à sa propre clientèle. Si le produit fait ses preuves, il sera temps d’en faire un fonds pour offrir différentes classes, par devise et par type de clientèle.

L’ESG est devenu une étape indispensable. Où en êtes-vous?

Notre portefeuille clean energy est typique de l’orientation que nous avons choisie. Nous avons aussi mis en place NS Impact par le biais duquel, chaque année, certains montants sont dévolus à plusieurs associations et fondations en Suisse mais il s’agit là plutôt de philanthropie que d’ESG.

Votre ManCo est-elle vouée à croitre? De quelle manière?

Avec 5 milliards sous sa responsabilité, elle est déjà de taille moyenne et se distingue par son aptitude à gérer des fonds de nature très diverse: UCITS, SIF-RAIF, fonds de private equity, fonds immobilier, fonds d’infrastructure. Avec une équipe de 25 personnes, elle gère 30 fonds externes et pourrait aisément en gérer le double – elle vient d’ailleurs de gagner un mandat de 800 millions de dollars. Or, il existe à l’heure actuelle pléthore de petites ManCo luxembourgeoises peu profitables car elles peinent à atteindre une taille critique. Le potentiel d’acquisition, et donc de croissance, est bien présent. Et nous y sommes attentifs.

Cherchez-vous encore à vous profiler en consolidateur sur le marché des gérants indépendants suisses?

NS Partners se positionne résolument comme consolidateur de gérants indépendants. Nous avons mis en place tous les moyens pour accueillir de nouveaux gérants, plus particulièrement sur le plan digital et avons lancé NS Connect, une plateforme d’où les clients peuvent surveiller leurs comptes. Par ailleurs et parce que notre effort ne s’achevera pas de sitôt, nous venons d’engager un nouveau COO, Christophe Verbaere dont le background technique est plus qu’impressionnant. D’ores et déjà, nous pourrions gérer le double d’actifs tant en hedge funds qu’en long only avec les ressources existantes. Il parait clair que les nouvelles dispositions réglementaires vont encourager la consolidation. Ces dernières années, les marchés étaient bons ce qui a permis aux petits gérants de tenir mais comme le disait Warren Buffet «ce n'est que lorsque la marée descend que l'on découvre qui nageait nu».

 

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