On rebat les cartes boursières en ce début de mois de juillet. La tech marque une pause bien méritée, imposée par notamment Nvidia (NVDA -2,97%), Meta (META -2,56%) et Tesla (TSLA -5,34%). Cette dernière fait une énième fois les gros titres pour de mauvaises raisons, j’y reviens. Notons au passage la hausse de 1,29% d’Apple, qui a été ostracisée par des intervenants bien ingrats depuis le mois d’avril, je suggère à ces courts-termistes d’opérette de vérifier la configuration technique du titre à la pomme, qui s’améliore presque imperceptiblement depuis quelques jours. L’indice S&P500 (SPX) réalise lui aussi un faux départ, moins prononcé que le NDX mais le deuxième semestre de 2025 démarre bel et bien dans le rouge pour les deux plus importants indicateurs boursiers de la planète. En revanche, si l’on se tourne vers le S&P500 équipondéré (SPW), c’est un tout autre spectacle auquel on assiste avec un fort joli +1,12% à la cloche d’hier, qui suffit à lui seul à confirmer que le FOMO (Fear Of Missing Out) reste bien présent dans les esprits Downtown Manhattan, hier il s’agissait simplement de laisser les cadors souffler, l’armée est montée sur la colline, ce ne sont pas quelques généraux en permission qui l’empêcheront de poursuivre sa marche.
Tiens, en parlant d’armée, gardez un œil sur les petites capitalisations américaines, elles aussi envoyées au coin par le marché depuis plusieurs mois. Le Russell2000 (RTY) est en train de revenir en force, notamment d’un point de vue technique, il testait sa moyenne mobile à 200 jours depuis quatre séances et la casse sans appel hier soir, sans toutefois entrer en territoire suracheté. Le RTY a du rattrapage à effectuer, depuis le jours de la libération de qui vous savez (2 avril, happy trois mois!), il a récupéré 7,8% contre 9,66% au SPX et surtout 15% au NDX.
La volatilité est partie se reposer en Sardaigne, la torpeur générale semble s’emparer des intervenants, le dollar se stabilise à 1,1778, l’or est calme ce matin, l’once évolue à 3330$, le pétrole fait dodo à 65,44$ le baril de WTI Light Crude et le rendement du 10 ans US remonte légèrement, ce matin à 4,27%.
C’est officiel, Tesla rachète le célébrissime Muppet Show. Désormais dans le rôle des deux vieux qui s’écharpent au balcon : Donald Trump et Elon Musk. La première d’hier est un succès mondial, Trump menaçant de couper les subventions fédérales à Tesla et Space-X, voire de déporter Musk (il parle hier «d’examiner cela»). La colère du président des Etats-Unis contre son désormais ex meilleur ami est due à l’opposition de Musk contre le projet de loi BBB (Big Beautiful Bill). Du coup le boss de Tesla menace de soutenir l’opposition à Trump et évoque la création possible d’un nouveau parti politique, ce matin sur Polymarket les probabilités que cela se réalise en décembre sont à 44%.
Tentons de revenir sur terre et abordons l’épineux sujet de la guerre commerciale du grand blond aux idées noires. Cela fait pile trois mois qu’il a brandi son «tableau des punitions» à la face du monde, ce qui a alors provoqué un retour bref mais marqué de la volatilité sur les marchés d’actions, avant que le grand frère obligataire ne siffle la fin de la récré à deux reprises et force le locataire de la Maison-Blanche à mettre beaucoup d’eau dans son vin, c’était le début du fameux TACO (Trump Always Chickens Out). Je ne suis pas agrégé de mathématiques, mais il me semble que le compte n’y est pas. L’administration américaine avait annoncé 90 accords tarifaires en 90 jours, en l’état elle en est à 2 bancals en 83 jours. Je sais, nous sommes pile 90 jours après le jour de la libération, mais dans l’intervalle, TACO oblige, le délai a été repoussé au 9 juillet. Un premier accord bancal a été conclu par les Etats-Unis avec le Royaume-Uni, qui n’inclue pas l’acier, c’est ballot. Un peu plus tard c’est avec Pékin que Washington s’est entendue, mais pour seulement 90 jours. En l’état, les droits de douane moyens restent à 15% pour livrer aux Etats-Unis, contre 2,5% à 3% avant Trump. Les effets potentiels sur la croissance américaine, son inflation et les résultats de sociétés restent donc à voir. Petit rappel, le 9 juillet c’est dans 7 jours, il reste encore 88 pays, la Chine à prolonger et le dossier de l’acier avec le Royaume-Uni, bonnes vacances d’été Donald…
Ce d’autant qu’il n’a pas que ça sur le feu le président des Etats-Unis, son BBB (Big Beautiful Bill) semble sur le point de passer la rampe. Wimbledon oblige, elle a besoin d’aller au tie break pour s’imposer au Sénat la nuit passée avec 51 voix contre 50. Retour à la chambre des représentants donc, le président veut pouvoir la promulguer ce vendredi 4 juillet, jour de la fête nationale aux Etats-Unis qui célèbrent leur indépendance à cette occasion.
On le constate, c’est encore et toujours le bazar à Washington et, par ricochets, dans le monde. La guerre commerciale est loin d’être réglée, le budget des Etats-Unis va creuser encore plus la dette du pays, les résultats trimestriels des sociétés américaines vont commencer à tomber dans deux petites semaines et l’économique semble tenir le coup, du moins pour l’instant. Côté géopolitique c’est pire qu’avant, le président élu des Etats-Unis affirmait qu’il allait mettre un terme à la guerre en Urkaine en 24 heures, depuis son retour on est passé de deux à trois guerres.
Et pourtant, les indices d’actions traitent au plus haut de tous les temps, tentons de comprendre pourquoi.
On le sait bien, il y a la vraie vie et puis il y a la perception de Wall Street. Il est probable que les récentes performances des indices américains d’actions, accompagnés par une volatilité au tapis, soient dus à une conviction générale que Trump repoussera le délai du 9 juillet (TACO), que l’économie reste solide et que les entreprises s’adaptent aux politiques commerciales fluctuantes. Nous parlons bien ici de convictions. Si l’on se tourne vers les indicateurs de marchés, on constate que ce sont les investisseurs privés (retail) qui ont alimenté la hausse depuis le 2 avril, or on observe désormais que les professionnels de Wall Street commencent à leur tour à suivre cette dynamique haussière. Le S&P 500 vient de terminer son meilleur trimestre depuis décembre 2023, porté notamment par les valeurs technologiques. Les stratégies systématiques augmentent leur exposition aux actions, les investisseurs institutionnels sont de retour et les prévisions de bénéfices se stabilisent. Malgré une absence d’accords commerciaux concrets et des risques persistants (guerres, inflation, emploi, incertitudes macroéconomiques), l’optimisme domine. Plusieurs experts s’étonnent du manque de réaction du marché face aux nombreuses incertitudes du moment, mais estiment qu’en l’absence de choc économique majeur ou de mauvais chiffre de l’emploi, la hausse des marchés pourrait se poursuivre.
Petite statistique au passage qui n’est en rien une prévision: depuis 10 ans le SPX est systématiquement monté en juillet.
On se penche sur la macro du moment. Lors de la conférence de la BCE à Sintra, le président de la Fed, Jerome Powell, répète qu’il faut faire preuve de patience et qu’il est prudent d’attendre et d’en savoir plus avant d’agir, même s’il prévoit des chiffres d’inflation plus élevés cet été. Interrogé sur une éventuelle baisse des taux en juillet, il précise qu’il ne ferme la porte à aucune réunion. Sur le plan économique, l’indice ISM manufacturier de juin ressort légèrement en dessous des attentes : les nouvelles commandes restent faibles, et l’indice des prix recule un peu sur un mois mais reste élevé. L’indice de l’emploi, lui, chute encore davantage en zone de contraction.
Les offres d’emploi JOLTS de mai dépassent les prévisions, mais évoluent toujours dans une fourchette assez stable, tandis que le taux d’embauche recule légèrement.
Israël accepte les conditions nécessaires à un cessez-le-feu de 60 jours à Gaza, déclare Trump sur Truth Social, ajoutant que le plan allait maintenant être présenté au Hamas.
Au menu macro-économique de ce mercredi, le taux de chômage dans la zone euro. Aux Etats-Unis, les licenciements Challenger, la variation de l'emploi ADP et les stocks de brut DOE.
Les immatriculations de voitures en France ont baissé de 6,7% en juin, les ventes de Tesla ont chuté de 10%. La Deutsche Bank confrontée à une perte de fonds propres plus importante que prévu en raison des règles de Bâle IV, selon le Financial Times. AstraZeneca songe à transférer sa cotation aux USA, selon le Times. SGS va acquérir l'américain Applied Technical Services pour 1,3 milliard de dollars. Les banques américaines relèvent dividendes et rachats d'actions après avoir passé les tests de résistance fédéraux. KKR va acquérir le producteur de poulets australien ProTen auprès d'Aware Super.
Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse hormis Hong Kong, qui est de retour et gagne 0,64%. Tokyo perd 0,56% à la cloche, Shanghai égare 0,09%, Séoul perd 0,47% et le Nifty50 abandonne 0,27%. Le future SPX progresse de 0,2% et l’Europe ouvre en progression de 0,2%.