La semaine écoulée marque une prise de contrôle quasi totale des taureaux du sud de l’île de Manhattan. Les rares ours qui s’y risquent encore sont dévorés sans merci, la première partie de 2025 touche à sa fin, le moins que l’on puisse dire est qu’on ne s’est pas ennuyé un instant. On va revoir ce qui a permis aux indices boursiers américains de se hisser au-dessus des nuages, mais d’abord ayons une pensée pour les adeptes de l’adage: «sell in May and go Away».
Le cessez-le feu conclut par l’Iran et Israël permet aux investisseurs de mettre le dossier géopolitique momentanément sous la pile de dossiers à traiter, mais surtout de se concentrer sur la Fed et sa politique monétaire, l’émergence de colombes (Waller et les autres) laisse quelque peu sceptique mais les déclarations récentes du patron Jerome Powell font comprendre au marché que le premier banquier du monde semble avoir envie de réactiver le cycle de baisses de taux, sauf que ces satanés tarifs dressent un écran de fumée fort gênant pour conduire une politique monétaire cohérente, d’où la position attentiste de la Réserve Fédérale. Mais les acteurs du marché sont désormais nettement plus confiants qu’une nouvelle coupe interviendra lors de la réunion 17 septembre (89% de probabilités selon les Fed Funds), mais aussi le 10 décembre (79%). On peut retourner le marché dans tous les sens, ergoter sur les raisons de ses mouvements, au final ce qui compte pour les actions ce sont les taux d’intérêts et donc la politique monétaire de la Fed. Alors certes, l’énième TACO (Trump Always Chickens Out) observé la semaine passée contribue à sa façon à alimenter la pression acheteuse, mais la Fed reste le phare des indices.
Tous les feux semblent donc au vert en ce qui concerne la guerre commerciale et la politique monétaire. En parallèle, le budget des Etats-Unis semble sur le point d’être voté. Il a passé la rampe du Sénat et doit désormais retourner à la Chambre des Représentants pour ratification, puis il sera envoyé sur le bureau du président, qui souhaite ardemment le promulguer ce vendredi, jour férié car le 4 juillet les Etats-Unis célèbrent leur indépendance. «On a les droits!» aurait annoncé le président, dans un vibrant hommage à Jacques Villeret. Son «Big Beautiful Bill» semble sur le point de devenir réalité, reste à espérer que ce BBB n’inspire pas les agences de notation.
Wall Street rebondit fortement dans la dernière heure de trading vendredi soir, les volumes d’échanges augmentent fortement, c’est à noter. Nouveaux records historiques à la cloche pour les indices S&P500 (SPX) et Nasdaq100 (NDX), vendredi c’est Nike qui tient la vedette, le titre décolle de 15% après ses résultats et surtout l’annonce que la firme de Beaverton revient à ses premières amours soit les performances sportives, au détriment des produits lifestyle. Une bonne nouvelle arrivant rarement seule, l’action clôture à 72,04 dollars, elle parvient à se hisser juste au-dessus de sa moyenne mobile à 200 jours à la cloche, c’est peut-être un détail pour vous mais pour de nombreux traders ça veut dire beaucoup. Les mastodontes de la tech passent une bonne journée, Tesla mise à part qui égare 0,61%. L’appétit au risque semble général, la volatilité se ratatine encore un peu plus, le VIX perd 1,6% à 16,32, techniquement il peut viser 12, ce d’autant que le momentum retrouvé et croissant des actions de la tech US semble avoir gonflé les voiles du marché pour un petit moment, c’est en tout cas ce que l’histoire boursière et Sentimentrader nous racontent.
Même constat de détente générale sur le marché obligataire avec le MOVE qui égare 1,7% vendredi à 87,93, même les acteurs du marché des bonds semblent baisser leur garde. Le rendement du 10 ans US traite à 4,26%, il semble capé par sa moyenne mobile à 200 jours (@4,31%). Dans le même registre, l’or fait les frais de l’enthousiasme général pour le risque et ignore superbement la glissade ininterrompue du billet vert. L’once de métal jaune est bien partie pour réaliser un premier mois négatif depuis bien longtemps, ceci dit si on prend un chouia de recul, par exemple six mois, on constate que la relique barbare est de loin la classe d’actifs qui performe le mieux cette année avec un retentissant +25%. Et que dire du pétrole qui se prend les pieds dans le tapis la semaine passée comme on ne l’avait plus vu depuis 2023, le baril de WTI Light Crude chute de 13%, le cessez-le-feu entre l’Iran et Israël ne lui fait pas de bien mais il faut aussi rappeler que le WTI traitait en territoire suracheté vendredi de la semaine précédente, cela s’était produit 4 fois depuis 2022, à chaque occurrence le baril avait fortement corrigé, en moyenne de 27%. À 65,37 dollars ce matin, le baril regarde sa moyenne mobile à 50 jours qui évolue à 63,75%, ensuite ce sera le tour des 60 dollars.
On file aux soins intensifs pour constater que le dollar reste sous perfusion, la paire EUR/USD traite ce matin à 1,1730, pas grand-chose ou presque ne semble en mesure de techniquement freiner l’ascension de l’euro jusqu’à 1,2000. Et que dire de la paire USD/CHF qui traite ce matin à 0,7991, si ça continue on va avoir les moyens de s’offrir les Etats-Unis (moi je veux bien la NBA)…
On se penche sur la configuration technique des indices, avec un SPX qui entre vaguement en territoire suracheté mais voit surtout une golden cross à deux ou trois jours. Le NDX a eu droit à la sienne le 23 juin, son momentum se renforce, dur dur d’envisager de shorter l’indice, même aux niveaux actuels. Le Russell2000 (RTY) tente de revenir dans la course, il termine son vendredi à 2172 points, sa 200 jours évolue deux petits points plus haut, c’est à suivre de près.
Au chapitre macro-économique, vendredi l’indice PCE core (hors alimentation et énergie) progresse de 0,2% en mai par rapport au mois précédent, un chiffre plus élevé que prévu (0,1%) et supérieur au rythme de 0,1% d’avril. Les revenu et les dépenses des ménages reculent tous deux sur un mois, alors que les économistes anticipaient une hausse de 0,3%. L’indice définitif de confiance des consommateurs de l’Université du Michigan pour juin ressort meilleur qu’attendu, avec des anticipations d’inflation à un et cinq ans légèrement en baisse par rapport à l’estimation flash. Les discours des membres de la Fed montrent toujours des divisions: Neel Kashkari (Fed de Minneapolis) prévoit deux baisses de taux cette année, la première en septembre, mais il précise que l’impact des droits de douane pourrait pousser la Fed à maintenir ses taux inchangés.
Allez! On regarde quelques-uns des tops et des flops de la semaine écoulée: Nike (+20,49%) enregistre une forte hausse, malgré une période difficile marquée par des ventes sous pression; ses annonces récentes de réorganisation après ses résultats trimestriels redonnent toutefois confiance aux marchés pour l’exercice 2026. Air France (+14,65%) bénéficie de la détente entre l’Iran et Israël, qui a provoqué en début de semaine un recul de 13% du prix du pétrole, une évolution favorable au secteur aérien. Uber (+9,25%) lance ses services de véhicules autonomes à Atlanta, en partenariat avec la filiale de voitures sans conducteur d’Alphabet ; les trajets seront effectués en Jaguar I-PACE électriques fournies par Waymo, sans coût supplémentaire pour les passagers. Worldline (-28,65%) chute lourdement après qu’une enquête baptisée «Dirty Payments», menée par le réseau de journalistes EIC, a ciblé Payone, sa filiale allemande, soupçonnée d’avoir facilité pendant des années des transactions pour des clients jugés à risque (pornographie, jeux d’argent, abonnements douteux) sans véritables contrôles anti-blanchiment. Carrefour (-7,14%) pâtit d’une note défavorable de JPMorgan, dont les analystes abaissent fortement la valorisation du distributeur français en fixant un nouvel objectif de cours à 9 euros d’ici fin 2026.
C’est un menu macro-économique frugal que celui de ce lundi, avec l’Allemagne qui publie à 14h00 la première estimation de son inflation de juin.
OpenAI se tourne vers les puces IA de Google pour alimenter ses produits aux dépens de Nvidia, selon plusieurs sources. Meta cherche à lever 29 milliards de dollars auprès de sociétés de capital-investissement pour financer des centres de données dédiés à l'IA, selon le Financial Times. Musk affirme qu'à sa connaissance, la nouvelle Model Y de Tesla est la première voiture entièrement autonome sans personne à bord ni commande à distance sur une voie publique. Trump déclare à Fox News qu'il dispose d'un groupe de personnes fortunées pour racheter TikTok.
Nouvelle rubrique en cette fin du mois de juin, qui s’intitule «je t’aime, moi non plus». Qui vous savez remet le couvert au sujet du patron de la Fed: «J'adorerais qu'il démissionne, il a fait un travail minable», affirme le président américain, avant de qualifier Jerome Powell de «stupide».
La semaine boursière sera courte, pas de Wall Street vendredi pour un jour férié, du coup le très attendu rapport mensuel sur l’emploi sera publié jeudi.
Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Tokyo avance de 0,84% à la cloche, Hong Kong rend 0,51%, Shanghai prend 0,59%, Séoul monte de 0,52% et le Nifty50 rend 0,49%. Le future SPX ne s’arrête plus et gagne 0,4%, tandis que l’Europe ouvre autour de l’équilibre.