Wall Street n’apprécie guère l’intensification du conflit entre Israël et l’Iran vendredi. On fait un pas en arrière sur les parquets de trading, le pétrole et l’or retrouvent de belles couleurs, l’or noir surtout, le dollar reste sous intense pression, on observe en parallèle un rebond des rendements des obligations d’Etat américaines, qui reculent légèrement sur la semaine ceci-dit. Côté sentiment cela aurait pu être nettement pire, le VIX (volatilité du SPX) gagne 16% vendredi, il clôture à 20,82, son alter ego obligataire le MOVE monte de 7% à 95,31, ces deux indicateurs de la peur du marché envoient le même signal: on se tend quelque peu dans les salles de marchés mais aucune panique à bord en l’état.
La géopolitique va continuer de monopoliser l’attention du marché en ce début de semaine. Mais n’oublions pas ce qui compte le plus et de loin à terme pour les acteurs de la finance: les taux d’intérêts. Et cette semaine ils vont être servis avec notamment la Fed (mercredi soir), la Banque du Japon (demain), la BNS (jeudi à 9h30), la Banque d’Angleterre (jeudi) et la Riskbank Suédoise (mercredi). Les Fed Funds n’attendent rien de la Fed cette semaine, en revanche le discours de son patron Jerome Powell sera une nouvelle fois scruté de près et décortiqué dans tous les sens. En Suisse la Banque Nationale devrait couper son taux de 25 points de base et le ramener de ce fait à zéro, le marché entrouvre la porte à 50 bps, ce qui débuterait une nouvelle ère de taux négatifs, on attend Martin Schlegel et ses collègues de pied ferme à ce sujet. La BoE devrait maintenir son taux directeur inchangé à 4,25%, en Suède une coupe de 0,25% à 2,00% semble intégrée dans les prix, alors qu’au Japon les Fed Funds prédisent 0,2% de chances d’une hausse d’un quart de point, autant dire que le taux nippon devrait être maintenu à 0,50%. La Banque Centrale Européenne n’est pas de sortie cette semaine, sa prochaine réunion est agendée au 24 juillet, le marché n’en attend pas grand-chose, Christine Lagarde a récemment été claire, point besoin en l’état de couper les taux plus avant, ce qui laisse la Fed un peu seule au milieu de cette foule de banques centrales attentistes, Jerome Powell et ses copains semblent les seuls voués à poursuivre une politique monétaire expansionniste à terme, suivez mon regard en direction d’un billet vert déjà bien mal en point.
À ce sujet, d’après le FMI, les banques centrales ont réduit leur exposition au dollar, même s’il représente encore 57% de leurs avoirs. La Chine a diminué ses investissements en bons du Trésor américains, ses actifs non-yuan ont chuté de 17% depuis début 2024, tandis que ses réserves en or ont fortement progressé. Toutefois, le yuan reste marginal à l’international (2,2% des réserves), en raison de son contrôle strict. Pékin tente toutefois de l’internationaliser via un système de paiements, des accords de swap et une version numérique. L’euro tire son épingle du jeu grâce à la politique prudente de la BCE et représente 20% des réserves mondiales. Viennent ensuite le yen (6%), la livre sterling (5%), le dollar canadien (2,8%), l’australien (2%), et les devises nordiques, dont la couronne norvégienne, qui montent en puissance avec 10%.
On observe un fort rebond de l’or noir depuis le milieu de la semaine passée. Le baril de WTI Light Crude traite ce matin à 73,46$, mercredi matin passé il évoluait à 64,60$. On l’aura compris, si le conflit entre Israël et l’Iran s’éternise, le prix du pétrole pourrait encore grimper, ce qui relancerait l’inflation et pousserait les taux d’intérêt à la hausse, sans même compter le poids croissant de la dette mondiale. La BBC évoque «une très longue nuit, avec la peur de ce qui pourrait suivre», reflétant l’inquiétude des marchés. Dans un scénario de flambée pétrolière, la Russie et les États-Unis pourraient en ressortir gagnants, tandis que l’Europe devrait se serrer la ceinture. La Chine, moins dépendante des importations de pétrole, semble relativement épargnée. Mais encore une fois, le comportement du marché de ce matin nous dit que les intervenants ne s’attendent pas à une escalade du conflit.
Personne ne sera étonné de constater que les secteurs de la cybersécurité et de la défense pètent la forme actuellement. En parallèle, l’or reste recherché, à la fois pour sa fonction de diversification et comme valeur refuge face aux tensions géopolitiques. Les banques centrales ont renforcé leurs réserves, qui dépassent désormais 1500 millions d’onces. Les États-Unis en détiennent 8133 tonnes, suivis de l’Allemagne (3351 t), l’Italie (2452 t), la France (2437 t), la Russie (2336 t) et la Chine (2280 t). L’or pèse aujourd’hui plus dans les réserves que l’euro (20%). Ce matin l’once évolue à 3414$, le record de 3500$ établi le 22 avril semble bien fragile en l’état.
On se penche au chevet technique des indices d’actions et on constate qu’une golden cross est en vue sur le Nasdaq100 (NDX), un signal positif à venir donc. En revanche le Russell2000 (RTY) semble capé par sa moyenne mobile à 200 jours, qui évolue actuellement à 2175 points. Le RTY parvient tout de même à défendre le niveau de 2100 pts vendredi, c’est à suivre. En Suisse, le SMI traverse sa 200 jours vendredi, il clôture à 12'146 pts contre la 200 dma à 12'175 pts, à suivre de près à l’approche de la décision de la BNS.
La paire EUR/USD traite à 1,1583, à court terme sa résistance se situe à 1,1631, ensuite le niveau de 1,2000 semble de moins en moins utopique, techniquement mais aussi au vu des politiques monétaires actuelles de la Fed et de la BCE.
Au menu macro-économique du jour, l'indice manufacturier Empire State sera publié à 14h30 aux Etats-Unis.
Luca de Meo quitte Renault et le monde automobile, 5 ans après avoir pris les rênes, pour se rendre chez Kering. Roche cesse le traitement de certains patients atteint de dystrophie Duchenne. Google propose de créer un podcast IA à partir des résultats d'une recherche. Le CEO de Nissan révèle que le Japonais va réduire ses parts dans Renault. Trump approuve l'acquisition de United States Steel par Nippon Steel pour 14,9 milliards de dollars.
Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse. Tokyo progresse de 1,26% à la cloche, Hong Kong avance de 0,76%, Shanghai monte de 0,35%, Séoul s’adjuge 1,8% et le Nifty50m prend 0,84%. Le future SPX rebondit de 0,5%, l’Europe ouvre en progression de 0,4%, le marché semble avoir déjà mis les tensions géopolitiques de côté.
Donald Trump l’avait appelé «le 51e Etat des Etats-Unis», pas de chance pour le grand blond, c’est au Canada que le G-7 se tient, nul doute que l’accueil réservé au président des Etats-Unis sera des plus chaleureux. En Chine les ventes au détails décollent, on a presque envie de dire: «enfin!».