BCE: réflexions pour faire face au choc commercial

David Kohl, Julius Baer

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L'incertitude quant à l'impact de tarifs douaniers plus élevés et la résilience actuelle de l'économie de la zone euro plaident en faveur d'une approche prudente.

Lors de sa réunion du jeudi 5 juin, la Banque centrale européenne (BCE) devrait à nouveau réduire ses taux de 25 points de base et ramener le taux de dépôt à 2%. Nous nous attendons à ce que la BCE reste fidèle à sa stratégie consistant à décider au fur et à mesure des réunions, en accordant une grande importance aux prévisions à venir, tout en s'abstenant de donner des indications sur la trajectoire future de la politique monétaire. Après les huit baisses de taux effectuées jusqu'à présent, le taux de dépôt de la BCE se situe désormais dans la fourchette correspondant, selon la plupart des estimations, à une orientation neutre de la politique monétaire.

De nouvelles baisses de taux ne se justifient que s'il y a suffisamment de raisons pour une politique monétaire résolument stimulante. Les risques de croissance liés au choc commercial provoqué par l'administration américaine sont une bonne raison de réduire à nouveau les taux directeurs et de compenser le risque de baisse de la croissance et de l'inflation par une politique monétaire plus souple.

Par ailleurs, la nature erratique de la politique commerciale américaine est à l’origine d’une grande incertitude, et les données économiques de la zone euro indiquent une résistance considérable, malgré ce niveau élevé d'incertitude. Il en va de même pour l'inflation, la baisse des prix ne s'étant pas encore matérialisée en raison de la réorientation substantielle vers l'Europe des importations américaines, désormais soumises à des droits de douane.

La BCE fera très probablement preuve de prudence après la baisse des taux en juin et pourrait même marquer une pause lors de sa prochaine réunion en juillet, afin de se montrer plus confiante quant à l'impact désinflationniste du choc commercial.

La mise à jour des projections macroéconomiques de la BCE sur l'inflation donnera probablement des indications sur le degré de conviction que la BCE attache à l'impact désinflationniste du choc commercial. Les prévisions de mars prévoyaient que l'inflation resterait proche de 2% en 2026. Toute révision importante à la baisse encouragerait la BCE à réduire encore considérablement ses taux.

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