Vous cherchez des revenus? Augmentez vos actions!

Cristiano Migliorini, Vontobel

2 minutes de lecture

À court terme, la volatilité des actions peut inquiéter. Mais à long terme, elle pèse peu sur les rendements.

 

Les actions européennes ont une longue tradition de distribution de dividendes, ce qui les rend aussi attractives que les obligations d’entreprises pour générer des revenus. Toutefois, ces deux sources présentent des différences notables. Pour explorer ces opportunités, nous nous appuyons sur deux indices accessibles via des instruments passifs: le MSCI EMU et le Bloomberg Core Euro Corporate Bond.

Ce choix d’indices comporte certes des limites, mais il offre un point de départ pertinent pour identifier les principaux atouts de chaque stratégie. Nous partons du principe que les investisseurs à moyen et long terme sont peu sensibles à la volatilité quotidienne. À première vue, sur plusieurs années, un revenu reste un revenu, quelle qu’en soit l’origine. Mais il est utile d’examiner comment combiner différentes sources pour obtenir des rendements plus stables.

Réévaluer les flux de revenus en Europe

Aujourd’hui, le MSCI EMU et le Bloomberg Euro Corporate Bond affichent tous deux un rendement de 3%. Mais leurs trajectoires sur la décennie 2011-2021 ont divergé. Le recul du rendement des obligations d’entreprise découle en grande partie des politiques monétaires exceptionnelles mises en œuvre pour abaisser les taux et soutenir l’économie – une stratégie connue sous le nom d’assouplissement quantitatif.

Néanmoins, à d’autres périodes, les rendements des deux indices ont convergé. Dès lors, quelle classe d’actifs privilégier pour un flux de revenus fiable? À notre sens, les deux ont leur place.

Rendements comparables, résultats variés

Entre 2006 et 2011, les deux indices offraient un rendement similaire. Toutefois, les actions étaient chères (ratio cours/bénéfice élevé) en début de période. Cette phase, marquée par la crise financière de 2008 et la crise des dettes souveraines en 2011, a été déflationniste: les obligations d’entreprise ont alors offert de meilleurs rendements totaux.

De 2012 à 2021, dans un contexte d’assouplissement quantitatif, les actions ont bénéficié d’un avantage de rendement marqué, soutenu par la politique de la BCE. Malgré un environnement globalement déflationniste, les actions ont surperformé, portées par des valorisations initiales faibles.

Depuis 2022, les rendements nominaux sont à nouveau proches, mais dans un régime inflationniste, les actions ont généré de meilleurs rendements totaux. Cette performance s’explique en partie par des rachats d’actions records en Europe. Grâce à une trésorerie solide, une bonne visibilité sur leur activité et des valorisations attractives, les entreprises ont pu allouer du capital à ces programmes. Cela pourrait continuer à soutenir les actions européennes dans les années à venir.

Les rachats restent stables récemment, avec un rendement d’environ 1% pour le MSCI EMU. Le rendement total pour l’actionnaire – dividendes + rachats – constitue une forme de revenu propre aux actions. Fait notable, un portefeuille combinant revenus d’actions européennes et obligations d’entreprise aurait affiché des performances stables à travers différents cycles, y compris en période d’inflation.

Concentration, qualité, sensibilité aux taux

Les indices actions sont plus concentrés que les indices obligataires: 233 valeurs contre 1 070. Mais cette concentration va de pair avec une qualité généralement supérieure.

Deux raisons l’expliquent. D’une part, les émetteurs obligataires ont souvent des besoins de financement plus élevés. D’autre part, les indices actions, pondérés par la capitalisation boursière, favorisent les entreprises établies, souvent plus régulières dans leur distribution de revenus.
L’analyse ESG de MSCI confirme cet écart: score de 7,8 pour le MSCI EMU contre 7,2 pour l’indice obligataire. Soit un avantage de 0,6 point en faveur des actions.

Enfin, les grandes entreprises cotées ont souvent un pouvoir de fixation des prix plus élevé, ce qui les rend moins sensibles aux taux d’intérêt. Cette capacité d’adaptation aux hausses de taux est essentielle: les revenus d’actions de qualité s’ajustent mieux aux variations de taux que ceux issus des obligations d’entreprise.

Ajouter un revenu en actions

Les actions européennes peuvent constituer une source de revenus attractive. Au vu des valorisations actuelles, elles méritent d’être intégrées dans les portefeuilles à moyen et long terme, à condition d’accepter une certaine volatilité de court terme.

Les revenus des actions sont orientés vers la qualité. Une approche active et sélective centrée sur ce critère permet de renforcer cette orientation. Cela implique une gestion plus concentrée et plus active que pour les obligations, pour lesquelles une diversification large reste préférable.

Les obligations d’entreprise, un peu moins qualitatives que les actions, apportent néanmoins une complémentarité. La combinaison des deux types de revenus – issus de moteurs économiques différents – permet de concilier concentration et diversification, d’élever la qualité globale du portefeuille et d’en réduire la sensibilité aux taux.

Intégrer les revenus des actions à un portefeuille obligataire est ainsi une stratégie pertinente, notamment dans un contexte d’évaluation favorable des actions européennes. Ces dernières années, dans un environnement inflationniste, leurs revenus ont surpassé ceux des obligations d’entreprise. Les investisseurs anticipant une inflation persistante devraient donc privilégier les actions.

À court terme, la volatilité des actions peut inquiéter. Mais à long terme, elle pèse peu sur les rendements. Mieux: elle peut devenir une opportunité. En la combinant à des stratégies d’options couvertes (covered call), il est possible d’extraire un revenu supplémentaire. Ainsi, le couple dividende + stratégie d’options renforce encore l’intérêt des actions européennes comme source de revenus stables.

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