Commentaire hebdomadaire de Raiffeisen

Jeffrey Hochegger, Raiffeisen Suisse

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La Fed a fait état de son indépendance en laissant ses taux inchangés. Toutefois, l’effet inflationniste de la politique douanière états-unienne donne du fil à retordre à la Fed. Pendant ce temps, la reprise des marchés des actions perd de son élan.

Encore et toujours Trump

Le mois de mai est le mois de la renaissance, mais cette année, le proverbe ne s’applique pas aux Bourses. En effet, la politique économique de Donald Trump continue de planer comme une épée de Damoclès sur les marchés financiers. En début de semaine, le président états-unien a annoncé de nouveaux droits de douane à hauteur de 100% sur les films produits en dehors des USA. Par ailleurs, des informations plus détaillées concernant les taxes spéciales sur les produits pharmaceutiques annoncées en avril devraient suivre d’ici à deux semaines. Cette situation, ainsi que l’élection cahoteuse de Friedrich Merz au poste de chancelier allemand, ont semé l’incertitude chez les investisseuses et investisseurs. De plus, nombre d’entre eux ne voulaient pas trop sortir du bois à l’approche de la réunion de politique monétaire de la Fed.

Des résultats d’entreprise solides

Vendredi matin, le SMI a enregistré une baisse hebdomadaire de 1,6%. Les représentants nationaux de la branche se sont trouvés sous pression en raison des droits de douane sur les produits pharmaceutiques. Zurich Insurance a connu un bon début d’année. Grâce notamment à une hausse continue des prix, le groupe d’assurance a progressé dans les affaires dommages et vie, battant ainsi les prévisions des analystes. Au premier trimestre, l’opérateur de télécommunications Swisscom a profité de l’acquisition de Vodafone Italia. Son chiffre d’affaires a bondi de 39% pour atteindre 3,76 milliards de francs, mais ses perspectives pour l’ensemble de l’année restent inchangées. Swisscom a toutefois laissé entrevoir à ses actionnaires une possible augmentation des dividendes. Geberit a également présenté des chiffres solides. En raison de volumes de vente plus élevés, le technicien sanitaire a pu augmenter son chiffre d’affaires de 4,9% par rapport à l’exercice précédent. Les coûts exceptionnels liés à la fermeture d’une usine de céramique en Allemagne ont toutefois fait baisser son bénéfice net de 1,6%. Adecco a également enregistré une baisse de ses revenus au premier trimestre. Son bénéfice a chuté de près d’un cinquième. Mais dans le même temps, la société de recrutement a gagné des parts de marché malgré le contexte économique difficile. Le groupe industriel OC Oerlikon ressent, lui aussi, les effets du ralentissement conjoncturel. Son chiffre d’affaires et ses entrées de commandes étaient en baisse. Parallèlement, l’entreprise a annoncé la vente de son activité polymères au fabricant de machines de filature Rieter, ce qui a fait bondir le cours de l’action, déjà en crise.

Des prix stables

En avril, l’inflation suisse a reculé, nettement plus que prévu, de 0,3 à 0%. La faiblesse des prix de l’énergie et l’appréciation du franc suisse ont notamment eu un effet modérateur. A notre avis, la BNS réduira son taux directeur à 0% cet été. En raison de l’affaiblissement de l’économie helvète et de la force du franc, il faudra même envisager des taux d’intérêt négatifs à moyen terme.

Taux d’intérêt stables

La Fed n’ayant pas cédé aux pressions de Donald Trump en faveur d’un assouplissement rapide de sa politique monétaire, son taux directeur est resté inchangé à 4,5% ce qui souligne l’indépendance de la Fed vis-à-vis du marché. Les autorités monétaires estiment toutefois qu’il existe un risque de nouvelle hausse de l’inflation en raison de la politique douanière états-unienne. Par ailleurs, les incertitudes conjoncturelles ont augmenté. En revanche, la Banque d’Angleterre (BoE) a profité de la baisse étonnamment forte de l’inflation en mars (+2,6%) pour abaisser son taux directeur de 25 points de base à 4,25%.

L’«Oracle d’Omaha» annonce son retrait

Cela ne fait pas moins de 60 ans que l’investisseur vedette états-unien Warren Buffett est à la tête de Berkshire Hathaway. Durant cette période, il a transformé l’ancienne entreprise textile en l’un des conglomérats d’investissement les plus prospères au monde. Mais à la fin de l’année, celui que l’on surnomme aussi l’«oracle d’Omaha», âgé de 94 ans, se retirera de son poste. Il a annoncé son intention de céder la direction opérationnelle à Greg Abel, lui laissant sans doute une réserve d’argent conséquente pour investir. En effet, en l’absence d’opportunités d’achat attractives, les liquidités de Berkshire ont récemment atteint près de 350 milliards de dollars.

Graphique de la semaine

Le prix du Brent de la mer du Nord a baissé d’un cinquième cette année. Avec environ 60 dollars le baril, il coûte actuellement aussi peu qu’au printemps 2021. La raison en est la divergence entre l’offre et la demande. Le cartel pétrolier de l’OPEP et les Etats-Unis ne cessent d’augmenter la production d’or noir. Ces derniers souhaitent ainsi atténuer son effet inflationniste. Mais dans le même temps, la demande (industrielle) fléchit clairement en raison du repli économique. Néanmoins, un plancher se dessine pour le prix du pétrole. En effet, on estime qu’à partir d’USD 50 le baril, l’extraction n’est tout simplement pas rentable pour de nombreuses entreprises états-uniennes.

GROS PLAN

Mickey défie la politique douanière de Donald

Le géant américain états-unien du divertissement Walt Disney a surpassé les attentes du marché au trimestre écoulé en termes de chiffre d’affaires, de bénéfice et de perspectives pour l’année en cours. Ses actions ont accueilli cette nouvelle avec une hausse de 10% mercredi.

LE PROGRAMME

Economie helvète

Jeudi prochain, le SECO publiera son estimation succincte de la croissance du PIB suisse au premier trimestre.

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