22 coups de couteaux…
Hier soir, Jerome Powell prononce 22 fois le mot «attendre». Autant vous dire que les bretzels avaient été retirés de toutes les pièces de la Maison-Blanche dès le matin, excellente initiative, le grand blond a du faire environ 22 syncopes, le patron de la Fed insistant de dire qu’il n’y a aucune urgence de baisser les taux un peu plus, que la guerre commerciale en cours a provoqué une divergence de politique monétaire entre les Etats-Unis et les autres pays riches, qui n’ont pour la plupart pas instaurés de droits de douanes supplémentaires, ne provoquant ainsi pas l’inflation qui ne saurait tarder aux Etats-Unis. La question de savoir si la Fed se concentre plus sur le niveau des prix ou sur la croissance est posée environ 20 fois au premier banquier du monde, qui répond invariablement qu’il n’a pas de préférence et qu’il existe désormais une hausse des risques autant du côté de l’inflation que du chômage.
Traduction en clair du message de Jerome Powell au marché: «Mes lapins, je vous adore mais vos carottes attendront, il n’y rien que je doive, veuille ou puisse faire pour vous en l’état, si ce n’est attendre, faites au mieux dans l’intervalle, j’ai grande confiance en vous».
Les Fed Funds prennent acte et décalent désormais la prochaine coupe de 25 points de base de juillet à septembre, le marché est peut-être un peu optimiste à ce sujet, l’avenir nous le dira. Il est intéressant de noter que les indices d’actions ne prennent pas vraiment ombrage de l’annonce de la Fed et terminent leur journée dans le vert, probablement obnubilés par la guerre commerciale et l’espoir croissant d’un accord imminent entre les Etats-Unis et le Royaume-Uni. On reste en l’état dans l’abstrait, mais l’espoir fait vivre, en l’occurrence il permet de ne pas baisser. La politique monétaire prend moins de place que d’habitude dans les esprits des financiers, une fois n’est pas coutume, c’est dire combien cette guerre commerciale inquiète dans les salles de marchés.
J’allais oublier ma phrase préférée du discours d’hier soir: «Ils n'ont pas besoin de mes conseils ni des nôtres sur la manière de mener une politique fiscale, pas plus que nous n'avons besoin de leurs conseils en matière de politique monétaire». Je vous laisse poser le contexte, c’était définitivement une bonne idée de retirer les bretzels de la Maison-Blanche hier.
Les principaux indices d’actions passent une journée calme, pas grand-chose à signaler si ce n’est le S&P500 équipondéré (SPW) qui surperforme légèrement le SPX, signe d’une participation plutôt globale à la hausse du jour, pendant que la volatilité se replie logiquement un chouia et que le dollar retrouve des couleurs, là encore cela se comprend, le différentiel de taux entre les Etats-Unis et la Zone Euro semble vouer à s’écarter en faveur du billet vert, la Fed ne suivra pas le rythme de baisses de la BCE. Le rendement du 10 ans US traite ce matin à 4,30%, juste au-dessus de sa moyenne mobile à 50 jours qui passe par 4,27%. La paire EUR/USD est à 1,1287, elle teste un support horizontal important (1,1276).
Le secteur des semi-conducteurs apprécie beaucoup que l'administration Trump soit apparemment sur le point de modifier les restrictions à l'export des puces instaurées par l'administration Biden pour lui substituer un système toujours contraignant mais moins strict. Nvidia gagne 3%. Toujours dans le secteur de la tech, Apple envisage de réorganiser Safari pour mettre l'accent sur les moteurs de recherche alimentés par l'IA, ce qui pourrait mettre fin à son partenariat de longue date avec Google, dont l’action n’apprécie guère l’annonce et chute de 7,5%. On notera enfin les bons résultats trimestriels de Walt Disney, qui confirme une fois de plus que son redressement est en marche, le titre décolle de 10,68% sur la seule séance d’hier. Attention au secteur américain de la santé qui risque de rester sous pression, Donald Trump pourrait rapidement relancer une mesure emblématique de son premier mandat: aligner les prix de certains médicaments couverts par Medicare sur les tarifs les plus bas pratiqués à l’étranger, selon Politico.
Donald Trump déclare qu'il n’est pas disposé à réduire préventivement les droits de douane imposés à la Chine afin de relancer les négociations avec Pékin, on en saura peut-être plus ce weekend, des discussions entre les deux parties se tiendront à Genève.
Selon Bloomberg Intelligence, une réduction des taux d'intérêt de la Banque d'Angleterre est programmée pour aujourd'hui. Les membres du comité de politique monétaire devraient abaisser leur taux d'un quart de point, à 4,25% et pourraient signaler qu'une autre baisse est probable en juin.
Adecco publie un résultat trimestriel en baisse mais voit un frémissement dans les embauches. Swisscom augmente son CA de près de 40% au premier trimestre. Microsoft remporte son recours devant la FTC concernant l'opposition au rachat d’Activision Blizzard. Apple envisage d'ajouter une fonction de recherche IA à son navigateur, selon l’agence Bloomberg, ce qui a fait chuter Alphabet. Apple qui demande par ailleurs à la cour d'appel américaine de suspendre sa décision dans l'affaire Epic Games. Gilead augmente ses investissements prévus aux Etats-Unis de 11 milliards de dollars face à la menace de droits de douane. Toyota prévoit une baisse de 21% de son bénéfice annuel pour l'exercice 2025.
Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse hormis le Nifty50 qui égare 0,05%. Tokyo monte de 0,41% à la cloche, Hong Kong prend 0,32%, Shanghai grappille 0,28% et Séoul monte de 0,22%. Le future SPX est en hausse de 0,75%, l’Europe fait de même dans les premiers échanges. L’or se replie à 3344 dollars l’once et le baril de WTI Light Crude recule à 58,27 dollars.