Pas de progrès côté inflation et une consommation timide: des chiffres officiels publiés vendredi jettent une ombre sur l’état de l’économie américaine au premier trimestre, avant que l’essentiel des nouveaux droits de douane voulus par Donald Trump ‘entrent en vigueur.
De plus en plus d’analystes s’attendent à voir l’économie de la première puissance mondiale faner alors qu’elle était florissante encore il y a quelques mois.
Depuis son retour à la Maison-Blanche en janvier, Donald Trump a dérouté marchés, entreprises et ménages en s’engageant dans une escalade sur le montant des taxes sur les produits entrant aux Etats-Unis.
Il promet une nouvelle vague à compter du 2 avril.
Les dernières données officielles n’ont pas rassuré les analystes sur la forme de l’économie, laissant présager une croissance nettement ralentie au premier trimestre.
D’un côté, pas de progrès sur l’inflation en février, selon l’indice PCE guidant la politique monétaire de la Réserve fédérale (Fed) américaine.
Le rythme de l’inflation est resté à +2,5% sur un an, dans la droite ligne des attentes des analystes.
L’inflation sous-jacente, hors prix volatils de l’alimentation et de l’énergie, s’est même légèrement accélérée, à +2,8% (contre +2,7% en janvier), d’après cet indice publié vendredi par le ministère du Commerce.
Les analystes attendaient l’indice PCE dans cet ordre de grandeur, selon le consensus publié par MarketWatch, à l’exception de l’inflation sous-jacente, plus élevée qu’anticipé.
«Extrêmement faible»
En février, une fraction des nouveaux droits de douane voulus par Donald Trump sont entrés en vigueur.
Mais ce qui inquiète surtout les analystes, c’est le niveau de la consommation, moteur de l’économie américaine.
Après un fort recul en janvier, attribué notamment à la mauvaise météo par endroits et aux mégafeux en Californie, les dépenses sont à peine reparties à la hausse en février (+0,1% sur un mois, chiffre corrigé de l’inflation).
Les revenus ont augmenté plus vite, et davantage que ce qu’attendaient les analystes, de +0,8% sur un mois.
Devant ces données, «l’économie a l’air extrêmement faible et la croissance du PIB devrait être proche de zéro sur les deux premiers mois de l’année», a estimé auprès de l’AFP Christopher Low, analyste de FHN Financial.
«Ce sont les premiers chiffres sur la consommation (pour 2025) qui reflètent effectivement une période où Donald Trump est aux manettes», a-t-il relevé.
«On essaie tous d’évaluer la manière dont ses politiques affectent l’économie et comme la consommation est extrêmement importante, un moral en berne, une nervosité accrue des ménages ont potentiellement un gros impact. Tout cela donne le ton», a-t-il déclaré.
Pour lui, si «les choses allaient déjà si mal en février, cela va s’empirer dans les prochains avec les droits de douane».
Un sondage sur la confiance des consommateurs de l’université du Michigan, mis à jour vendredi, confirme un fort déclin de cette dernière, de 28% sur un an, au plus bas depuis novembre 2022.
«Les consommateurs continuent de s’inquiéter de la possibilité de souffrir de l’évolution actuelle de la politique économique», souligne la directrice de l’enquête, Joanne Hsu, citée dans le communiqué.